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Accusés d’être des terroristes ou de collaborer avec ceux-ci : Les leaders de l’association ‘’Tabital Pulaaku’’ appellent à la cessation immédiate de l’amalgame vis-à-vis des peulhs
Publié le mardi 21 fevrier 2017  |  Le Tjikan
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La Maison de la Presse a été prise d’assaut, le samedi 18 février dernier par la communauté peulh à l’occasion d’une conférence organisée par l’Association des Amis de la Culture Peulh ou ‘’Tabital Pulakuu’’. Les responsables de l’association ont appelé à la cessation immédiate de l’amalgame dont sont victimes les peulhs accusés souvent d’être des terroristes ou de collaborer avec ceux-ci. Cette rencontre intervient quelques jours seulement après le massacre des peulhs à Diawaribougou près de Ké-Macina par des chasseurs.

Cette rencontre était présidée par le président de l’Association Tabital Pulaaku, Abdoul Aziz Diallo. Il avait à ses côtés d’autres responsables notamment Boubacar Cissé, le député Idrissa Sankaré, Abdoulaye Yoro et Mme Haidara Aminata Dicko. C’était en présence de Mahmoud Dicko, président du Haut Conseil Islamique, des représentants des associations de défense des droits de l’Homme.

D’entrée de jeu, le président de Tabital Pulaaku, Abdoul Aziz Diallo a lu une déclaration liminaire dans laquelle, il a parlé de la situation d’insécurité galopante dans le pays qui a d’abord touché le Nord avant de s’étendre vers le centre et tout le reste du pays. Selon lui, cette situation d’insécurité a touché toutes les couches du pays à travers des enlèvements et disparitions de leaders communautaires, des assassinats en série d’autorités traditionnelles et élus locaux. Toutes choses qui ont causé des conflits intercommunautaires meurtriers, l’exil forcé de certains leaders communautaires à cause d’intimidations et de menaces de représailles, mais aussi, le déplacement des populations. Pour lui, c’est la communauté peulh qui est en train de payer actuellement le plus fort prix de cette situation avec de l’amalgame à son encontre.

« Tous les terroristes ne sont pas forcément des peulhs et tous les peulhs ne sont pas aussi des terroristes. Il y’a parmi eux des bambaras, des dogons, etc. », a-t-il-expliqué. Pour preuve dit-il, beaucoup d’élus locaux et autorités coutumières peulh ont été et continuent d’être victimes eux aussi de ces terroristes. Il a cité quelques exemples de violences à l’égard des peulhs dont le massacre de Doungoura (commune rurale de Toguerécoumbé) le 18 mars 2013, de Maleymana le 1er mai 2016 avec une trentaine de morts, l’assassinat des chefs de villages de Kéréna et de Koubou, du Maire de Boni, le ratissage par l’armée du village de Dialoubé, la récente attaque à Diawaribougou, Toundé et Tyaguel par des chasseurs pour venger l’assassinat d’un boutiquier par deux hommes parlant peulh.

Selon Abdoul Aziz Diallo, les personnes arrêtées dans le cadre de l’opération de l’armée à Dialoubé l’ont été en ville tandis que les cachettes des terroristes étaient signalées à une dizaine de kilomètres dudit village. C’est-à-dire, précise-t-il, entre Dialoubé et Diakankooré dans la forêt de Koubaye.

Le président de l’Association Tabital Pulaaku a condamné ces atteintes graves aux droits de l’Homme, contre les innocents et a invité l’Etat à prendre ses responsabilités. Avant de dénoncer les propos de certains médias internationaux qui, selon lui, traitent de djihadistes, les paisibles populations pasteurs de la région de Mopti. Toute chose qui, pour lui, contribue à favoriser l’amalgame selon lequel, « tout peulh est un terroriste ou un collaborateur des terroristes ».

L’association a en outre déploré les arrestations arbitraires dont sont victimes les populations civiles innocentes précisément à Dialoubé. C’est pourquoi, elle demande la libération immédiate des personnes arrêtées et de tous les innocents injustement détenus depuis longtemps.

L’association Tabital Pulaaku dit se réserver aussi le droit de saisir les juridictions nationales et internationales si les milices ‘’donzo’’ continuent à tuer les femmes et les enfants.

Comme doléances, l’association a demandé l’ouverture d’une enquête indépendante et impartiale pour tous les cas de violations des droits de l’Homme, précisément à Ke-Macina, de procéder à la dislocation par le gouvernement de toutes les milices et la récupération de toutes les armes illégalement détenues dans la région de Mopti dans un délai d’un mois. Mais aussi, la résolution par le gouvernement du problème de Sari dans le cercle de Koro et le retour des réfugiés peulhs au Burkina Faso, la protection des citoyens surtout les plus fragiles notamment les éleveurs transhumants sans défense et d’appuyer par les bonnes volontés les veuves, les orphelins et les déplacés des zones de conflits ayant un besoin pressant d’assistance.

Enfin, l’association Tabital Pulakuu a appelé au calme et à la retenue en invitant toutes les communautés sans distinction à continuer comme par le passé, à vivre ensemble dans le bon voisinage pour le bien de toutes les populations du Mali.

Les responsables de l’association ont signalé que l’association a effectué une visite à Ke-Macina après les affrontements meurtriers de la semaine dernière pour apporter son aide aux victimes.

Ils ont aussi dénoncé la création du Front de Libération du Macina par Hamadou Kouffa qui est, selon eux, à la base de tous les amalgames dont sont actuellement victimes les peulhs.

Le député Idrissa Sankaré pour sa part dira qu’à l’expiration du délai qu’ils ont donné au gouvernement pour désarmer les milices et toutes les personnes détenant illégalement des armes, les peulhs se défendront.

A sa suite, Mahmoud Dicko a invité les uns et les autres au calme et au sens de la responsabilité en évitant de tomber dans le jeu de l’ennemi qui ne cherche qu’à provoquer une guerre civile au Mali après l’échec de la tentative de partition du pays.

Le président du Haut Conseil Islamique du Mali a invité les une et les autres à ne pas tomber dans les pièges de l’ennemi. Car selon lui, le projet de déstabilisation du pays par ses ennemis tapis dans l’ombre a commencé d’abord au Nord en créant une atmosphère invivable entre les populations du Nord et du Sud. Et c’est après l’échec de ce projet qu’ils ont ainsi changé de fusil d’épaule.

Modibo Dolo
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