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Polémique autour d’une déclaration pourtant sensée : «Les premiers responsables de la crise sont les hommes politiques»
Publié le mercredi 27 fevrier 2013  |  Le Reporter




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Avant le début des hostilités politiques et autres querelles politiciennes, le président du Mouvement patriote pour le renouveau (Mpr) avait fait une déclaration lors de la conférence de presse du Collectif des ressortissants du nord du Mali (Coren), tenue le samedi 26 janvier 2013 à la Maison de la presse. Choguel K. Maïga avait alors dit que «Les premiers responsables de la crise sont les hommes politiques». Cette phrase est lourde de sens, a été diversement interprétée. Cependant, son auteur ne veut nullement s’expliquer là-dessus. Car, dit-il, l’heure n’est pas à la politique politicienne mais à l’action militaire sur le terrain de la reconquête.
Choguel Kokala Maiga

Choguel Kokala Maiga

Nous avons donc fait un tour à l’Assemblée nationale et au siège du parti du Tigre débout, où nous avons rencontré des élus et autres cadres du parti. Lesquels partagent l’avis de leur président. Pourtant, affirment-ils, ce message n’est pas difficile à décoder, car ça part d’une constance chez le Tigre débout. «Le Mpr a accompagné ATT pendant les 10 dernières années. C’était un devoir moral et politique pour les Tigres de s’assumer au lendemain du coup d’Etat du 22 mars 2012. C’est pourquoi le Mpr s’est naturellement retrouvé au sein du FDR. Pour deux raisons fondamentales : rester constant ; mais aussi condamner le coup d’Etat du 22 mars 2012», ont argumenté nos interlocuteurs.

Les faits le montrent à suffisance, d’après les témoignages que nous avons recueillis. «Le président de notre parti est l’un des rares présidents de partis politiques à ne pas aller même une seule fois à Kati, pour faire l’allégeance à la junte. Cela a coûté ce que ça coûté à notre président mais il n’est pas parti. Alors que la plupart de nos alliés du FDR ont fait des sauts même nocturnes chez les tombeurs d’ATT. C’est une marque de constance et de fidélité», nous a confié, la mine réjouie, un jeune élu MPR de la Commune VI, que nous avons rencontré au siège du parti à Quinzambougou. Et cet autre cadre du parti de renchérir : «Même quand il s’est agi de demander le départ de Cheick Modibo Diarra de la primature, notre parti n’était pas d’accord et l’a fait savoir en réunion du FDR tout en demandant aux responsables de ce regroupement de motiver les vraies raisons de cette décision. N’ayant pas été convaincus, nous nous sommes désolidarisé de cette action, mais nous sommes restés au FDR. Car pour notre parti, nous ne sommes pas aller au FDR pour quelqu’un, mais pour des convictions politiques constantes».

Réagissant aux propos de leur président au sujet de la responsabilité des politiques dans la crise malienne, bon nombre d’élus, surtout les députés, pensent que Choguel Maïga a simplement voulu dire que l’armée est aujourd’hui ce que la volonté politique a voulu qu’elle soit. Et «au vu des réalités de l’armée malienne, dont la force de frappe était reconnue pendant des années en Afrique, comment ne pas s’interroger sur sa décadence. D’autant que, excepté le Nigeria, l’armée malienne était la plus puissante dans l’espace CEDEAO. Bien avant l’ère démocratique, le monde entier connaissait la force de frappe de l’armée malienne ; elle était la fierté des Maliens dans les deux guerres contre le Burkina Faso», s’est indigné Bouaré, jeune conseiller municipal à Bla.

En clair, selon les responsables du Mpr, c’est pour questionner cette faiblesse que leur président a émis cette réflexion. Il a voulu faire remarquer que l’armée malienne a commencé sa décrépitude avec l’ère démocratique, pendant les 20 derrières années, qui ont consacré son départ du nord de notre pays. Or, pendant tout ce temps, affirment-ils, l’armée est restée assujettie au pouvoir politique. Cela était visible dans les modes de recrutement, la formation, l’organisation des hommes dans les camps et autres garnisons.

Pour les femmes qui étaient massivement présentes au siège du parti à notre passage, préparatifs du 8 mars obligent, il est illogique de tenter d’«absoudre la classe politique surtout celle qui tenait les rênes du pouvoir». De ce fait, elles estiment que Choguel Kokala Maïga a dit tout haut ce que certains pensent tout bas.

En somme, les responsables du Mpr partagent unanimement les propos de leur président suivant lesquels : «les premiers responsables de la crise malienne sont les hommes politiques».

Nana HOUMAMA

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