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MASSA KONE, PORTE-PAROLE DE LA CMAT : «Nous demandons au Président Français, l’arrêt de l’extension des frontières européennes…»
Publié le jeudi 19 janvier 2017  |  L’express de Bamako
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Par rapport à certaines questions qui font l’actualité, nous avons échangé avec le porte-parole de la Convergence Malienne contre l’Accaparement des Terres (CMAT), M. Massa Koné.
L’Express de Bamako : Pouvez-vous, vous présenter à nos lecteurs ?
Massa Koné : Je suis Massa Koné, porte-parole de la Convergence Malienne contre l’Accaparement des Terres (CMAT) ; secrétaire général adjoint, chargé des relations extérieures de l’Union des Associations et des Coordinations d’Associations pour le Développement et la Défense des Droits des Démunis (UACDDDD).
L’Express de Bamako : Pourquoi un sommet des peuples Afrique-France à Bamako à la veille du Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement ?
Massa Koné : Le Sommet des Peuples s’est déroulé, les 10, 11, 12 janvier 2017 à la Pyramide Souvenir et à la Maison des Jeunes à Bamako. Environ 500 personnes notamment des mouvements sociaux, de l’Afrique et de l’Europe y ont pris part.
Il avait pour objectif de Contribuer à construire ensemble des politiques publiques et de gouvernance pour une prospérité équitable et une paix durable en Afrique dans le cadre d’un dialogue politique et social et de vraies solutions dans le cadre des droits pour protéger la planète et l’humanité.
L’Express de Bamako : Pouvez-vous nous parler des thèmes qui ont été abordés ?
Massa Koné : Nous avons parlé des thèmes comme : Le Foncier : Souveraineté alimentaire et changement climatique ; Quelle gouvernance économique et politique pour la paix et la sécurité dans le Sahel et la région des grands lacs ; Migration Mobilité et paix, entre autres.
L’Express de Bamako : Quelles sont les recommandations que vous avez adressées aux Chefs d’Etat et de Gouvernement ?
Massa Koné : Nous avons adressé les recommandations suivantes aux Chef d’Etat et de Gouvernement ayant pris part au sommet de Bamako :
- Au niveau des droits humains: protéger les droits humains, arrêter la criminalisation des défenseurs de droits humains notamment ceux et celles qui défendent les biens communs et la violence contre les communautés.
- Au niveau de la souveraineté alimentaire, du foncier, des ressources naturelles : stopper immédiatement tout accaparement de terres, d’espaces publics, de démolitions de zone d’habitations, de spéculation foncière tant dans l’urbain, le périurbain que dans le rural pour vivre dans la paix et la sécurité ; respecter et appliquer les droits fonciers collectifs coutumiers des communautés y compris dans les terres aménagées par l’Etat en redonnant la place légitime aux autorités coutumières pour la reconnaissance, l’attribution et la gestion des terres en toute équité et impartialité ; sécuriser les espaces villageois et les terres familiales y compris, les forêts classées et non classées, les cours d’eaux, les espaces Sylvo-pastoraux, les lieux de cultes et les droits d’usages y afférents ; prendre en compte le droit permanent des femmes et des jeunes ruraux à la terre.
- Par rapport aux zones extractives: avoir une transparence totale sur les contrats avec des études d’impacts environnementales et sociétales fiables, en impliquant les populations ; répartir les revenus de l’exploitation des ressources minières à 50% pour le pays dont une partie reversée aux communautés locales ; dédommager les populations locales et restaurer les zones dégradées y compris la dépollution des sites après leur exploitation.
- Par rapport aux zones urbaines: préserver et sécuriser les espaces publics tels que les marchés, les espaces verts, les cimetières, les espaces nourriciers tels les jardins, les eaux… tout en impliquant les populations.
- Par rapport à l’agriculture, socle de nos économies : appliquer le principe de la souveraineté alimentaire avec la promotion de l’agriculture familiale basée sur l’agro-écologie paysanne ; préserver les droits des agriculteurs sur les semences paysannes en appliquant le traité TIRPAA (art9) ; augmenter et concrétiser les 10% de l’accord de Maputo pour l’agriculture, les 30% des accords de Praia pour le pastoralisme et orienter ses fonds pour soutenir l’agriculture familiale basée sur l’Agro-écologie paysanne et non à l’agrobusiness ; promouvoir nos systèmes alimentaires locaux sains ; soutenir la déclaration des droits des paysans et paysannes et des travailleurs en zone rurale qui est actuellement en négociation à l’ONU.
- Au niveau gouvernance, démocratie: renforcer la redevabilité et la transparence économique et financière qui passent notamment par des règles fiscales fortes, la fin de l’opacité des relations commerciales et rendre public les différents budgets ; élaborer des lois nationales et régionales qui protègent nos droits en s’appuyant sur des textes basés sur les droits humains ; avoir des élections crédibles, transparentes et apaisées en respectant les résultats des urnes ; revoir la position des Etats via leurs parlements sur les enjeux des Accords de partenariats économiques (APE) ; créer des espaces de dialogue politique et social pour une gouvernance juste, inclusive et équitable ; créer une monnaie africaine, gérée par les africains ; abolir les dettes illégitimes et illégales; refuser l’implantation des bases militaires étrangères dans nos pays.
- Au niveau du droit à la mobilité : respecter le droit à la libre circulation, notamment les conventions internationales sur les droits des migrants ; refuser le diktat de l’Europe sur les politiques migratoires et l’extension des frontières européennes au-delà de l’Europe ; refuser l’externalisation des frontières européennes et leur militarisation dans nos pays, entre autres.
- Au niveau des femmes et jeunes : respecter l’équité et les droits pour les femmes et les jeunes ; développer des dynamiques rurales, justes et équitables pour éviter l’exode massif des jeunes notamment des filles ; faire appliquer les droits du travail pour les aides ménagères en ratifiant la convention 189 de l’OIT, etc.
- Spécifiquement au Président Français : l’arrêt du dispositif économique et financier du Franc CFA ; l’arrêt de l’extension des frontières européennes par l’installation des bases militaires en Afrique plus précisément dans le sahel.
Nous demandons à François Hollande de soutenir les processus de construction pour un monde meilleur, un monde basé sur le respect mutuel, la justice sociale et environnementale, l’équité, la solidarité et l’harmonie avec et entre les peuples.
Dans cette déclaration, nous précisons que nous ne pouvons plus accepter que le présent et l’avenir de nos enfants soient compromis par des décisions politiques inappropriées.
L’Express de Bamako : Quels sont les signataires de cette déclaration ?
Massa Koné : Les signataires sont : Plateforme nationale CGLTE AO (CMAT, COASP, BEDE, COFERSA, ADDAD Mali, No Vox Afrique…), Caritas / Tournons la page, Acord, FOSC, AME, Djéré ben/Magrheb Sahel, Bloc "debout sur la Françafrique", Ensemble nous sommes un peuple, MIRAU, CRSC de Kayes, CIMAD, RAI, CAJAS, Groupe des patriotes du Mali, LOGINA – TOUNKANRAKE, AMRK.
L’Express de Bamako: Avez-vous quel appel à lancer ?
Massa Koné : Trop c’est trop. Donc nous demandons purement et simplement la prise en compte de préoccupations afin de trouver des solutions aux différents défis.
Interview réalisée par Abdoulaye TRAORE
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