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Déclaré partant de la primature à plusieurs reprises : – Enfin, Modibo Kéïta s’en va – Soumeylou Boubèye Maïga annoncé
Publié le dimanche 2 octobre 2016  |  Aujourd`hui
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© aBamako.com par mouhamar
Primature: La passation de pouvoirs entre le PM sortant Moussa Mara et le PM entrant, Modibo Keita
Bamako, le 09 janvier 2015. La passation de pouvoirs entre le Premier ministre sortant, Moussa Mara et le Premier ministre entrant, Modibo Keita a eu lieu ce vendredi à la Primature.  
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Partira, partira pas ? Cette question concernant le Premier ministre Modibo Keïta est revenue à plusieurs reprises pour accompagner des rumeurs de remaniement ministériel. Mais elle n’est plus d’actualité, tant son départ très prochain de la Primature est une certitude à l’heure actuelle. En effet, c’est un secret de Polichinelle que l’actuel chef du Gouvernement n’est plus dans le schéma de Koulouba, comme le laissent entendre des indiscrétions selon lesquelles l’actuel chef du Gouvernement a donné l’assurance de son départ, dès la fin de ce mois, à un membre du Cabinet du président de la République qui l’avait rencontré à cet effet.

C’est tellement vrai que Koulouba est en train de déployer une nouvelle stratégie pour amorcer le dernier virage du mandat présidentiel. Ce qui passe par la nomination d’un Premier ministre en mesure non seulement de conduire l’action gouvernementale avec plus d’efficacité, mais aussi pour apporter un plus, en termes d’action et de contenu politiques. Le remplaçant de Modibo Keïta ne pourrait, dans ces conditions, être considéré comme incolore et inodore au plan politique au vu du contexte dans lequel il doit évoluer. D’ores et déjà, Soumeylou Boubèye Maïga est cité comme l’homme de la situation.

Commé aux fonctions de Premier ministre par le Décret 0003 P-RM du 08 janvier 2015, en emplacement de Moussa Mara, Modibo Kéïta aura donc passé plus d’un an et demi à ce poste. Il a résisté à plusieurs remaniements ministériels, malgré qu’à chaque fois on le déclarait sur le départ. C’est parce que le Président IBK, pour des raisons que seul lui connaît, eu égard aussi à ses pouvoirs discrétionnaires, tenait à chaque fois à renouveler sa confiance au Premier ministre Modibo Kéïta, restant ainsi sourd aux sirènes qui en appelaient avec insistance à un changement de chef du gouvernement.

Mais il faut comprendre que pour le Président IBK, l’option d’un Premier ministre issu des rangs de la classe politique n’effleurait plus son idée. Après les déboires enregistrés suite à la nomination de Moussa Mara pris aussitôt en chasse par les cadres du parti du président de la République, le Rpm, qui réclamait à cors et à cris que ce strapontin lui revenait de droit en tant que parti majoritaire, Modibo Kéïta était donc une bonne alternative pour gérer la situation et calmer les ardeurs des uns et des autres.



C’est pourquoi personne ne pronostiquait pour lui un séjour aussi long à la Primature où on le considérait comme un missionnaire de quelques petits mois, le temps pour le Président IBK de mieux se situer sur le choix d’un Premier ministre présentant à la fois un profil administratif et politique.

Il se trouve que l’actuel président de la République, pour avoir vécu en tant que Premier ministre l’expérience de la cohabitation durant six ans, avec le Président Alpha Oumar Konaré issu de la même formation politique que lui, mesure mieux que quiconque les tenants et les aboutissants d’une telle situation. Nous n’osons pas affirmer qu’il n’en a pas tiré de bons enseignements, mais le contraire l’aurait encouragé à confier à son parti la gestion de l’action gouvernementale depuis son investiture.

Une logique qui a conduit à la nomination de Modibo Keïta

Seulement, le refus de nommer systématiquement un Premier ministre issu des rangs de son parti, le Rpm pourrait s’expliquer par une logique développée dès le lendemain de son élection à la Présidence de la République. En effet, regardant les cadres de son parti et des partis alliés les yeux dans les yeux dans le cadre d’une rencontre tenue au Centre international de conférence de Bamako (Cicb) IBK signifiait à cette assistance qu’il n’était pas élu par son parti. Une façon de rappeler la quasi-unanimité entretenue autour de sa candidature et qui lui a valu le score remarquable de plus de 77% des voix lors du second tour du scrutin. Un plébiscite que ne saurait s’arroger, à lui seul, le Rpm.

Si cette logique prévaut, l’on peut comprendre alors aisément le choix délibéré du président de la République de ne pas confier le poste de Premier ministre à un des cadres du Rpm.

Mais en nommant Moussa Mara, il s’était attiré des adversités dans son propre camp parce que le jeune Premier ministre, chef de parti politique, était déjà vu comme un dauphin potentiel. Et connaissant les antagonismes de Mara avec le parti du président de la République, le Rpm, contre lequel il a eu à mener une guerre acharnée pour le contrôle de la mairie de la Commune IV de Bamako, la base politique du Président IBK, cela sonnait donc comme une “trahison “, selon le terme employé par des barons du Rpm dans des réunions au niveau des structures de base du parti.

C’est dans ce contexte que Modibo Keïta, qui était déjà nommé par IBK, en Avril 2014, comme “Haut représentant de l’Etat pour le dialogue inclusif inter-malien”, s’est vu confier les rênes de la Primature où il a eu à séjourner auparavant sous Alpha Oumar Konaré, en 2002, après avoir été conseiller à l’Education au Secrétariat général de la présidence de la République et Ambassadeur du Mali en Allemagne, entre autres responsabilités assumées au nom de l’Etat du Mali.

Arguments pour maintenir Modibo malgré les sirènes du changement

Pour calmer les esprits retors et hostiles à sa nomination, on évoquait sa fonction précédente, notamment celle de “Haut représentant de l’Etat pour le dialogue inclusif inter-malien”, qui l’impliquait directement jusqu’à un haut niveau dans les négociations d’Alger ayant finalement abouti à la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation. Argument mis encore en avant pour, disait-on, lui laisser le temps et la possibilité de conduire la mise en application des dispositions de cet Accord. Si son maintien tenait en grande partie à cela, eh bien il aura donc échoué et doit partir.

Mais il y a mieux. Il s’agit du contexte de veille de la présidentielle de 2018 au cours de laquelle le Président IBK sera appelé à solliciter le suffrage des électeurs pour obtenir un second mandat. Avant cette échéance, IBK, accusé de gestion solitaire du pouvoir dans un contexte de crise qui nécessite l’implication de toutes les forces vives du pays, est en train de changer de cap, rectifier le tir, pendant qu’il est encore temps. C’est pourquoi, le dialogue national qu’il a engagé avec les partis politiques et les acteurs sociaux est salutaire pour contribuer à débloquer beaucoup de situations au niveau de la vie nationale.

Dans pareil contexte, le Premier ministre Modibo Keïta n’a plus de place dans le schéma et doit faire place nette. Non seulement il ne s’est pas impliqué politiquement, mais ne fait aucun effort pour soutenir le président de la République dans ce sens, notamment en essayant de s’entendre avec le regroupement des partis de la majorité qui le voient comme celui qui a pris leur place et devrait donc collaborer avec eux.

Mais il nous revient que c’est le dernier souci de l’actuel locataire de la Primature qui refuse même de répondre aux sollicitations financières de cette majorité politique pour lui permettre de mener ses activités. Ce que pourtant faisait Moussa Mara, malgré l’hostilité qu’on lui affichait.

Rappelons que le Premier ministre, en dehors du salaire dû à son rang, bénéficie de fonds spéciaux communément appelés fonds politiques et qui s’élèvent à 25 millions de francs Cfa par mois. Pourtant, le Président IBK l’a couvé en bravant même les responsables des partis de la majorité, leur répondant que si le Premier ministre refuse de leur donner de l’argent, c’est la preuve qu’il est sérieux. Apparemment, les rôles étaient renversés : à plusieurs reprises, le président de la République est allé au charbon pour défendre le Premier ministre qui n’a pourtant montré aucun signe que lui, en contrepartie, joue bien le rôle de fusible pour le chef de l’Etat.

Mais on n’en est plus là. IBK a beau défendre le Premier ministre contre les attaques, d’où qu’elles viennent, le Premier ministre doit comprendre qu’il est dépassé par les événements et le pays a vraiment besoin d’une reprise en mains. Mais c’est au moment où on s’attendait le plus au départ du Premier ministre Modibo Keïta que celui-ci s’accrochait, parvenant ainsi à survivre à plusieurs vagues de remaniements ministériels.

Modibo Keïta disqualifié par le contexte national

Seulement, avec le contexte actuel, dans lequel le Président IBK cherche à rassembler le maximum d’acteurs politiques et de la société civile autour de lui pour relever les défis, tirant les enseignements des trois années de gouvernance passées, il faut un Premier ministre en mesure d’insuffler du dynamisme à l’action gouvernementale par une approche de rupture, mais aussi être en mesure d’alimenter et d’entretenir le dialogue national enclenché.

C’est pourquoi, las d’attendre une réaction en ce sens de l’actuel Premier ministre, des signaux lui ont été envoyés avant qu’un proche du Président IBK ne se décide de lui faire comprendre la nécessité de rendre sa démission pour mettre à l’aise le président de la République qui lui a tout donné pour lui permettre d’assumer ses responsabilités comme il se doit. Mais force est de remarquer, lui fait-on comprendre, que cela ne marche pas à son niveau et son départ permettra de mieux amorcer le changement de cap. Ce message a été bien compris par l’actuel Premier ministre et il nous revient que sa démission est attendue au plus tard dans la première semaine de ce mois d’octobre.

Soumeylou Boubèye Maïga, l’homme de la situation

D’ores et déjà, on parle de la nomination prochaine de Soumeylou Boubèye Maïga (SBM) pour le remplacer à la tête de la Primature. Soumeylou est pressenti depuis plusieurs mois et nous avons eu à en parler dans les colonnes de ce journal, avant sa nomination au poste de secrétaire général de la Présidence de la République où il est en train de faire ses preuves. En effet, la touche SBM, sous-tendue par une forte expertise administrative et une très grande expérience politique, contribue beaucoup au rapprochement entre le Président IBK et la classe politique du pays. En plus, dès son installation comme secrétaire général, il a réuni tout le personnel pour annoncer les couleurs : le changement à conduire afin de rendre plus efficace l’action présidentielle.

IBK-SBM, le ticket gagnant ?

De toute façon, le compagnonnage IBK-SBM est en train de produire ses premiers effets car le président de la République est en train de rectifier certaines erreurs, notamment l’absence de communication entre lui et les forces vives du pays, en plus de l’absence d’autorité au niveau de la vie de l’Exécutif du pays.

Il nous revient qu’un énorme ballet a eu lieu en son temps au Palais de Koulouba pour dissuader le Président IBK de nommer SBM au poste de Premier ministre, dès que l’intéressé a été cité il y a quelques semaines, comme un des meilleurs premiers ministrables en remplacement de Modibo Keïta. Et des confidences de nous rassurer que le président de la République a certes pris son temps en reconduisant temporairement Modibo Keïta et amener SBM à faire le détour au Secrétariat général de la Présidence de la République, mais sa destination finale est bien la Cité administrative pour s’asseoir sur le fauteuil de Premier ministre.

Ce serait bien rendre à SBM l’ascenseur. En effet, bien que président de parti politique (Asma) il s’est engagé bien avant le premier tour à se ranger derrière IBK. Les deux hommes ont été vus partout ensemble dans le pays pour solliciter le suffrage des électeurs et pendre ensemble des engagements pour la gestion du pays. Au contraire de tous les autres chefs de partis qui ont participé au premier tour pour jauger la direction du vent avant de s’orienter avec elle vers le soutien à IBK au second tour.

A.B. NIANG

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