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Scandale Diplomatique : Le Mali ne décore ni n’assiste aux obsèques des 26 soldats tchadiens
Publié le lundi 4 mars 2013  |  Le Procès Verbal




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Et à Koulouba, où on s’est rendu compte de la bourde, Dioncounda Traoré met les bouchées doubles pour réparer les dégâts.

Les autorités tchadiennes ont rendu, vendredi 1er mars 2013, un hommage solennel aux 26 militaires tchadiens morts lors des combats au Mali; ils ont été décorés à titre posthume par le président Idriss Deby Itno, au cours d’une journée de deuil national.Les 26 militaires sont enterrés dans un cimetière militaire aménagé pour la circonstance à N’Djamena. Ils ont succombé après les combats ayant opposé le contingent tchadien déployé au nord-Mali à des jihadistes, le 22 février, dans le massif des Ifoghas. « Par votre sacrifice, vous avez défendu l’honneur et fait la fierté de toute la nation tchadienne », a déclaré le ministre chargé de la Défense, MbainodoTotala. « Les Etats ont des frontières, certes. Par contre, le terrorisme n’a pas de frontière. J’en appelle à tous les Etats pour une synergie d’action afin de combattre ce fléau », a-t-il dit, au cours d’une cérémonie à laquelle participaient des officiers de pays d’Afrique de l’Ouest. Alors que la radio nationale tchadienne faisait état de 25 soldats tués, 26 cercueils ont finalement été débarqués sur l’aéroport militaire de N’Djaména. Les affrontements ont également fait 50 blessés côté tchadien, et 93 morts dans le camp des islamistes armés, selon l’état-major tchadien. Le Tchad, qui a déployé plus de 2.000 hommes au Mali, est en première ligne aux côtés de l’armée française dans le massif des Ifoghas, où se sont retranchés les jihadistes après avoir été chassés des grandes villes du Nord qu’ils occupaient depuis 2012.

D’éminents soldats

Parmi les militaires décédés, figurent 4 colonels et 2 commandants, dont l’un des plus hauts responsables de la garde présidentielle tchadienne. C’est déjà là un motif de colère du président tchadien qui avait longtemps hésité avant d’accepter l’envoi de soldats au Mali, craignant la désorganisation institutionnelle du Mali et l’inefficacité de la CEDEAO. Deby a un autre de colère: l’inertie de la MISMA, la force africaine censée prendre, à bref délai, le relais des forces françaises. Il a donc vertement appelé, mercredi, la force ouest-africaine et l’armée malienne à accélérer leur déploiement dans le nord du Mali pour combattre, avec les soldats français et tchadiens, les jihadistes. Dans la région montagneuse des Ifoghas, entre Kidal et Tessalit, dernier refuge des islamistes en fuite, la traque est menée par les seules troupes françaises Tchadiennes, alors que le Tchad n’est pas membre de la CEDEAO. Mais la plus grosse colère de Déby vient de la gaffe diplomatique que le gouvernement malien vient de commettre.

Faute malienne

En effet, lors de la cérémonie d’inhumation des 26 soldats, qui eut lieu vendredi 1er mars à N’Djamena sous la présidence de Deby lui-même, tout le monde a été surpris de constater l’absence d’une délégation malienne.Certes, le ministre de la défense malien Yamoussa Camara était présent, mais il figurait dans la délégation de la MISMA et ne représentait pas officiellement le gouvernement malien. Le maître de cérémonie, présentant les différentes délégations présentes, a cité celle de la MISMA et non celle du Mali, car le Mali n’avait pas envoyé une délégation de haut niveau, contrairement aux attentes des Tchadiens. C’est un officier nigérien qui a pris la parole, au nom de la CECDEO, pour rendre hommage aux soldats tombés. Pas d’hommage venant du coté malien. Cette absence de délégation officielle du Mali ne fut guère, on s’en doute, du goût des Tchadiens. Selon des sources à N’Djamena, le petit peuple tchadien ne fait que fustiger l’absence du Mali, un pays traité d’ingrat non seulement par les citoyens mais aussi dans les hautes sphères du pouvoir. Les Tchadiens ne comprennent pas qu’ils aient accepté d’envoyer au Mali leurs meilleurs soldats pour, ensuite, se voir récompensés de la sorte.

La faute du Mali est patente du point de vue diplomatique. Elle devient encore plus lourde quand on se souvient que le président Dioncounda Traoré s’est empressé de délivrer des médailles militaires aux deux soldats français morts au combat et aux soldats togolais décédés dans un accident de la route. Pourquoi décorer ces soldats et ignorer les Tchadiens dont le nombre et le grade sont beaucoup plus élevés ? Enfin, la faute diplomatique malienne se double d’une faute religieuse. Sachant que les militaires techdiens décédés sont musulmans, une prière funéraire aurait dû être organisée par le gouvernement à leur intention, ce qui ne fut pas fait en l’occurrence.

La faute à qui ?

A qui imputer cette cascade de fautes ? Sans doute pas au peuple malien qui n’a pas assez de mots pour exprimer sa douleur de voir mourir pour sa défense des soldats étrangers. Il faut plutôt pointer du doigt l’incurie du ministère des affaires étrangères et des services du protocole maliens qui auraient dû avoir le réflexe de suggérer les bonnes pratiques au chef de l’Etat. Mais comme dans ce pays, tout se fait dans la plus grande légèreté, il ne faut s’attendre à aucune sanction. D’ailleurs, quand le président Dioncounda lui-même a été tabassé par des manifestants, ni le ministre de la défense, ni son homologue de la sécurité n’ont démissionné alors qu’ils avaient la charge de protéger la première institution nationale.

Aux dernières nouvelles, Dioncounda Traoré tente de mettre les petites calebasses dans les grandes pour réparer les bourdes commises. Selon des sources bien informées, il se prépare à effectuer lui-même le voyage du Tchad, accompagné du président du Haut conseil islamique, du chef de l’église catholique et de celui de l’église protestante pour aller présenter ses condoléances et les excuses officielles du Mali à Idriss Déby. Le grand chancelier des ordres nationaux devrait faire partir de la délégation puisqu’il s’agira aussi de décorer les militaires tchadiens décédés.

Ce tort une fois réparé, il faut espérer que le président Dioncounda Traoré songe à faire un geste fort au profit de nos propres soldats qui tombent sur le champ d’honneur. A ce jour, nul ne sait qui est mort ni comment. Aucune cérémonie funèbre n’est organisée à leur intention ni aucune décoration officielle remise, alors que devant chaque soldat français vient s’incliner le président français en personne. On ne peut parler d’oubli du gvouvernement malien puisque chaque mercredi, il n’oublie jamais de nommer une flopée de hauts fonctionnaires ! On ne sait même pas ce que deviennent les familles des soldats maliens décédés. La moindre des choses serait de mettre le drapeau malien en berne puisqu’on a déjà pensé à suspendre l’émission musicale « Top étoiles »…

Abdoulaye Guindo et Tiékorobani

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