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Attaque du camp militaire du MOC à Gao : Le Mali endeuillé
Publié le lundi 23 janvier 2017  |  Le Malien
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© AFP par STRINGER
Des soldats se rassemblent près d`un pickup après l`attaque kamikaze qui a ensanglanté un camp de Gao, au Mali, le 18 janvier 2017.
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Une soixantaine de morts et plus d’une centaine de blessés. Tel est le triste bilan de l’attentat kamikaze à la voiture piégée qui a frappé le camp du Mécanisme Opérationnel de Coordination (MOC) à Gao dans le nord du Mali. Un camp regroupant militaires et combattants issus de groupes signataires de l’accord de paix d’Alger de 2015. Un bilan particulièrement lourd. Selon le site mauritanien Al-Akhbar, l’attaque a été revendiquée par les jihadistes d’Al-Mourabitoune de Mokhtar Belmokhtar.

Mardi matin avant 9h, au volant d’un véhicule sable aux couleurs du Mécanisme Opérationnel de Coordination (MOC), chargé d’organiser des patrouilles mixtes, le kamikaze a forcé l’entrée, écrasant les deux gardes en faction pour foncer vers le centre du camp. Au moment où deux sections étaient regroupées que le kamikaze a fait exploser sa charge. La détonation a fait trembler les murs des maisons de Gao et provoqué un mouvement de panique, selon nos sources.



Le bilan est extrêmement lourd. C’est l’attentat le plus meurtrier de l’histoire récente du Mali. Le Président de la République, M. Ibrahim Boubacar Keïta a décrété trois jours de deuil national. Le gouvernement malien a rigoureusement condamné cette attaque qui a visé le symbole de la réconciliation qui est en marche au Mali, à savoir le MOC. Dans un communiqué rendu public le même jour et signé du Ministre l’Economie Numérique et de la Communication, Porte-parole du gouvernement, Me Mountaga Tall, le gouvernement a prévenu qu’aucun chantage, aucun terrorisme n’amènera le gouvernement à reculer, se dédire, revenir sur sa signature. L’accord de paix sera appliqué jusqu’à son terme, a-t-il déclaré. Avant d’ajouter que le gouvernement procédera à l’évaluation de la situation, pour en tirer les leçons et les conséquences, mais le cap est connu et il est fixé.

Du côté du GATIA, membre de la Plateforme, Fahad Ag Almahmoud se dit surpris devant l’ampleur de cette attaque malgré les menaces fréquentes. « Nous avons toujours dit que les groupes armés ont reçu des menaces de la part de groupes terroristes au cas où ils participeraient à de quelconques opérations avec les forces maliennes ou internationales, mais on ne pensait pas que des terroristes allaient entrer à l’intérieur d’un camp comme ça et se faire exploser. On ne s’attendait pas à ça. »



Une première

Car jusqu’ici, les groupes terroristes s’attaquaient essentiellement aux forces militaires – soldats de l’armée malienne, de la force française Barkhane ou les casques bleus de la Mission des Nations unies. Les combattants des groupes armés du Nord, signataires de l’accord de paix, ne constituaient pas des cibles.

Certes, les ex-rebelles du MNLA ont parfois enregistré des combats meurtriers contre les terroristes d’Al-Qaïda au Maghreb islamique. Mais le plus souvent, ce sont plutôt les collusions entre les groupes armés signataires de l’accord de paix et les groupes armés terroristes qui sont pointés. Par les groupes signataires eux-mêmes, groupes pro-Bamako et ex-rebelles s’accusant régulièrement les uns les autres ; ou par les forces maliennes et internationales présentes dans le pays, qui déplorent que ces liens leur compliquent parfois la tâche.

C’est par le biais d’un de ses canaux de transmission habituels, le site d’information mauritanien Al-Akhbar, que le groupe jihadiste affilié à Aqmi (al-Qaïda au Maghreb islamique) revendique l’attentat du camp de Gao. Al-Mourabitoune avait notamment revendiqué l’attaque du Radisson de Bamako qui avait fait 27 morts en novembre 2015

Les jihadistes ont toujours clamé leur hostilité à l’accord de paix de 2015 sur le Nord-Mali. Et la cible, ce camp est le symbole de l’application de cet accord. Situé à quelques centaines de mètres de l’aéroport de Gao, il regroupe 600 hommes. Militaires, combattants issus de l’ex-rébellion ou de groupes armés pro-gouvernementaux y cohabitent, et s’apprêtaient prochainement à mener des patrouilles conjointes, en vertu de l’accord de paix signé à Alger en 2015.

L’attaque du camp de Gao est donc inédite à deux égards : d’abord parce qu’elle est la plus meurtrière jamais perpétrée sur le sol malien depuis le début de la crise, ensuite, par le symbole qu’elle représente. En ciblant directement des soldats maliens et des combattants des groupes armés, ex-rebelles comme groupes pro-Bamako, les terroristes jihadistes montrent que plus personne n’est à l’abri.

Il y a toutes les forces internationales qui sont à Gao. Un véhicule piégé doublé d’explosifs, doit être intercepté. Si des actes comme ça qui continuent de se produire à Gao, on ne comprend rien.

Youssouf Sangaré

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