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L’Indépendant N° 3200 du 13/2/2013

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Le président du PSP, PR Oumar Hammadoun Dicko sort de son silence… « L’affaire des bérets rouges est le résultat d’un pourrissement continu que tout le monde a vu venir »
Publié le mercredi 13 fevrier 2013  |  L’Indépendant


© aBamako.com par as
Conference de presse des berets rouges


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Pour le président du parti pour la solidarité et le progrès (PSP), l’ancien ministre des Maliens de l’extérieur et de l’intégration africaine, Pr Oumar Hammadoun Dicko, « Le Mali vit la crise la plus grave de son histoire contemporaine. Une crise complexe qui est le résultat d’une multitude de facteurs ». Dans cette interview exclusive qu’il nous a accordée, ce professeur émérite en relations internationales, ancien président de la commission d’organisation du Cinquantenaire analyse sans complaisance la crise politico-sécuritaire que traverse le Mali depuis plusieurs mois. Pour le Pr Oumar Hammadoun Dicko, aucun corps de l’armée ne doit prendre l’Etat en otage ; l’autorité militaire doit se soumettre définitivement à l’autorité politique. L’appui salutaire des forces françaises et africaines doit conduire le Mali à redynamiser ses relations de coopération militaire.
Oumar Hamadoun Dicko

Oumar Hamadoun Dicko

Le Mali est-il en train de s’enfoncer dans une crise qui n’en finit pas?

Depuis 50 ans, ce pays a progressivement affaibli toutes les formes d’autorité qu’il connait : l’autorité traditionnelle, familiale, l’école, l’administration, dans l’armée et dans tous les corps de la société. La situation est d’autant plus grave que la nouvelle génération a perdu tous les repères, se cherche aujourd’hui de nouveaux repères mais ne se retrouve pas.

Il nous faut donc aujourd’hui faire le bilan de tous les dysfonctionnements depuis 50 ans de chacun des régimes, depuis les indépendances. Il faudra nécessairement, après la transition, faire l’état de la nation, faire des concertations inclusives nationales qui doivent concerner toutes les forces vives du pays. C’est à ce prix que l’on pourra prendre un nouveau départ, trouver de nouveaux repères consensuels et tracer les voies d’un vouloir vivre ensemble. Ceci ne peut se faire sans devoir de vérité dans un esprit de justice, d’apaisement et de prospective.

Le Malien est encore capable parce que nous avons un potentiel et des ressources physiques et intellectuelles qui sont à même de trouver des solutions idoines aux multiples problèmes qui nous assaillent.

Comment votre parti, le PSP analyse-t-il cette crise ?

Il faut d’abord rappeler que le PSP est la plus vieille formation politique de ce pays. Ce parti a été créé le 12 février 1946. Nous célébrons ce mardi 12 février 2013, notre 67ème anniversaire. Nous sommes les héritiers de cette philosophie de tolérance, de lucidité mais aussi de rigueur et de fraternité que nous ont léguée Fily Dabo Sissoko et ses compagnons. Je dois dire que l’histoire politique récente de notre pays vient de donner raison à Fily Dabo Sissoko. Comme je le disais, il faut que les Maliens se ressaisissent maintenant après les nombreuses dérives accumulées depuis l’indépendance. Cela ne peut se faire qu’avec une large concertation dont l’objectif sera, à travers des débats francs, de ramener la paix des cœurs et des esprits pour un nouveau départ.

On parle de négociation notamment avec le MNLA. Quelle est votre analyse sur la question ?

Pour moi, il n’est pas question de négocier avec des terroristes, avec des bandits armés, avec des criminels et trafiquants de drogue. Il n’est pas question de négocier avec les fossoyeurs de la République quelle que soit leur origine, quelle que soit leur couleur. Il n’y a pas de passe droit dans ce sens. La République est une, elle est indivisible. Elle ne peut avoir un caractère régionaliste, ethnique ou religieux. Ceci dit, l’Etat malien se doit de négocier avec toutes les populations du nord, toutes tendances confondues qui sont restées dans la République, avec la République et pour la République pour trouver des réponses appropriées aux problèmes multiséculaires qui sont à la base des nombreux irrédentismes auxquels nous avons assisté bien avant aujourd’hui.

Quel commentaire faites-vous de l’opération Serval et de l’appui de la MISMA ?

Nous saluons l’intervention française et l’appui des pays africains. Nous les avons souhaités depuis très longtemps. Aujourd’hui nous pouvons dire que n’eut-été cette intervention, le Mali, dans ses fondements, aurait été sérieusement en danger. L’armée malienne a fait ce qu’elle a pu pour contenir l’avancée des jihadistes mais tout le monde aura compris que c’est la décision du président François Hollande d’intervenir promptement et massivement au Mali qui a donné un coup d’arrêt définitif à l’avancée spectaculaire des jihadistes. Nous ne pouvons que remercier la France.

L’une des conséquences qu’il faut comprendre pour l’avenir immédiat de notre vaste pays c’est que nous avons encore besoin de la France, à travers une coopération militaire renforcée, qui sera à déterminer par les nouvelles autorités après les élections. Car, dans un monde globalisé, il faut avoir des amis sûrs avec lesquels nous devons avoir des intérêts croisés et partagés.

Aujourd’hui, nous sommes entrés de plain-pied dans la guerre asymétrique. C’est une autre étape qu’il va falloir gagner. Cette nouvelle guerre ne peut être gagnée sans la cohésion au sein de nos forces armées, sans la détermination des soldats sur le terrain et sans l’appui de nos alliés français et africains.

Actualité oblige, l’affaire des bérets rouges est une épine dans le pied déjà malade du Mali…

Il est désolant d’assister à ces querelles au moment où le monde entier vient aider le Mali. Cette question aurait dû trouver des solutions depuis longtemps. Elle est le résultat d’un pourrissement continu que tout le monde a vu venir. Il faut que l’Etat assume ses responsabilités et que les règles militaires soient appliquées dans leur plénitude. Aucun corps de l’armée ne doit prendre l’Etat en otage. Bien au contraire, l’autorité militaire doit se soumettre définitivement à l’autorité politique. Il faut réorganiser, dans les meilleurs délais, la chaîne de commandement. Nous espérons qu’avec les discussions d’aujourd’hui (NDLR : lundi 11 février), une solution définitive sera trouvée par le Premier ministre et le président de la République, chef suprême des armées.

Il faut absolument et dans les meilleurs délais rétablir l’autorité de l’Etat sur toute l’étendue du territoire. Tous les maux du Mali découlent de cet affaiblissement de toutes les formes d’autorité. Il nous faut tirer des leçons du passé.

Br

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