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Après le nord : l’équation du pouvoir à Bamako
Publié le jeudi 21 fevrier 2013  |  L’aube


© Autre presse par DR
Le Premier Ministre Django Cissoko et le président de la transition, Dioncounda Traoré


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Après la libération des régions du nord, se pose le problème de la stabilisation des institutions, et de l’organisation des élections. Cependant, Dioncounda Traoré président de la République par intérim, a-t-il les mains libres pour conduire le processus ? Pourquoi le président Traoré a du mal à s’assumer et à assumer la plénitude du pouvoir conformément aux vœux exprimés dans ce sens à l’intérieur et à l’extérieur ? Qui détient la réalité du pouvoir à Bamako ? Autant de questions posées actuellement au sein de l’opinion, après l’euphorie des opérations militaires au nord.

L’opinion est unanime à reconnaitre un fait : le plus difficile n’est plus au nord, mais à Bamako. La stabilisation et le renforcement des institutions et l’organisation des élections (présidentielle et législatives) demeurent les deux challenges à réussir pour une sortie définitive de la crise. Cependant, à Bamako, de nombreux obstacles sont posés çà et là dans le seul but d’entraver le processus en cours. Et certaines « forces occultes » ne sont pas prêtes à (facilement) lâcher prise. Ces forces se sont emparées des leviers de l’Etat depuis mars 2012. Une éventuelle sortie de crise est synonyme de perte du pouvoir pour ces maîtres des lieux, ainsi que les différents clans implantés à Bamako depuis le début de la crise.
En effet, en dix mois, des châteaux et autres villas ont poussé à Bamako comme des champignons alors que le pays est plongé au fond du gouffre. Le procureur de la République et le bureau du vérificateur général seront-ils saisis pour ouvrir des enquêtes au sujet de certains évènements récents à Bamako ? Ce n’est pas évident. Et malgré les dernières évolutions de la situation sécuritaire au nord, le flou subsiste à Bamako où le contexte politique et sécuritaire est loin d’être clarifié. Dans un tel contexte que peut Dioncounda ? Pas grand-chose. Cela pour deux raisons majeures.

Premièrement, la nature de l’homme l’expose en cette période de crise. Dioncounda n’a jamais été un homme de décision, mais un homme de compromis. S’y ajoute le fait que le président de la République qu’il est n’a jamais eu les coudées franches, ni la plénitude du pouvoir, malgré l’implication de la Cedeao et de la communauté internationale en vue d’un retour à la vie constitutionnelle à Bamako.
En effet, alors qu’à l’intérieur, les putschistes, après leur « retrait », ont voulu placer un Premier ministre de « pleins pouvoirs » qui était, en fait, leur homme, Dioncounda Traoré était là pour embellir le décor. Et, il fut maintenu surtout grâce aux pressions extérieures. Cependant, le pouvoir, lui, était plutôt ailleurs. Pas entre les mains du président de la transition. La preuve.
Dans les trois gouvernements successifs de la transition, y compris l’actuel, Dioncounda Traoré n’a (hormis les affaires étrangères) nommé aucun ministre dans les départements clés, qui relèvent de la souveraineté du président de la République. Il s’agit des ministères de la défense ; de la sécurité ; des affaires étrangères ; et des finances. Mais dès le premier gouvernement issu du coup d’Etat, tous ces départements furent occupés par des hommes issus de la junte ou proches du Kati. Au fil de la crise et de l’évolution de la situation, l’ex junte a continué à renforcer sa mainmise sur d’autres ministères, notamment, ceux en charge de l’équipement et des transports, et l’administration territoriale.
Aujourd’hui, ce sont au total une douzaine de ministères qui sont contrôlés par les militaires et leurs alliés. S’y ajoutent des départements ministériels qui ont été confiés à des partis politiques et autres associations pro-putschistes. L’ensemble de ces départements échappent au contrôle du président de la République.
Même constat pour l’administration. Après le coup d’Etat, ce fut une véritable course pour occuper les postes juteux. Ces postes font l’objet de convoitise de la part de ceux-là qui pensent que l’heure est au partage du gâteau. Le cas le plus flagrant vient du ministère de l’équipement. Ce département était l’un des départements phares sous l’ancien régime. Il était chargé de l’exécution de plusieurs projets dans le cadre du Programme de développement économique et social (Pdes) du président Amadou Toumani Touré. Donc, il fallait faire main basse sur cette « vache laitière ». C’est tout naturellement que ce ministère fut confié à un colonel, proche du capitaine putschiste.
Tout comme les ministères, des services rattachés, censés juteux, voire succulents sont également mis sous l’éteignoir.

Mais ce ne sont pas seulement les ministères et autres services stratégiques de l’état qui échappent actuellement au contrôle du président Dioncounda. Il y a aussi et surtout toute la chaîne de commandement de l’armée et des services de sécurité. A ce niveau, la mainmise des ex putschistes sur l’appareil sécuritaire du pays ne fait l’objet d’aucun doute. Si bien que Dioncounda passe pour un président aux mains complètement…vides.
La libération des régions du nord et l’organisation des élections : ce sont là les deux principales missions assignées aux autorités de la transition. Et la communauté internationale s’est mobilisée autour du Mali pour l’aider à sortir de la grave crise politique et sécuritaire consécutive au coup d’Etat de mars 2012.
La reconquête des régions du nord est arrivée sous la forme d’un miracle, suite à l’attaque de Konna le 10 janvier dernier. Dès lors, tout est allé vite, grâce à l’engagement du président François Hollande.
Aujourd’hui, ce n’est peut être pas la fin de la guerre de libération, mais beaucoup a été fait dans ce sens. Sur le terrain, les forces françaises et celles des pays africains regroupées au sein de la Misma et l’armée malienne, continuent à traquer les groupes terroristes. Ceux-ci se sont retranchés dans les grottes des régions de Gao et de Kidal. Où ils se sont refugiés au sein des populations. « Beaucoup de terroristes sont toujours cachés dans les localités. Souvent, la faim les pousse à sortir de leur cachette. Alors, nous les appréhendons… », nous confie un officier de l’armée malienne, présent à Gao.


Armée-Service de sécurité : L’heure des clarifications

Tous les observateurs sont unanimes : pour que Dioncounda Traoré puisse exercer la plénitude du pouvoir et se consacrer aux tâches importantes de la transition, il lui faut, entre autres, le contrôle de la chaîne de commandement de l’armée et des services de sécurité. Or, tel n’est pas le cas. C’est pourquoi, certains Maliens dont de hauts responsables, ont espéré que les partenaires du Mali, dont la France et la Cedeao, engagés dans la libération des régions du nord, puissent également aider à l’assainissement de la situation politique et sécuritaire au sud, précisément à Bamako.

A ce sujet, un leader politique nous confie : «Sans l’implication de l’extérieur, nous ne pourrions nous entendre sur rien. Vous allez vous en rendre compte dans les jours à venir. L’intervention française avait tellement fait peur ici-même à Bamako, que certains ont même failli quitter le pays. Maintenant, ils ont l’assurance que rien ne peut leur arriver. Or, ils prennent les institutions et le pays en otage. Rares sont ceux qui auront le courage de le dire publiquement, mais la majorité de la classe politique malienne aurait voulu que les Français s’engagent à assainir à Bamako, comme ils sont entrain de le faire au nord avec les terroristes». Seulement, voilà, il semble que les Français ne veulent nullement se mêler des affaires politiques de Bamako. Ils souhaiteraient limiter leur intervention au nord. A ce niveau, le contrat est largement rempli.
Or, pour ce qui est de la situation politique à Bamako, beaucoup de zones d’ombre subsistent. Car, les institutions de la République sont toujours sous la botte de militaires, dont certains semblent hostiles à tout « commandement » civil. Or, il est impératif que le président Dioncounda, en sa qualité de chef suprême des armées, s’assume. A défaut, ce sont d’autres qui continuent à exercer le pouvoir à Bamako. Et certains évènements récents ont apporté la preuve que le capitaine putschiste et ses ouailles continuent de roder justement autour du pouvoir à Bamako. Alors quel crédit donné au discours (oh combien pathétique !) de cet homme, lors de son intronisation à la présidence du comité dit des réformes de l’armée ?
Aussi, le Mali, avant le début du processus politique aboutissant à l’organisation des élections générales, doit procéder à des clarifications dans beaucoup de domaines, y compris au sein de l’armée et des forces de sécurité. Il y va de la stabilité des futures institutions de la République.
CH. Sylla

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