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Entre nous : La corruption au Mali
Publié le vendredi 16 decembre 2016  |  Le challenger
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Le 9 décembre est célébrée à travers le monde comme la Journée Mondiale de Lutte contre la Corruption. L’Organisation des Nations-Unies (ONU) qualifie la corruption de crime qui « sape les institutions démocratiques, ralentit le développement économique et contribue à l’instabilité gouvernementale ». Interrogé par notre confrère ‘’JournalduMali’’, le jeune rappeur Master Soumi, de son vrai nom Soumaïla Doucouré, estime que cette célébration est un non-événement au Mali. « Il y a une mauvaise volonté des gouvernants et des gouvernés à lutter contre ce fléau dans notre pays. Au Mali, lorsqu’on parle de lutte contre la corruption, c’est seulement dans les discours mais jamais dans les faits parce que les vrais voleurs de la République sont dans les bureaux. Ils volent les deniers publics et se les partagent avec ceux censés appliquer la loi. A titre d’illustration, nos prisons ne sont remplies que de petits voleurs. Les grands voleurs continuent leurs sales besognes sans être inquiétés car ils savent comment faire taire la justice. Une justice corrompue, taillée sur mesure », ajoute le jeune rappeur connu pour ses sorties très critiques contre l’élite dirigeante.

Le député français du Cher de la première circonscription Yves Fromion (LR), de retour d’une mission au Mali au compte de la Commission des Affaires Européennes déclare : « L’Union Européenne a développé un dispositif baptisé EUCAP visant à reconstituer les capacités de l’État malien par des formations autour de l’appareil administratif. Ce qui n’est pas toujours simple car la corruption règne en maître au Mali. Vous passez le poste frontière à l’aéroport avec un billet à la main ! ».



Au Mali, malgré la présence de nombreuses structures pour lutter contre la corruption et la délinquance financière, le fléau ne baisse pas d’intensité et continue de gangréner tous les secteurs de la vie publique. Difficile d’évaluer les méfaits de ce crime même si les chiffres rendus publics chaque année par le Bureau du Vérificateur général donnent une petite idée du coût de la corruption. Sous le couvert du ‘’prix de cola’’, des pratiques mafieuses et détestables ont pris corps. Maintenant, on ne réclame plus le prix de cola mais plutôt celui des bœufs.

Face à l’élite dirigeante corrompue, le peuple semble se complaire dans une résignation totale, synonyme de lâcheté et de complicité. Tout cela sur fond de grande cupidité. On court derrière des cadres voleurs qui puisent dans les caisses publiques pour se donner une certaine image. Il suffit de voir le train de vie de certains fonctionnaires de l’Etat. Rares sont ceux qui vivent avec leurs propres moyens. Dans ce pays où l’honnêteté et la droiture étaient des valeurs cardinales, les cadres intègres et rigoureux sont les plus détestés pour la simple raison qu’ils refusent de prendre l’argent public et constituent des obstacles pour les autres. On ne peut pas lutter contre la corruption tant que les leaders politiques se battent pour obtenir des postes ministériels et administratifs afin d’entretenir leurs bases politiques. Des campagnes électorales sont financées par des opérateurs économiques en échange de l’octroi du monopole de tel ou tel marché de l’Etat. Il est impossible d’engager une lutte contre la corruption tant que les marchés publics sont attribués aux opérateurs économiques sur des bases partisanes. Il n’est pas facile de s’attaquer à la corruption dans un pays où les citoyens ont pris la mauvaise habitude de courir derrière les détenteurs d’une parcelle d’autorité à la recherche du prix de condiments ou de frais d’ordonnances.

Pour lutter contre la corruption, chacun de nous doit avoir le courage de changer en mettant en avant l’intérêt général.

Par Chiaka Doumbia

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