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Ibrahim Kébé : «La Françafrique utilise l’ONU comme couverture, tire l’Europe en Afrique, et contrôle au plus près les chefs d’Etat africains»
Publié le mercredi 11 janvier 2017  |  Le Reporter
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La rencontre «Debout sur la Françafrique» s’est tenue les 7 et 8 janvier 2016, à la Maison des Arts Kandioura Coulibaly (ex-Kora films), à Magnambougou (Bamako-Mali). Nous avons rencontré Ibrahima Kébé Tamaguidé, membre de Faso Kanu et de la commission scientifique de l’Espace de discussion et de mobilisation pour la patrie, intitulé Guara Kéné.

Qui sont les organisateurs de la rencontre ?

Nous sommes nombreux. Les organisateurs sont Faso Kanu, Radio Action Impact, Antorola, RJA, UJPA, MNP, À Sera a Dan Nan, Méritocratie malienne, Jeunesse engagée pour un Mali nouveau, Ali24/SC, Le mouvement Wati-Sera, Mouvement citoyen Yeleen Mali, Association mère enfants, AMC, ADEG/MALI, Les Rasta, Africa-culture…

Qu’est-ce qui a incité les organisateurs à initier cette rencontre ?

Cette rencontre s’inscrit dans le cadre de notre lutte quotidienne contre les relations nocives franco-africaines, c’est-à-dire contre la Françafrique qui est une réalité véritablement criminelle contre les peuples africains de l’ancien pré carré français. Pour pérenniser la relation entre la France et ses anciennes colonies, dont la politique passe avant la morale, le premier Sommet France Afrique a été organisé dès 1973. Depuis, l’événement se renouvelle tous les deux ans. Cela permet aux Chefs d’Etat africains soumis à l’ancien colon, et à la France de réfléchir et de travailler pour financer davantage d’opérations françaises secrètes en Afrique, d’approvisionner la France qui a toujours un besoin vital des ressources de l’Afrique, de réaliser leurs ambitions dans tous les domaines, au dépens des peuples africains qui sont les premiers impactés par la Françafrique.

La Françafrique utilise l’ONU comme couverture, tire l’Europe en Afrique, et contrôle au plus près les chefs d’Etat africains. La sortie de cette politique caricaturale néocoloniale au profit d’une véritable coopération entre l’Afrique, la France et d’autres pays encore, ne peut se faire que par l’instauration d’une politique nouvelle basée sur la vérité, la justice, la liberté, le respect mutuel, qui seule engendrera le bonheur des Africains. Au lieu de cela, les Sommets, aujourd’hui sournoisement qualifiés «Afrique France», continuent de se tenir dans le même esprit. Bamako accueillera le 27ème, du 13 au 14 janvier 2017. Au Mali, en France, et ailleurs, de nombreuses organisations se lèvent une fois encore pour en dénoncer le système.

Quel a été le programme de la rencontre de janvier ?

Il est important de rappeler que la rencontre des 7 et 8 janvier 2017 a été précédée par la projection du film “Que fait la France en Afrique ?», suivie de débats, le samedi 24 décembre 2016, à la Maison des Arts Kandioura Coulibaly (ex-Kora films) à Bamako. Nous tenons à remercier le Doyen Diatrou Diakité, Prof. Issa N’diye, Prof. Yoro Diakité, Cheick Oumar Sissoko, Samba Tembely, Biton Coulibaly, et Oumar Keita, entre autres, d’avoir accepté d’être nos conférenciers en janvier. Nous avons organisé deux panels dont les thèmes sont, d’une part le 7 janvier «La Françafrique, subtile, hypocrite, encore plus criminelle», et d’autre part le 8 janvier, après la projection de «La raison d’Etat», les panelistes ont traité de «Comment rompre avec le cercle vicieux de la Françafrique.» Nous avons également projeté de nombreuses photos qui attestent de l’influence dévastatrice que la politique française a eu au Rwanda, au Congo et en Côte d’Ivoire. Le public a aussi pu assister à une excellente prestation musicale contre la Françafrique.

Quels ont été les objectifs de cette rencontre ?

Les objectifs de cette rencontre sont ceux qui alimentent notre lutte. Ils sont clairs. Nous dénonçons toujours la nocivité de la politique franco-africaine à travers sa famille reconstituée que sont la diplomatie, l’armée, le Fcfa, la dette publique, et les ONG. Il est important de faire connaître les rouages du système, son rôle dans la prédation économique et le pillage des richesses du Continent par les entreprises françaises emblématiques que sont Bolloré, Total, AREVA, Bouygues, etc. Nous expliquons sans cesse ce que devraient être la démocratie, les élections, et les droits humains. Nous démontrons à chaque fois les effets délétères des médias qui véhiculent la propagande de la Françafrique. Nous faisons aussi ressortir les liens destructeurs entre la Minusma, l’opération Barkhane et la Françafrique.

Que signifie la Françafrique pour les gens moins initiés ?

Pour les gens, la Françafrique est un univers occulte pour la quête du pouvoir, pour les trafics en tout genre et leurs corollaires que sont la violence et la misère qui frappent les populations africaines. Ils savent que la Françafrique est la normalisation de la continuation politique, économique et culturelle de la politique française coloniale qui a soumis tous nos peuples. Et ils savent aussi que la responsabilité de certaines de nos élites africaines corrompues et assoiffées de pouvoir est absolument engagée dans la pérennisation du système de la Françafrique.

L’heure est au bilan, n’est-ce pas ?

Nous sommes satisfaits du bilan de cette rencontre. La qualité des panelistes et des échanges avec le public ne peut que faire avancer notre lutte. Nous tenons à souligner le rôle courageux de certaines radios de la place avant et après nos activités. Les gens qui sont venus sont des patriotes qui ont besoin de mieux comprendre le fond et les formes de la Françafrique, car mieux comprendre le système que vous subissez, c’est être mieux armés pour le combattre.

Propos recueillis par Françoise WASSERVOGEL
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