Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article
Politique

Paix et réconciliation au Mali : L’ambassadeur Paul Folmsbee des Etats-Unis officialise son soutien à la Cma aux dépens de Gatia
Publié le dimanche 2 octobre 2016  |  Le Reporter
Lancement
© aBamako.com par FS
Lancement officiel du site web de l`EPU
L`ambassadeur des Etats Unis au Mali et le représentant du Ministre de la Justice ont procédé le Mardi 6 Octobre 2015 au lancement officiel du site web de l`EPU à l`Hôtel Radisson. Photo: Paul A. Folmsbee, ambassadeur des Etats Unis au Mali
Comment


Nous avions longtemps pensé que le Groupe d’autodéfense touareg Imghad et alliés (Gatia), créé le 14 août 2014 pendant la crise qui a déstabilisé le Mali), ne troublait que le sommeil des mouvements de la Cma et de leurs parrains français. Mais, visiblement, ce mouvement, membre de la Plateforme, est devenu un cauchemar pour les Américains, au point de pousser l’ambassadeur des Etats-Unis à demander publiquement son isolement.

En demandant au gouvernement de rompre toutes relations avec le Gatia, Paul Folmsbee met ainsi en cause l’accord pour la paix et la réconciliation dont ce groupe est signataire à travers la Plateforme. «Le gouvernement malien doit aller au-delà de l’adoption de lois et de mise en place de commissions et se concentrer sur l’extension de son autorité sur l’ensemble du Mali». Telle est une partie de la déclaration préliminaire de l’ambassadeur des Etats-Unis au Mali, Paul Folmsbee, lors d’un point presse animé en fin de matinée du mardi 27 septembre 2016.

Si le diplomate américain avait eu la sagesse et la clairvoyance de s’en arrêter là, les Maliens l’auraient applaudi des deux mains. Mais, en convoquant des journalistes triés sur le volet pour ce point de presse, l’ambassadeur avait son idée derrière la tête : voler au secours des protégés des puissances occidentales qui ont créé la situation actuelle au Mali en tuant Kadhafi pour déstabiliser la Libye. Il ne pouvait pas donc s’empêcher de faire cette injonction à l’intention de l’exécutif malien. «Le gouvernement malien doit également mettre fin à tous liens à la fois publics et privés avec le Gatia, un groupe de milices armées qui ne contribue pas à ramener la paix dans le Nord du Mali».

Enfin donc, les masques tombent suite aux victoires militaires du Gatia sur les ennemis de la paix et de la réconciliation nationale qui ont fait de Kidal un no man’s land, compromettant ainsi ce processus pourtant soutenu par les Américains. Nous avons été surpris par cette sortie médiatique d’un diplomate qui avait réussi, dès son arrivée, à gagner le cœur des Maliens par sa sympathie, son ouverture d’esprit, mais aussi grâce à ses actions à l’égard de différentes couches, ses réactions jusque-là équilibrées et justes pour condamner les violations de l’accord pour la paix et la réconciliation.

En demandant au pouvoir de tourner le dos au Gatia, les Etats-Unis d’Amérique accusent ainsi officiellement le gouvernement malien de connivence avec une «milice armée». Et en voulant l’exclure, ils remettent aujourd’hui en question l’accord signé en mai et juin 2015, dont l’Amérique est pourtant l’un des parrains.
La Plateforme étant signataire de cet accord, comment un diplomate peut-il oser exiger du gouvernement malien de rompre toute relation avec l’une de ses composantes ? Et comment le représentant d’une grande démocratie et d’un pays respectable comme les Etats-Unis peut-il prendre à son compte «la propagande mensongère que les terroristes et leurs complices font circuler contre le Mali dans les médias occidentaux», et s’en prendre publiquement au gouvernement ?

Une prise de position claire en faveur de la Cma
La duplicité du Hcua et sa complicité avec des réseaux terroristes, dont Ançar Dine d’Iyad Ag Ghali, ont été dénoncées publiquement par la diplomatie française et la Minusma. Mais, ni la France, ni les Nations-Unies, encore moins les Etats-Unis, n’ont demandé au gouvernement de Modibo Kéïta de tourner dos à ce groupe armé dont les actions n’ont pourtant cessé d’hypothéquer le processus de paix et de réconciliation nationale. Cette exigence met ainsi à nu le parti pris des Etats-Unis d’Amérique en faveur des acteurs les moins crédibles et les moins sincères du processus de paix.

En effet, l’essentiel des violations de l’accord pour la paix est à l’actif de la Coordination des mouvements de l’Azawad (Cma). Cette coordination, malgré la signature de l’accord, interdit Kidal aux officiels du Mali. C’est ainsi qu’elle a manipulé des populations pour contrer la présence d’un ministre de la République à l’ouverture solennelle des classes dans l’Adrar des Ifoghas. Elle a procédé à la même manipulation de la population pour protester contre la présence du Premier ministre à un Forum pour la paix entièrement financé par le gouvernement. Curieusement, la médiation internationale, la France, les USA… n’ont pas protesté.

Alors, pourquoi Paul Folmsbee enfourche ses grands chevaux d’impérialiste pour exiger aujourd’hui l’isolement et le démantèlement du Gatia ? Sans doute parce que la Cma ne peut plus faire leurs affaires, alors que le Gatia n’acceptera jamais d’être leur complice dans la déstabilisation du Mali pour leurs intérêts. Gatia dérange les Occidentaux et leur mission fantoche (Minusma), parce que ce groupe, par sa puissance militaire et son aura grandissante dans le Nord du Mali, voire dans tout le pays, est une menace qui contrarie leurs intérêts économiques et géostratégiques.

Gatia, les fils d’une communauté discriminée qui défendent leurs intérêts
Les masques tombent, les mains cachées sortent de l’ombre, parce que les rapports de force ont changé en défaveur des marionnettes qui ont fragilisé la République, en favorisant l’intrusion des réseaux terroristes et narcotrafiquants. Excellence Monsieur l’ambassadeur, si le Gatia est une milice armée, que représentent alors à vos yeux le Hcua et le Mnla ?
Le Groupe autodéfense touareg Imghad et alliés en est arrivé à la situation actuelle, parce que vos protégés ne leur ont pas laissé d’autres choix que de se défendre pour ne pas disparaître en tant que communauté. Une frange non négligeable de la population de Kidal qui a aussi un droit de regard sur la gestion de Kidal, voire de la région de l’Adrar. Nous nous souvenons que le Gatia est entré à Kidal sans aucune intention belliqueuse.

Ce qui s’est d’ailleurs soldé par un gentleman agrément pour la gouvernance de la ville. Mais, certains alliés de la Cma ne pouvaient s’accommoder de cette présence qui est une menace pour leur business dans le Nord du Mali. Et brusquement, la Cma monte sur ses grands chevaux en exigeant que le Gatia quitte Kidal. Ses leaders ne sont pas pourtant plus Kidalois que ceux de cette composante de la Plateforme.

La France et la Minusma ont fermé les yeux sur les armements et les mercenaires venus d’Algérie, de Mauritanie et de Libye pour renforcer la Cma en vue de la bataille de Kidal qui a finalement éclaté en juillet dernier. Malheureusement, comme à Anéfis et à Tabankort, les protégés de Fahad Ag Almahmoud ont encore pris le dessus sur une coalition de rebelles, de terroristes et de mercenaires.

Un revers qui a ramené la Minusma à se rappeler soudainement de la sécurité des civils pour s’interposer et contraindre les troupes de Gatia à quitter la ville. Si celles-ci ont respecté la zone neutre (???), leurs adversaires la franchissent sûrs de leur soutien. Que restait-il alors au Gatia ? Se défendre naturellement ! C’est ce que l’ambassadeur des Etats-Unis au Mali lui reproche aujourd’hui. Minimiser le rôle de ce groupe dans le processus de paix et son aura au niveau de l’opinion nationale est une erreur diplomatique que Paul Folmsbee risque de longtemps regretter.

Les Maliens sont acquis à la cause du Gatia
Déjà, les protestations sur les réseaux sociaux prouvent que la majorité des Maliens ne partagent par le point de vue du diplomate qui est en train de prendre fait et cause pour la Cma aux dépens de la Plateforme. «Pour nous autres, Maliens, réellement soucieux de la paix dans notre pays et convaincus que cela n’est pas possible tant que Kidal restera un no man’s land, Gatia est un mouvement loyaliste opposé à l’indépendance ou à l’autonomie du Nord du Mali.

Voilà pourquoi nous soutenons son combat et nous veillons à ce que le gouvernement adopte la même attitude. Nous croyons à la sincérité de la déclaration du Secrétaire général du groupe de Fahad Ag Almahmoud, quand il déclarait le jour de l’officialisation de la création de son organisation : ‘’les intérêts de notre communauté dans le Nord du Mali sont notamment contre le Mnla. Nous sommes pour le processus de paix, nous reconnaissons l’intégrité territoriale du Mali et nous ne réclamons pas d’autonomie. Nous voulons travailler avec le gouvernement malien pour amener la stabilité du pays», explique un membre influent du Gatia.

C’est pourquoi, pour signifier leur adhésion aux idéaux de la Plateforme, la branche de la Cma à Ber (Tombouctou) a décidé de la rejoindre, refusant ainsi de continuer à se laisser embarquer dans «des aventures guerrières injustifiées ou pour des raisons inavouées», mais cautionnées par les Etats-Unis, la France, la Munisma...
C’était le 27 septembre 2016, pratiquement au même moment que le point de presse de l’ambassadeur des Etats-Unis au Mali. Par la voix de Sidi Mohamed Ould Mohamed, cette branche ne veut plus que les «populations continuent d’être instrumentalisées pour des marches contre la République et conduites dans des conflits fratricides».

Certes, en acceptant de négocier avec les mouvements armés sous la pression d’une supposée médiation internationale, le pouvoir a accepté l’ingérence de ses «amis» dans la résolution cette crise imposée au pays, de l’extérieur. Mais, cette ingérence a ses limites que l’ambassadeur des USA dans notre pays a franchies, sans se préoccuper de l’embarras dans lequel il met le pouvoir malien. Les observateurs attendent une riposte du gouvernement à cette attaque frontale des Américains.

Les autorités maliennes sauront-elles, pour une fois, surmonter leur frilosité pour remettre un «partenaire stratégique» à sa place ? C’est ce que le peuple malien attend maintenant d’Ibrahim Boubacar Kéita et de son équipe gouvernementale ! Mais, hélas, rien n’est moins sûr !

Dan FONDIO
Commentaires

Titrologie



Le Reporter N° 87 du

Abonnez vous aux journaux  -  Voir la Titrologie
Sondage
Nous suivre
Nos réseaux sociaux

Comment