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« Réajustement » des tarifs eau et électricité : L’électrochoc
Publié le samedi 23 fevrier 2013  |  Le 26 Mars




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Après le gaz et les hydrocarbures, c’est le tour des tarifs d’eau et d’électricité de subir un « ajustement structurel » des prix. Ainsi en a décidé les pouvoirs publics après une décennie de gèle.
Le dos de l’Etat s’est enfin affaissé sous le poids des subventions.
La nouvelle, qui n’a pas semblé surprendre les usagers, a été rendue publique la semaine dernière par le président de la Commission de régulation d’eau et d’électricité (CREE), Moctar Touré, à la faveur d’une conférence de presse qu’il a animée au siège de l’Institution à Badalabougou. Elle fait suite à une communication verbale présentée par le ministre de l’Energie et de l’eau, Maka Tounkara devant le Conseil des ministres le 6 février dernier.
Il ressort de la communication : « la Société EDM-SA, opérateur principal du secteur de l’électricité du Mali traverse des difficultés structurelles et conjoncturelles marquées par la forte croissance de la demande, la hausse de la part thermique dans la structure de production, la hausse sans précédent du prix des combustibles, l’inadéquation entre les tarifs de vente d’électricité et les coûts de revient. Pour sortir la Société EDM-SA du déficit structurel et chronique, il devient nécessaire de procéder à un réajustement tarifaire. Ainsi sur la base des résultats des simulations effectuées par la CREE, il est retenu une augmentation tarifaire graduelle de l’électricité et un réaménagement de la grille des tarifs d’eau potable. ». Cela dit, depuis jeudi dernier, la mesure a déjà dépassé le stade d’une simple information. Elle est déjà désormais un acte administratif pris par les Conseils d’administration des deux entreprises, soutenues par la CREE.
Pourtant, il y a environ une décennie, c’est la CREE, qui s’était opposée à toute augmentation. Elle avait conseillé en son temps le gouvernement d’Amadou Toumani Touré, de geler les augmentations de tarifs alors proposés à la hausse dans le cahier de charge soumis et accepté par des repreneurs en concession.
Mieux, elle a même encouragé le gouvernement à aller vers une baisse des tarifs d’eau et d’électricité.
Bien entendu, un Chef de l’Etat qui avait souci de sa réélection ne pouvait que recevoir la mesure à bras le corps. Or, dans les clauses de la concession, la révision des tarifs faisait partie des conditions posées par le partenaire stratégique, le groupe franco-canadien Saur international, qui s’était engagé à remettre l’entreprise sur les « fils ».
Le plan de relance prévoyait ainsi un calendrier d’augmentation des tarifs sur une période de cinq ans au bout de laquelle la société (EDM-SA) atteindra à nouveau l’équilibre des comptes. Ce qui lui permettrait de réaliser d’importants investissements en vue de renouveler les installations de l’entreprise et à terme, sortir l’entreprise de la dépendance vis-à-vis des subventions publiques en appliquant la réalité des prix.
Dans le schéma proposé à l’époque par les repreneurs, il était prévu plus tard des ajustements à la baisse des prix au bout d’un certain temps en fonction du coût de la vie. En outre, les repreneurs comptaient lever des fonds sur le marché financier pour réaliser les nouveaux chantiers de rénovation qu’ils s’apprêtaient à lancer, courant 2004 et 2005.
Autre temps, autres mœurs ?
Mais devant la pression politique de l’époque, ils ont dû renoncer au projet et se sont même retires de la société.
L’Etat du Mali, principal actionnaire de la société avait crû pouvoir se tirer d’affaire avec son partenaire minoritaire (le Groupe Aga Kan). Hélas, c’était sans compter avec le mouvement du marché international des hydrocarbures.
Depuis, près qu’une décennie, les prix des hydrocarbures sont devenus insaisissables.
Conséquence : l’entreprise ne fait que subir des pertes.
La crise politique et institutionnelle qui s’est mue en crise économique et qui s’est invitée dans la situation n’a fait qu’empirer les choses.
Le retrait des partenaires techniques et financiers a creusé le déficit public obligeant l’Etat à revoir tous les chapitres du budget, notamment ceux consacrés aux subventions publiques.
La rénovation des installations alors négligée par les gouvernants, qui manquaient de réalisme économique, constitue à ce jour la vraie plaie de l’entreprise et qui est à l’origine des ajustements actuels.
Selon le ministre de l’énergie et de l’eau, Makan Tounkara, « le processus d’interconnexion avec la Côte d’Ivoire est presque terminé, mais de nouvelles contraintes ont apparu ».
Il s’agit de l’incapacité de nos installations à supporter les charges envoyées par la source en Côte d’Ivoire.
Selon les techniciens, nos installations actuelles ne peuvent supporter ni mêmes les charges minimales mises en ligne. Il faut donc rénover toutes nos installations.
N’est-ce pas un nouveau souci financier pour les Pouvoirs publics ?
Les ajustements ainsi proposés visent donc à mettre en phase les coûts actuels de l’eau et de l’électricité au Mali avec la réalité économique afin de soulager non seulement le Trésor public, mais surtout les caisses des deux entreprises. Car, les gaps de trésoreries ont jusque-là été financés par les contribuables sur des ressources publiques afin d’établir l’équilibre des comptes des deux entreprises.
Selon Moctar Touré de la CREE, en dépit des dizaines de milliards de FCFA que l’Etat injecte dans le secteur les deux sociétés sont dans l’agonie, surtout EDM-SA qui vit presque dans une situation de cessation paiement.
Elle doit en effet à ses fournisseurs près de 40 milliards de FCFA et dans le court terme, elle doit honorer des engagements auprès de certaines banques de la place pour un montant d’environ 30 milliards de FCFA.
Le dépérissement de la trésorerie de l’entreprise résulterait des charges croissantes des combustibles destinées à approvisionner les centrales thermiques.
Les factures énergétiques sont ainsi passées de 8,4 milliards de FCFA en 2003 à près de 65 milliards de FCFA en 2011.
En perte de crédibilité auprès des partenaires ces derniers mois, EDM-SA est obligée d’acheter cash ses fournisseurs pour se faire approvisionner en hydrocarbures.
A ce stade de difficulté, nul doute que l’entreprise marchait droit au mur.
Les machines risqueraient de s’arrêter un jour, si l’Etat restait insensible au cri de détresse.
La mesure, qui prend effet a compter de la fin de ce mois de février, vise à terme à mettre à flot les comptes d’EDM-SA et de la SOMAGEP-SA pour leur permettre de faire face à l’instabilité des prix des hydrocarbures sur le marché mondial, desserrer un peu l’étau autour des ressources publiques injectées dans le secteur sous forme de subvention et maintenir les services publics de l’eau et de l’électricité au profit des usagers. Bien entendu, les mesures peuvent entraîner des grincements de dents. Car, par ces temps, il n’est pas du tout aisé de demander à des usagers qui sont déjà à bout de souffle de supporter, des charges supplémentaires.
D’où le maintien des tarifs réservés à la tranche dite sociale. Ce sont des abonnés de premier niveau. Ils concernent les consommateurs abonnés aux compteurs 2 fils de 5 ampères dont la consommation est comprise entre 0 et 50 KWH. Cette catégorie de consommateurs ne subira pas de changement dans les tarifs appliqués.
L’augmentation concerne les consommations supérieures à 50 KWH.
Ainsi, pour la seconde tranche du tarif social, c’est-à-dire les consommations comprises entre 51 et 100 KWH, l’augmentation est de 3 %.
Les abonnements dits normaux (branchement de 10 ampères avec une consommation de 0 à 200 KWH) augmentent de 3 % également, tandis que la seconde tranche (plus de 200 KWH) augmente de 5 %.
Les charges de location et entretien de compteur restent inchangées. Les tarifs dits « industriels » ainsi que l’éclairage public vont augmenter de 7%.
A noter que, le changement est plus ou moins sensible concernant l’eau. La tranche sociale, dont le plafonnement allait jusqu’à 20 m3, baissera à 10 m3. Quant au tarif, il restera inchangé soit 113 FCFA le mètre cube. L’objectif est d’inciter les usagers à adopter un comportement citoyen en évitant le gaspillage.

Moussa Diarra

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