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L’Indépendant N° 3213 du 4/3/2013

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Soumaïla Cissé à propos de la crise politico-sécuritaire / » Il nous faut refonder la démocratie malienne à travers une réconciliation nationale véritable et durable »
Publié le lundi 4 mars 2013  |  L’Indépendant


© Autre presse par DR
Soumaïla Cissé, Homme politique malien
Homme politique malien


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» La crise malienne. Quel processus politique et quelle réconciliation nationale ? « . c’est le thème d’une communication que le leader de l’URD, Soumaïla Cissé vient de présenter, la semaine dernière, devant le Parlement européen. Pour ce natif de Niafunké et probable candidat à l’élection présidentielle du juillet prochain, il faut un véritable plan Marshall pour le Mali en vue de rééquilibrer le développement du territoire.

Le leader de l’Union pour la République et la démocratie (URD) a commencé son intervention avec une anecdote sur le fait qu’il est originaire de Tombouctou, dans le Nord du Mali.

Pour Soumaïla Cissé, les terroristes ont soumis ces populations à toutes sortes d’exactions, de violences et d’humiliations, entraînant le déplacement d’environ un demi-million de personnes à l’intérieur et hors du territoire national. Il a exprimé sa fierté de voir que la communauté internationale a répondu à l’appel du Mali. Grâce à l’intervention de l’armée française et des armées africaines aux côtés des forces armées du Mali, dans le cadre des résolutions 2056, 2071 et 2085 du Conseil de Sécurité des Nations Unies, a-t-il indiqué, le Mali recouvre progressivement son intégrité territoriale. «Mais nous sommes conscients que, cette assistance militaire, pour aider le Mali à recouvrer sa souveraineté sur l’ensemble de son territoire, doit être rapidement relayée par un processus politique et une réconciliation nationale pour apporter une réponse rapide, efficace et surtout durable à la crise de développement et de gouvernance qui sont les causes profondes de cette crise», a souligné l’ancien président de la Commission de l’UEMOA .

Parlant du processus politique, Soumaïla Cissé a indiqué qu’il doit comporter deux volets

Le premier volet est un dialogue politique inclusif sur l’avenir des régions du Nord.

Pour lui, la première leçon à tirer de la crise, c’est le besoin impérieux de rupture dans la manière de gérer l’ensemble du Mali en général et les régions du Nord en particulier. C’est pourquoi, a-t-il ajouté, il est indispensable et urgent de mettre en place un dialogue politique inclusif afin d’écouter les différentes composantes des régions du Nord sur leur vision et leur conception de l’avenir, de leur avenir, vivant ensemble, en harmonie et en complémentarité comme par le passé. C’est aux habitants de ces zones qu’il revient d’abord, a-t-il insisté, d’analyser objectivement leurs préoccupations et les solutions préconisées, afin d’y apporter des réponses à la hauteur des enjeux, compatibles avec les exigences d’un Etat où continue de prévaloir la riche diversité ethnique, culturelle et religieuse. «Dans un conflit, la cessation des hostilités n’est en effet qu’une étape vers le règlement définitif. Après la reconquête militaire des territoires occupés, le Mali ne pourrait faire l’économie d’un dialogue inter-malien pour régler ce douloureux conflit fratricide. Il s’agit de libérer la parole pour que les gens puissent dire ce qu’ils ont sur le cœur et indiquer leurs réelles attentes : c’est, peut-être le plus gros défi. Il faut absolument amener les gens à s’élever au-dessus de la mêlée pour garantir la paix et éviter des situations de règlement de compte».

Avec qui négocier et à quelles conditions ?

Pour M. Cissé, un processus politique inclusif ne doit à priori exclure personne. Ainsi, les mouvements armés, les groupes ethnoculturels de résistance, les associations de la Société civile, les élus, les leaders religieux et coutumiers des régions du Nord, en premier lieu, et ceux des autres régions du Mali aussi, ont tous vocation à prendre part au nécessaire dialogue inter-malien.

A l’en croire, il faut assurer la prise en compte des intérêts de toutes les populations maliennes sans distinction de race, d’ethnie et de religion dans la refondation d’un Etat malien républicain et laïc, dans la restauration de la nation sur le socle de la justice et de la démocratie. «C’est cela le fondement du vivre et du construire ensemble. Ensemble ? oui, car il n’y a pas d’autre choix : ce pays appartient à tous, il nous est prêté par nos petits-enfants, nous devons le leur léguer, plus prospère, plus intégré et plus solidaire. C’est le minimum des devoirs pour les « descendants des bâtisseurs d’Empire », titre que tous, et, ensemble, nous revendiquons, légitimement !

Ainsi, tous doivent accepter: le respect sans équivoque de la Constitution du Mali dans son essence, en particulier dans ses dispositions relatives à l’intégrité du territoire, à son indivisibilité, à la laïcité et au caractère républicain de notre Etat; l’acceptation de la traduction devant la justice nationale /et ou internationale des personnes (de tous bords) sur lesquelles pèsent de sérieuses présomptions de crimes à l’occasion du conflit».

Quoi négocier ?

Pour Soumaïla Cissé, deux sujets sont à négocier: l’avenir institutionnel des régions du Nord et leur développement socioéconomique intégré.

Concernant l’avenir institutionnel des régions du Nord, le fondateur de l’URD a mis l’accent sur la pluralité des communautés vivant dans le Nord du Mali. Elles sont riches d’une diversité comprenant nomades comme sédentaires, blanc comme noirs qu’ils soient d’ethnie sonrhai, Touareg, Peul, Maures, Arabes, Bozos et bien d’autres.

Avec la crise et ses effets pervers, avec les divergences sur l’analyse de l’avenir institutionnel de ces régions et la crispation due aux évènements actuels, tout cela fait qu’il est difficile d’avoir des discussions productives et apaisées dans le contexte actuel. Dans ces conditions, a-t-il souligné, toute idée d’autonomie, à fortiori de fédéralisme, ne manquerait pas d’exacerber les tensions communautaires au Nord d’une part, et entre le Nord et le Sud d’autre part, car cela touche au partage de compétences et de ressources, entre autres.

Pour M Cissé, il faut avoir à l’esprit qu’avec une population représentant 10% de la population malienne sur un territoire représentant les 2/3 de la superficie du pays, avec des ressources très limitées, les plus faibles du pays, le fédéralisme serait un très grand défi. En revanche, on s’accorde généralement sur le fait que la décentralisation en vigueur au Mali n’a pas été exploitée à fond.

La crise offre donc l’opportunité de donner un nouvel élan à la décentralisation malienne avec un transfert effectif des compétences et des ressources sur le terrain dans les domaines légalement transférés comme l’hydraulique, l’éducation et la santé, ainsi que sur des questions sensibles comme les aspects culturels et linguistiques pour une meilleure prise en charge des diversités.

Pour Soumaïla Cissé, «il faut donc un véritable plan Marshall pour le Mali en vue de rééquilibrer le développement du territoire. Un véritable centre névralgique d’activités dans le nord du pays pourrait être une piste à explorer car c’est le développement économique qui permettra d’éradiquer le terrorisme». autres composantes de la nation malienne dans le cadre d’un forum national sur le Nord. …

Le deuxième volet du processus politique est l’organisation d’élections transparentes et crédibles…. Le processus politique à mettre en place doit refonder la démocratie malienne à travers une réconciliation véritable et durable. Et le leader de l’URD de souligner que la gestion de l’après-crise doit interpeller tous les Maliens soucieux de l’avenir et de la stabilité de la nation, tant le conflit a créé des déchirures dans la société.

Comment réparer les blessures et réduire les fractures ? Comment reconstruire le « vivre ensemble » entre les divers groupes ethnoculturels du pays ? Ce questionnement aussi complexe que pertinent constitue tout l’enjeu des prochains mois, voire des prochaines années. Il s’agira de reconstruire les liens sociaux brisés, et de prendre en charge la gestion adéquate des problèmes aussi bien des populations résidentes que des déplacés et des réfugiés.

«A cet égard, le » Vivre ensemble » passera aussi par l’apurement des situations conflictuelles récurrentes comme les questions foncières. Au-delà du règlement du conflit, la réconciliation doit ainsi viser son dépassement par la reconstruction d’une société capable d’affronter une histoire commune en acceptant ses aspects souvent douloureux. La réconciliation doit en effet s’accompagner d’un pardon sincère non pas par l’effacement du passé, mais par son dépassement pour envisager un avenir commun qui reconnaît les droits et devoirs de chaque communauté à travers des solutions équilibrées et respectueuses des identités».

Pour y arriver, à en croire Soumaïla Cissé, le Mali doit puiser dans son socle culturel les moyens et instruments endogènes de médiation sociale pour ré-incarner et ré-inventer les solutions les mieux adaptées à sa situation.

La société malienne dispose en effet de formules socioculturelles rodées de réconciliation qu’il faudra nécessairement revisiter et valoriser. «Nous devons rechercher dans notre mémoire collective les mythes, les us et coutumes, les faits culturels propres aux différents groupes ethnoculturels capables de nous aider à refonder ce « vivre ensemble » largement entamé», a-t-il ajouté. Il faut encourager le dialogue inter et intra-communautaire inclusif, en commençant par sécuriser, et accompagner le retour des déplacés et des réfugiés. La tolérance, le dialogue et l’affirmation de valeurs communes en matière de libertés fondamentales et de droits humains doivent être les piliers de cette nécessaire reconstruction.

Et Soumaïla Cissé d’insister sur l’institution de » Comités Vérité et Réconciliation » , de même que l’adoption d’une « Charte du Vouloir Vivre Ensemble « …

Bruno D SEGBEDJI

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