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Concertation sur le développement industriel : 25 propositions pour reformuler la politique nationale
Publié le samedi 11 fevrier 2017  |  Aujourd`hui
3eme
© aBamako.com par Momo
3eme session du cadre partenarial de suivi de l’emploi et de la formation professionnelle
Bamako, le 10 octobre 2016 Le ministre Mahamane Baby a présidé la 3eme session du cadre partenarial de suivi de l’emploi et de la formation professionnelle au siege de son département
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Si la création d’un ministère en charge du Développement industriel est la manifestation de la volonté des plus hautes autorités d’accélérer l’industrialisation du pays, la politique industrielle reste à reformuler pour atteindre cet objectif. Ce qui passe nécessairement par un état des lieux impliquant la prise en compte des préoccupations des professionnels du secteur. Raison pour laquelle la séance de brainstorming organisée samedi dernier par le ministère du Développement industriel, à travers une journée de concertation avec les industriels, s’avère très stratégique.

Cette journée de concertation est à institutionnaliser. C’est en tout cas le vœu exprimé par les patrons des industries qui avaient, pour la circonstance, pris d’assaut la salle Moussa Mary Balla Coulibaly du Conseil national du patronat du Mali (Cnpm) samedi dernier, 4 février 2017. Mais en plus, les industriels demandent aux autorités de faire preuve de pragmatisme, notamment en assurant le suivi des propositions formulées sous forme de recommandations, surtout en prenant soin de les décliner en plan d’actions.

Au cours de cette journée de concertation, toutes les questions ont été abordées et les patrons d’industries se sont exprimés librement, parfois avec passion, pour étaler leurs préoccupations en ce qui concerne la politique industrielle à mettre en œuvre de la part du Gouvernement, mais en mettant surtout l’accent sur la levée de certaines entraves au développement industriel. Il s’agissait d’attirer l’attention des autorités publiques du pays sur la nécessité de se pencher sur des questions relatives à l’environnement des affaires, aux investissements, à la concurrence déloyale, la contrefaçon, la fraude, la fiscalité, le traitement des contentieux juridiques, le coût des facteurs de production, l’accompagnement de l’Etat et d’autres questions transversales impliquant ainsi plusieurs départements ministériels.

En d’autres termes, il s’agira donc de reformuler la politique industrielle en vigueur car ne répondant plus aux attentes. Conçue en 2010, cette politique industrielle est quasiment en déphasage avec les réalités du moment. En effet, elle prévoyait déjà d’atteindre une participation du secteur industriel dans le produit intérieur brut à hauteur de 20% dès l’année 2012, alors qu’elle est actuellement de 5%. Loin de la moyenne de 11% dans l’espace Cédéao. En plus, avec la crise multidimensionnelle que le Mali a vécue, le taux de mortalité des entreprises industrielles a connu une croissance jamais enregistrée dans le pays, au point que lors de l’évaluation de l’impact de cette crise sur le développement des affaires au Mali, durant la Transition en 2013, le Conseil national du patronat du Mali avait fait des propositions urgentes de sauvetage de certains secteurs de l’économie comme l’hôtellerie et le tourisme, mais avait en même temps prôné, pour le secteur industriel, l’application d’un plan d’actions proche d’un plan Marshall.

Le tableau peu reluisant que présente l’industrie malienne est donc une vérité de Lapalisse car rabâchée depuis plusieurs années. En effet, dans le sillage de l’organisation patronale (Cnpm), sa branche représentant les industriels, plus précisément l’Organisation patronale des industriels (Opi), avait sonné l’alerte dans un Livre blanc de l’industrie malienne en 2014 et dont le Tome 2 est paru en 2016. C’est un recueil de 24 mesures innovantes proposées par l’Opi qui y précise que c’est “pour faire de notre industrie le fer de lance d’un développement économique solide”.

Journée de concertation fructueuse

La journée de concertation du samedi 04 févier 2017 a été fructueuse, en ce sens que non seulement les recommandations recoupent les préoccupations déjà exprimées par l’Opi, mais elles mettent un accent particulier sur certains sujets comme le contentieux judiciaire, la régulation des exportations de matières premières susceptibles d’être transformées sur place pour faciliter l’approvisionnement de nos industries, le développement des énergies renouvelables par les industriels et les problèmes rencontrés avec l’Agence pour l’aménagement et la gestion des zones industrielles (AZI), entre autres.

De toute façon, cette journée de concertation a renforcé la prise de conscience, chez les industriels, de la réalité d’une concurrence sous régionale et régionale qui nécessite une amélioration de la gouvernance des entreprises pour s’orienter vers des choix efficients de méthodes et procédés pour espérer relever les défis.

De même, les autorités du pays, à travers les fonctionnaires du ministère du Développement industriel, ont pu mesurer l’engagement des patrons des entreprises industrielles à travailler de concert avec le Gouvernement pour réaliser les ambitions affichées, notamment avec la création du ministère du Développement industriel.

Reste maintenant à savoir ce qui se fera des recommandations issues des débats de cette journée de concertation car il y a, en filigrane, l’interpellation du Gouvernement pour des mesures fortes et courageuses dans un environnement d’intégration sous régionale, voire régionale très contraignant.

Amadou Bamba NIANG

Propositions issues de la concertation :

A l’endroit de l’Etat

Approfondir la réflexion sur la réduction des coûts des facteurs de production au niveau des entreprises industrielles (électricité, eau, matières premières, etc.) ; faciliter l’approvisionnement des entreprises industrielles en matières premières surtout en mettant l’accent sur l’analyse des filières et des structures de prix ; mettre un accent particulier sur l’appui de l’Etat aux entreprises industrielles en difficulté ; prendre en compte les questions transversales (contentieux juridique, fiscalité, environnement, etc.) ; diligenter le décret portant orientation de la commande publique vers les produits industriels locaux en vue de promouvoir le consommer malien ; Mettre en œuvre des actions concrètes et vigoureuses visant à réduire significativement le niveau de la fraude, de la contrefaçon et de la concurrence déloyale en s’appuyant surtout sur les normes et les actifs de la propriété industrielle.

Aussi, renforcer le contrôle de qualité des matières premières et produits finis à l’importation, notamment les produits similaires aux produits industriels locaux ; veiller au renforcement de l’articulation entre l’Industrie et l’Education (Formation professionnelle) d’une part et entre l’Industrie et le Commerce d’autre part ; développer la synergie entre les différents services techniques, notamment ceux du ministère du Développement industriel; réfléchir à un mécanisme de financement approprié des activités de l’Agence malienne de la normalisation et de la promotion de la qualité (Amanorm), l’Agence de promotion et de gestion des zones industrielles (AZI) et le Bureau de structuration et de mise à niveau des entreprises (Brmn) ; veiller à l’institutionnalisation de la journée de concertation entre le ministre chargé de l’Industrie et les patrons d’entreprises industrielles ;

Par ailleurs, assurer le suivi permanent de la mise en œuvre des recommandations issues des journées de concertations du Ministère chargé de l’Industrie avec les patrons d’entreprises industrielles à travers la mise en place de plans d’actions ; diligenter l’aménagement des zones industrielles et revoir à la baisse le prix de cession du terrain à usage industriel ; appuyer spécifiquement les entreprises ayant leurs dossiers en souffrance au niveau d’autres Départements ministériels ; veiller au développement des énergies renouvelables ; élaborer et mettre en place une stratégie de communication en veillant aux subventions de l’Etat pour faciliter la communication des entreprises industrielles au niveau des médias d’Etat.

En outre, réduire les charges sociales au niveau des entreprises industrielles pour faciliter la création d’emplois durables ; veiller à ce que les opérations d’exportation des matières premières susceptibles d’être transformées localement n’entravent pas l’approvisionnement des unités industrielles ; assurer la mise en œuvre des plans d’actions relatifs à certains filières, notamment celles de la boulangerie, la restauration et la tannerie.

A l’endroit des entreprises industrielles :

Saisir le Ministère de l’Industrie pour les difficultés qu’elles rencontrent ; recourir aux services déconcentrés du Département pour la remontée d’informations ; développer la synergie entre les différents types d’entreprises industrielles ; veiller à l’utilisation des normes, à travers la mise en place de la démarche qualité ; veiller au développement des énergies renouvelables.

ABN
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