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Le Républicain N° 4565 du 15/2/2013

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L’Etat fragile en Afrique / Le périple décourageant de Kabiné Komara
Publié le lundi 18 fevrier 2013  |  Le Républicain




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Plutôt que de rentrer dans un développement académique, je vous invite à suivre un de mes amis et moi-même dans un voyage imaginaire juste avant de me rendre a Bamako.
Mon voyage imaginaire commence sur la région sud de Madagascar, sur la cote Nord Est, dans la région de Sava. J’y trouve des populations désemparées parce que de crapuleux voleurs de bétail leur ont subtilisé des animaux avec la complicité des forces de l’ordre ;des trafiquants étrangers avec la complicité des autorités administratives tapis dans la capitale dévaste le foret de bois de Rose

On me téléphone de la capitale Antanarivo pour me dire que la tension y est à son comble car l’avion de l’ex-président Marc Ravalomana vient d’être interdit d’y atterrir.
Je décide alors de me rendre au royaume de Swaziland où je tombe sur une cérémonie fastueuse de mariage au cours de laquelle le jeune roi Mswati 3 convole avec sa septième épouse ; cérémonie qui engloutie une bonne partie du budget du pays pendant que plus de la moitie de la population vit dans le dénuement.

Je traverse la frontière pour me rendre en Afrique du Sud dans la région de Marikana. On m’ apprend que 34 ouvriers ont été tués dans un clash avec la police lors d’un mouvement de grève déclenché par les travailleurs d’une mine.
Je rebrousse chemin pour aller vers le Mozambique où je découvre avec angoisse des milliers de personnes surprises par le débordement du fleuve Limpopo et qui attendent désespérément d’être secourues par les services de la protection civile de leur pays.
Pendant ce temps, du Caire, je reçois un coup de téléphone de mon ami m’annonçant que des manifestants survoltés venaient de mettre le feu au palais présidentiel et que l’opposition radicale demande la démission du président qui venait d’être élu il y’a moins d’un an . Il me dit ne plus vouloir repartir vers l’ouest en Libye d’où lui parviennent des nouvelles suivant lesquelles que des milices sont entrain de s’entretuées à Mistrata et ailleurs dans le pays sous les yeux impuissants du gouvernement central.
Il tombe à Tunis où il découvre une ville survoltée car un opposant venait d’être assassiné par balle et que le gouvernement était au bord de l’implosion.
Il me dit ne pas vouloir aller au Soudan, ni au Soudan du Sud car la télévision passait en boucle une horde de refugiés désemparés par le conflit fratricide qui oppose ces deux pays à propos du champ pétrolifère d’Heglig.
Je le laisse choisir ou aller par la suite. Pour ma part, je me dirige vers Kinshasa en RDC ; j’y trouve deux présidents, l’un dit élu et l’autre autoproclamé.
Je décide d’aller vers l’est du pays où je tombe sur des colonnes de population fuyant les combats entre rebelles et armée gouvernementale , pendant que ,comme si de rien n’était ,des miliciens armés jusqu’aux dents, soutenus par la haute hiérarchie militaire encadraient en toute impunité l’exploitation du coltin et du cuivre par des clandestins échappant à tout contrôle.
Je remonte en République Centrafricaine où je croise des colonnes de rebelles lourdement armés qui se disent frustrés que le gouvernement n’ait pas honoré ses engagements antérieurs et qui menacent de prendre la capitale Bangui protégée par les troupes de la CEMAC.
On me dit que la situation est pire en Somalie où une réunion du gouvernement intérimaire vient d’être endeuillée par les miliciens Chebab qui sont en plus entrain d’harceler le Kenya voisin ;lui-même agité par une nouvelle fièvre présidentielle malgré les mille cinq cent (1500) morts de la précédente campagne présidentielle. Je change de cap pour me rendre au Togo, j’y rencontre une opposition fortement remontée et arguant que sa marche pacifique vient d’être dispersée manu-militari par la police qui de surcroit vient de mettre son leader sous les verrous.
Dans mon hésitation quelqu’un me déconseille d’aller au Niger au motif que la succession de la sècheresse et l’inondation vient de placer plus d’un million de personnes dans une situation d’insécurité alimentaire aigüe.
Sur ce, je décide de traverser le Ghana pour la Cote d’Ivoire. A la frontière, j’évite de justesse de prendre un balle perdue consécutivement a une attaque d’assaillants venus du Ghana. Peu après, je reçois un appel de mon ami, son récit est aussi éloquent.
Il a préféré passer par la Mauritanie où il a appris que le Chef de l’état a été blessé par un tir ami et qu’il a été évacué sur Paris ; suite à quoi, l’opposition politique a réclamé la proclamation de la vacance du pouvoir.

Il a continué sur le Sénégal et a été témoin dans le sud mauritanien d’une violente bagarre entre agriculteurs et éleveurs pour cause de destruction des cultures par le bétail en transhumance pendant qu’une femme en état de travail était portée sur une charrette vers un centre de santé assez lointain.
Au Sénégal, il apprend que le gouvernement a lancé une campagne de récupération des biens mal acquis et que le procès de l’ancien président tchadien Hissène Habré était sur le point de commencer.
Par la suite, il décide de se rendre en Guinée-Bissau par la Casamance où il fut témoin d’un guet-apens perpétré par les rebelles du MDC (Mouvement Démocratique de Casamance).
Il traverse la frontière et rejoint Bissau, capitale de la Guinee Bissau. A l’hôtel où il loge, un investisseur étranger lui raconte que des barons de drogue venaient de le déposséder de son permis minier au motif que la zone concernée est le lieu de débarquement de leurs cargaisons de cocaïne venant de l’Amérique Latine. Il dit n’avoir que ses yeux pour pleurer car le chef de l’armée auquel il est venu se plaindre lui a conseille poliment de quitter le pays s’il voulait avoir la vie sauve.
C’est alors mon ami débarque à Conakry en Guinée d’où il apprend que les partis de l’opposition ont décliné une invitation de rencontre lancée par le gouvernement après qu’ils aient décidé d’occuper la rue pour pouvoir arracher des concessions au sujet du processus électoral.

Quand à moi je traverse la Cote d’Ivoire sans aller au Burkina-Faso dont on me dit que le débat sur le changement de la constitution pour prolonger le mandat présidentiel fait rage suite à la dernière élection législative qui a permis au parti au pouvoir de conserver sa majorité.
Je décide alors de passer au Liberia. A la frontière, je suis surpris par des milices qui sont venues ensanglanter la ville de Douékoué en territoire ivoirien pour se replier par la suite au Liberia avec leur butin.

Et le Mali dans tout çà ?
Je téléphone à mon ami s’il peut m’y rejoindre .Il décline poliment mon invitation pour avoir appris ce que chacun d’entre nous sait sur ce qui s’y passe depuis plus d’un an et qui vient de prendre une nouvelle tournure.
Ne pouvant pas ne pas honorer les engagements que j’ai pris, je me décide moi à y aller malgré les alertes alarmantes de certaines chancelleries.

Kabiné Komara Ancien Premier ministre de Guinée

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