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Communiqué de presse sur la crise malienne : BIPREM-FASOKO tire la sonnette d’alarme
Publié le mercredi 27 fevrier 2013  |  Autre presse




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C’est avec une grande peine et un grand respect que nous nous inclinons, avec tous les membres et sympathisants du Bloc d’intervention populaire et pacifique pour la réunification entière du Mali (BIPREM-Fasoko), devant la mémoire des militaires tchadiens et du 2ème soldat français tombés sur le champ de l’honneur en combattants de la paix et de la justice contre le terrorisme et l’obscurantisme. La nation et la République maliennes leur témoignent leur reconnaissance et feront de sorte que leur sacrifice ne soit pas vain.
Après l’euphorie compréhensible née de la libération des régions de Gao et Tombouctou par la France qui a mérité la reconnaissance et les remerciements sincères du peuple malien, le temps est arrivé de jeter un regard froid sur le cas Kidal qui frise l’arrogance et la défiance de la France envers le Mali.
LA TERRE DE KIDAL EST MALIENNE ET DOIT LE RESTER
LE MALI SANS KIDAL N’EST PLUS LE MALI
LA FRANCE LE SAIT ET DOIT LE RESPECTER
L’INTEGRITE TERRITOIRE NE PEUT ETRE PARTIELLE. ELLE EST TOTALE OU N’EST PAS
NOUS TENONS LES PRESIDENTS HOLLANDE ET TRAORE POUR SEULS RESPONSABLES DE L’OCCUPATION ACTUELLE DE KIDAL PAR LE MNLA
C’est la règle du « TOUT OU RIEN » qui s’applique de manière implacable.
Le Biprem revendique le statut d’africain pauvre et décomplexé et appelle les autorités françaises à l’humilité, au respect et à la transparence. Pour nous du Biprem, malgré l’intervention des forces françaises au Mali, le pays n’a pas recouvré son intégrité territoriale. Ce n’est pas le MNLA (Mouvement National de Libération de l’Azawad) qui empêche l’armée malienne d’aller à Kidal, mais plutôt la France. Pour quelles raisons les armées française et tchadienne occupent elles Kidal ? Pour le compte de qui ? De grâce qu’on ne nous parle pas des otages français ! Car traquer leurs ravisseurs jusque dans leur sanctuaire et continuer de bombarder n’est pas la meilleure manière de les retrouver vivants. S’il s’agit des exactions le MNLA est entrain de les commettre sur les arabes de Kidal.
En tout état de cause, l’histoire nous enseigne que depuis l’époque coloniale, cet espace saharien est dans le viseur de l’empire français du fait de la découverte d’immenses richesses dans son sous- sol (pétrole, uranium, plâtre, marbre, silicium, gaz…) au niveau du bassin de Taoudeni, une localité située dans la région de Kidal à cheval entre l’Algérie, le Niger, la Mauritanie et le Mali. Les trois premiers pays ont déjà commencé l’exploitation de leurs ressources pétrolière et gazière, il ne reste que le Mali où les gisements sont plus importants. Selon une information de l’Association Survie en France : « le pétrolier français Total, en lien avec Qatar petroleum, n’est pas en reste : « présent dans l’exploration-production en Mauritanie depuis 2005, Total explore aux côtés de ses partenaires Sipex (filiale de l’algérienne Sonatrach) et Qatar petroleum international, le bassin de Taoudéni dans les blocs Ta 7 et Ta 8 situés dans le désert mauritanien ». Selon un blog d’actualité financière, la présence de Total ne s’arrête pas là : « en février 2011, la presse algérienne indiquait que le groupe français Total et le groupe énergétique national algérien Sonatrach avaient dans leurs besaces plusieurs projets au Sahel ».
Toute chose qui nous amène à dire que dans le contexte du monde contemporain caractérisé par la naissance des conflits dans les zones qui hébergent les ressources stratégiques, le patriotisme est devenu une condition nécessaire mais pas suffisante pour garantir la sécurité des Etats et des peuples.
Le Mali dont le sous-sol regorge de beaucoup de minerais, d’hydrocarbures et de gaz, ne peut pas faire exception à ces règles définies par la géopolitique mondiale. Ne pas comprendre ces enjeux contemporains de la part de dirigeants des Etats modernes est une preuve d’incompétence parce que la sécurité des nations et des peuples en dépend.
Il s’agit pour l’Etat du Mali de mettre le Président Français François Hollande à l’aise en formulant à l’attention de la République française une demande d’assistance logistique et de partenariat stratégique sous la forme de contrats transparents qui garantissent les intérêts de la nation et de l’Etat maliens propriétaires et ceux de l’Etat français exploitant et responsable de la sécurité. Le Mali est mûr et lucide pour asseoir ce partenariat gagnant-gagnant avec l’assistance et les conseils de cabinets internationaux spécialisés. Il n’ya rien à cacher et le peuple du Mali a soif de tranquillité et de paix. Il n’a fait du tort à personne et il a décidé de refuser désormais d’endosser ceux des autres.
Le peuple refusera d’assumer les errements, l’incurie et l’incompétence de ses élites dirigeantes. Solidaires dans le cadre d’une entente directe pour le management de l’Etat et du Peuple maliens depuis 20 ans, la France et les dirigeants maliens doivent aussi être solidaires dans la gestion actuelle des échecs lamentables accumulés ayant conduit à l’effondrement du Mali « démocratique » dont l’Etat est miné par le trafic de drogue, le clientélisme et le détournement organisé des deniers publics, l’administration gangrénée par la corruption, l’injustice et l’amateurisme et le peuple confiné à l’ignorance, la misère et la peur.
Très importante dans le management de toute organisation, l’analyse prospective est nécessaire dans la gouvernance d’Etat surtout en période de crise. En effet dans la plupart des cas, les situations modernes de crise sont assujetties à des considérations d’ordre géostratégique dont la gestion ne peut échapper à l’analyse prospective. Le penseur prospectiviste Hassan Ozbekhan nous enseigne que : « C’est bien en raison du défaut d’anticipation d’hier que le présent est encombré de questions, hier insignifiantes, mais aujourd’hui urgentes qu’il faut bien régler vite, quitte à sacrifier le développement à long terme en installant d’illusoires coupe-feu ». Bref, au nom de la lutte contre le terrorisme au sahel, on s’interroge si, la France veut masquer toute analyse de ces enjeux ?
LES ETATS N’ONT PAS D’AMIS MAIS DES INTERETS, ON LE SAIT ET ON L’ACCEPTE
Cela n’a rien à voir avec l’égoïsme ou l’ingratitude, parce qu’il s’agit de l’essence même des lois fondamentales qui définissent, déterminent et encadrent la vie des nations modernes. François Hollande ne peut pas déroger à cette règle sous peine d’être coupable de haute trahison contre la nation et la République françaises, même s’il est porteur au niveau individuel de valeurs d’humilité, de solidarité et de générosité reconnues et très appréciables.
Le Biprem lance un appel à l’endroit du Président Hollande pour qu’il pense à la jeunesse malienne qui ne réclame qu’une formation de qualité pour assurer la relève, un emploi décent, la santé, la sécurité et la paix pour les populations. Autrement dit nous demandons à la France de clore le chapitre fantaisiste, inutile et dangereux du MNLA et de voir la souffrance des millions de maliens.
UNE GUERRE A HUIS CLOS ORIENTEE !
Quelle lecture doit-on faire des opérations de communication qui rendent les militaires maliens engagés au front, coupables de crimes pour de prétendues exactions commises sur les communautés blanches à travers des reportages orientés comme on le voit sur la chaine France 24. Au même moment l’accès de la ville de Kidal est strictement interdit à tous les journalistes maliens. Cette interdiction a soit la forme brutale d’un verrouillage par les militaires des différents points d’accès, soit la forme honteuse d’achat par l’ambassade de France à Bamako du silence et du repos de certains confrères contre des espèces sonnantes et trébuchantes « taisez-vous et arrêtez-vous là ».
Cela n’honore ni les autorités françaises qui ont choisi de bâillonner la presse malienne ni les confrères qui ont cédé sans gêne à la triste tentation de l’autocensure pour du fric contre la dignité et le professionnalisme. A part RFI, France 24 et d’autres médias européens, aucun journaliste malien n’a accès à l’information sur cette guerre et n’a les moyens de contrôler celle disponible sur ces médias; cela n’est pas acceptable. S’il ya exaction commise par l’armée malienne comme le disent les médias occidentaux et les organisations des droits de l’homme, pourquoi empêcher les journalistes maliens de constater les faits pour ne pas jeter injustement le discrédit sur les forces armées et de sécurité déjà mal en point. Cela aurait été plus crédible que de se cantonner à discréditer des militaires dont la plupart mal formés, sous équipés, mal payés, très minoritaires sur le terrain et laissés à eux-mêmes dans des conditions de vie exécrables et humiliantes, qui doivent non seulement sécuriser le territoire mais aussi faire face à des groupes armés surarmés sans foi ni loi. Pendant que ces braves militaires crèvent de faim au front au prix de leur vie, la hiérarchie militaire se partage des millions et défend des positions de pouvoir à Bamako. Chose inadmissible, indécente et irresponsable de la part des autorités de la République qui cautionnent ou favorisent ce type de comportement en période de guerre alors qu’elles ont la charge de rehausser le moral des troupes. .
Le Biprem salue la mise en place de l’EUTM-MALI (European Union Training Mission Mali) pour la formation et la refondation de l’armée, mais reste très circonspect quant au volet de cette opération relatif à la Restauration de l’Etat malien pour lui permettre de fonctionner selon les règles de l’Etat de droit et d’un pays démocratique. Ce dernier volet est à lui tout seul un vaste programme qui mérite une deuxième mission EUTM-MALI, cette fois-ci civile, pour la formation des dirigeants politiques sur le patriotisme, l’honnêteté, la traçabilité des opérations financières, la séparation des pouvoirs, la justice, bref la bonne gouvernance. Autrement tout le travail que les partenaires sont entrain d’abattre s’écroulera aussitôt après comme un vulgaire château de cartes laissant un large boulevard aux Forces armées qui reprendront le pouvoir; ce qui n’est plus souhaitable au Mali.
Concernant les élections :
Le Biprem invite les autorités à se concentrer sur la sécurisation à très long terme du territoire national, sur l’aide et l’assistance aux déplacés et aux refugiés, sur le retour encadré de ces derniers, sur la restauration des infrastructures sociales de base, sur la réconciliation et la cohésion nationales, plutôt que sur l’organisation d’élections qui, dans la situation actuelle du Mali, sont porteuses de tous les germes d’adversités destructrices, de divisions, de règlements de compte qui constituent autant de facteurs accélérateurs pour un contentieux postélectoral violent avec l’éventualité évidente que l’armée prenne encore le pouvoir ou que le malheureux Président nouvellement élu soit déposé dès le lendemain.
Le BIPREM condamne l’annonce de la date fantaisiste d’organisation des élections aux mois de juillet prochain, parce que cela est, sinon impossible, du moins contreproductif et suicidaire. Pour la première fois, le BIPREM essaie de compter sans trop d’illusions sur la sagesse de la classe politique malienne afin qu’un consensus fort soit trouvé pour la réalisation des préalables énumérés plus haut avant d’aller aux élections.
Ces fils du Mali qui avaient quitté le pays pour se refugier à l’étranger tout le temps qu’a duré l’occupation avec son lot de drames sociaux et de privations de toutes sortes, doivent aujourd’hui faire profil bas et cesser de manipuler la communauté internationale qui, en retour, met la pression sur les autorités maliennes pour l’accélération du processus électoral. S’il leur reste un peu de dignité, ils se garderont d’entreprendre aujourd’hui une quelconque action susceptible d’installer un autre chaos au Mali. Le BIPREM, tout en respectant le droit de tout citoyen à briguer les suffrages des électeurs quand la Justice ne le lui interdit pas, ne ratera néanmoins aucune occasion pour démasquer et combattre tous ceux pour qui les intérêts du Mali et des maliens sont secondaires et insignifiants par rapport aux leurs propres.
Pour conclure, le Biprem et ses partenaires profitent de l’occasion pour informer l’ensemble des patriotes de l’annulation de sa « Marche blanche » dénommée Opération Fasoko, lancée le 15 décembre 2012 dont l’objectif était la mobilisation de 100 000 personnes pour libérer le nord. Mais les événements de Konna ont précipité la réalisation, sous une forme armée, des objectifs que nous nous étions fixés et entrainé par conséquent l’annulation de cette initiative citoyenne pour des raisons de sécurité et d’Etat d’urgence suite aux instructions de la hiérarchie militaire. Le Biprem rappelle aux maliens que l’objectif de la réunification du Mali n’est pas atteint tant que la France persistera dans sa décision incompréhensible et inacceptable d’interdire à l’armée malienne de fouler le sol de Kidal et à l’Etat malien d’y installer son administration. Par conséquent, le BIPREM se réserve le droit de mener en toute responsabilité les actions qu’il jugera utiles pour l’atteinte de ces objectifs de souveraineté et de dignité nationales.
Par la même occasion, nous remercions le Président de la République, le Pr. Dioncounda Traoré, pour l’honneur qu’il nous a fait d’adresser une lettre-réponse de félicitations au BIPREM pour son initiative patriotique.
Le Haut conseil islamique, le Recotrade, le Cherif de Nioro, le prédicateur Cherif Ousmane Madani Haidara et d’autres bonnes volontés du Mali et de la diaspora qui nous ont demandé de taire leurs noms, avaient volontairement soutenu financièrement le projet de marche pacifique de Biprem. De manière unanime, ils ont ensuite individuellement décliné l’initiative de BIPREM de leur restituer les fonds alloués, suite à l’annulation du programme au profit de la réalisation duquel ils avaient contribué. Nous tenons à leur témoigner notre gratitude pour leur engagement patriotique envers le Mali et leur confiance à notre endroit.
Je vous remercie.
Bamako, le 26 février 2013

Le secrétaire à l’information du Biprem
Aliou Badara Diarra

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