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Front social : Le gouvernement sous le feu des travailleurs
Publié le lundi 13 fevrier 2017  |  L’aube
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© aBamako.com par A.S
Ministre du travail de la fonction publique de la reforme de l’état chargé des relations avec les institutions : Mme Diarra Raky Tala
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C’est le déluge ! La table du ministre en charge de la fonction publique est, depuis des mois, inondée de doléances des syndicats. Cette situation, devenue ingérable pour le régime en place, illustre surtout la détérioration des conditions de vie des travailleurs maliens, toute catégorie confondue. Galvaniser qu’ils soient par le train de vie ostentatoire des dirigeants et les scandales financiers, les syndicats multiplient les préavis de grève, très souvent mis en exécution. La justice, la santé, l’éducation ou encore la diplomatie, aucun de ces secteurs n’échappe à ce mouvement d’humeur. Et la liste des corps insatisfaits ne cesse de s’allonger.

La grève est à la mode sous nos cieux. 48 ou 72 heures, voire l’illimitée, toutes les durées y passe. «Les grèves sont décrétées à tour de bras. Elles sont mêmes devenues banales, ces dernières années», clame S. Tangara, enseignant. Ce sentiment est partagé par bon nombre de Maliens, écœurés surtout par l’incapacité du régime en place à circonscrire « l’épidémie ».



Depuis trois ans, l’administration malienne vit au rythme des grèves. Plus un mois ne passe, sans qu’une structure ne dépose ou ne met en exécution un préavis de grève.

Actuellement, les syndicats des magistrats, des greffiers, des travailleurs du ministère des affaires étrangères, des médecins chauffent à blanc le front social.

En déposant un préavis de grève prévue pour les 15 et 16 février prochains, les greffiers du Mali ont donné du tournis aux autorités déjà préoccupées par la grève.

Les greffiers réclament l’octroi d’une indemnité de participation à la judicature aux greffiers et aux secrétaires de greffes et parquets ; la relecture du décret n°95- 211 du 31 mai 1995 portant tarif des frais de justice en matière pénale et du décret n°95-255 du 30 mai 1995 portant frais de justice en matière civile et commerciale; l’évaluation des ressources financières générées par la justice. Ce n’est pas tout. Les greffiers demandent aussi la relecture de l’ordonnance n°05/104 du 22 juin 2005 portant statut du personnel des greffes, secrétaires de greffes et parquets pour une nouvelle qualification professionnelle commençant par la maîtrise en droit, complétée par une formation professionnelle de deux ans (BAC plus 6) à l’institut de formation judiciaire; le changement de l’appellation «secrétaires de greffes et parquets » en « assistants des greffes et parquets».



Depuis le 9 janvier dernier, les magistrats affiliés aux deux syndicats de la magistrature (SAM et SYLIMA) observent une grève, depuis un mois. Des compromis auraient été trouvés entre les différentes parties pour surseoir le mot d’ordre de grève, après des semaines de paralysie. Les revendications des magistrats portaient sur six points à savoir : l’amélioration substantielle du salaire, l’amélioration de la prime de judicature, de monture et de logement. Un accord sur deux points aurait été trouvé. « Le gouvernement a consenti à faire des efforts pour augmenter le niveau des salaires de 10% et la prime de logement passerait de 50.000 à 118.000FCFA pour cette année, et à 125.000FCFA en 2018 » rapporte un journal de la place. Le gouvernement a en outre refusé d’accéder à la demande d’une prime de monture.

Il faut dire cette grève a affaibli la cohésion au sein de la grande famille des magistrats. Un imbroglio oppose, depuis plus d’une semaine, Mohamed Chérif Koné, président du SAM à sa « base ». Le premier avait, dans une adresse télévisuelle, annoncé la suspension de la grève.

Ce qui n’a pas plu à la base qui avait décidé, en assemblée générale, de poursuivre le mouvement.

C’est dans cette atmosphère délétère, suite au refus des magistrats de reprendre le travail, que les négociations ont repris le mardi 7 février avec le gouvernement et la Commission de bons offices.

Les professeurs de l’enseignement fondamental et secondaire des cercles de Gao, Ansongo et Yorosso sont aussi dans la danse, depuis lundi 6 février dernier. Ces enseignants dénoncent le retard dans l’application des décisions et arrêtés d’avancement et d’intégration dans la fonction publique. Ils réclament par ailleurs la titularisation de certains de leurs collègues. Selon un responsable syndical, le non payement des rappels figure également parmi les revendications des enseignants de ces trois cercles qui demandent, en outre, le rappel des prélèvements effectués sur leurs salaires lors de la grève précédente. Ce sont des revendications « locales », précise le secrétaire général du syndicat des professeurs de l’enseignement secondaire des collectivités. Le mouvement social de Yorosso est récent par rapport à celui de Gao et Ansongo où les enseignants refusent d’évaluer les élèves jusqu’à la satisfaction de leurs revendications. Après les cinq jours d’arrêt de travail, les enseignants des trois cercles projettent d’aller en grève illimitée si d’ici là ils ne parviennent pas à un accord avec les autorités.



Après les magistrats, les enseignants du nord-Mali et les greffiers, c’est désormais au tour des travailleurs du ministère des affaires étrangères de monter au front de la contestation sociale. Dans une note adressée au ministère malien du travail, ces fonctionnaires ont fait état d’un préavis d’une grève de 72 heures à compter du 22 février prochain, pour revendiquer une amélioration de leur condition de travail et pour surtout dénoncer une mauvaise gestion managériale.

« L’arrêt de travail, d’une durée de 72 heures débutera le 22 février à partir de 00 heures et prendra fin le 24 février à partir de 00 heures, sur l’ensemble du département central et dans les missions diplomatiques et consulaires », peut-on lire dans la note de préavis qui a été transmise ainsi qu’un cahier de doléances.

Le syndicat dénonce, entre autres, des nominations arbitraires de conseillers dans les ambassades et consulats à l’étranger. Et comme les autres corps de métier, ils réclament de meilleures conditions de travail, des salaires plus ou moins adaptés à leur travail. Ils estiment aussi que leur corps est mal géré et qu’ils sont moins considérés par leur dirigeant. Ils tiennent pour preuve les nominations de conseillers qu’ils qualifient d’arbitraires, parce que ne respectant aucune hiérarchie, l’ancienneté ou même la formation académique et l’expérience. En cas de non-satisfaction de leurs doléances, ils devraient reconduire la grève, avertit la note.



Les travailleurs des collectivités territoriales aussi bandent leur muscle. Leur syndicat, le Syndicat National des Travailleurs des Collectivités Territoriales du Mali (SYNTRACT), a décidé « d’observer un arrêt de travail (grève) de 3 jours et une mesure conservatoire d’arrêt de mandatement des salaires des autres fonctionnaires, si les accords conclus( la prise en charge des salaires des fonctionnaires des collectivités du cadre de l’administration générale par l’état, l’application intégrale des 15 points d’accord du procès-verbal de conciliation 12 mai 2015, l’intégration à la fonction publique des collectivités territoriales des contractuels de 2011 à 2015), avec le gouvernement ne sont pas mis en œuvre. Selon Seydou Oumar Diallo, le secrétaire général du SYNTRACT, la grève débutera le 22 mars 2017 à 00 heures et le travail reprendra le 24 mars 2017 à 00 heure.



Le Syndicat des médecins du Mali (Syméma) a levé son mot d’ordre de grève de 48 heures (qui débutait le 2 février dernier), après que le ministre de la Santé et de l’Hygiène publique ait promis aux syndicalistes de faire libérer Dr. Drissa Coulibaly, incarcéré depuis le 9 décembre 2016. Ce dernier a été emprisonné, depuis le mois de décembre 2016, « pour avoir extrait une balle de la cuisse d’une dame à la Clinique Espoir ». Dr. Coulibaly, ignorant les règles en la matière, n’avait pas signalé le cas à la police après constat.

Sauf les médecins, tous ces corps réclament de meilleures conditions de travail. Aussi, un doigt accusateur est aujourd’hui pointé vers les principales centrales syndicales, notamment l’Union des travailleurs du Mali (Untm) dont les dirigeants seraient complaisants vis-à-vis de l’Etat. D’où la décision de ces syndicats de prendre leur destin en main.

Face à cette grogne qui risque de se généraliser, le gouvernement ne réussit pas pour le moment à trouver des solutions adéquates. Effectuant négociations sur négociations, sans réussir à calmer les ardeurs, le gouvernement risque d’aller au-devant d’une fronde sociale généralisée.

IBD



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