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L’Etat malien devenu brigand : La France empêche le Mali de détourner 6,5 milliards des opérateurs téléphoniques
Publié le lundi 4 mars 2013  |  Le Procès Verbal




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C’est l’affaire la plus fumeuse de la Transition. Et comme à son habitude, Procès-Verbal vous en livre la primeur. Les sociétés de téléphonie du Mali étaient, jusqu’à récemment, au nombre de deux: Malitel et Orange Mali.

Ces sociétés dégagent de gros bénéfices mais n’arrivent pas à couvrir toutes les zones géographiques du Mali, soit parce que ces zones sont vides de clients (Taoudéni, Ménaka, etc.), soit parce qu’elles sont trop éloignées et que l’installation des équipements téléphoniques y reviendrait, de ce fait, trop cher. Comme l’Etat malien n’a pas les moyens d’équiper ces zones et que l’accès de tous les citoyens aux services téléphoniques est un droit, les sociétés de téléphonie ont décidé de constituer un fonds commun alimenté par une partie de leurs ressources annuelles. Ce fonds commun est appelé, dans le jargon du métier, Fonds d’Accès Universel. Le mot sous-entend « accès de tous les citoyens maliens à la téléphonie ». Au fil des ans, le Fonds a atteint 10 milliards de nos francs. Du coup, il a attiré l’oeil du gouvernement malien qui a vite monté un système tendant à puiser dans le Fonds.C’est ainsi que les ministère de la poste et des nouvelles technologies, associé à celui des finances et à la direction financière de la présidence de la République ont préparé un projet de décret portant adjudication à un commerçant de la place d’un marché de livraison de 200 véhicules tout terrain destinés à l’armée malienne. Le gouvernement croit que le projet de décret passera comme lettre à la poste puisque le pays se trouve en guerre et que l’armée se plaint d’un manque d’équipement. Mais le projet de décret masque mal des questions très troublantes.

Financement illicite

C’est louable pour un gouvernement d’acheter des véhicules pour ses soldats mais c’est beaucoup moins louable de vouloir financer l’achat sur l’argent d’autrui. Le projet de décret prévoit de prélever 6 milliards et demi de nos francs sur le Fonds d’Accès Universel, c’est-à-dire le Fonds commun constitué par les deux opérateurs téléphoniques privés Malitel et Orange. Les sommes issues de ce fonds n’appartiennent pas à l’Etat qui ne peut donc pas en disposer. En outre, ce Fonds est censé servir à étendre ou à améliorer le réseau téléphonique national, pas pour faire la guerre. Enfin, pour piocher dans le Fonds, le gouvernement de Django Cissoko n’a même pas cru utile de consulter les opérateurs téléphoniques. En somme, le gouvernement se comporte là comme un cambrioleur décidé à spolier des privés de leurs biens sans autre forme de procès!

Attribution de marché très douteuse

Comme c’est souvent le cas au Mali, le gouvernement, à travers son projet de décret, retient un adjudicataire avec lequel il s’est entendu directement, sans aucun appel à la concurrence. Pourquoi violer les règles de la concurrence alors qu’il s’agit d’offrir un service public et que le gouvernement agit au nom de l’Etat ? Le projet de décret justifie le choix par entente directe par « l’urgence » de livrer les véhicules. Il oublie que pour avoir signé, sans appel d’offres et pour cause « d’urgence », des contrats d’équipement d’ubn laboratoire, l’ex-ministre de la santé vient de passer devant la cour d’assises!

L’heureux adjudicadaire qui allait mettre la main sur la cagnotte des 6,5 milliards s’appelle Babouya Sylla. C’est le petit-frère du richissime Bakorè Sylla, lequel est connu pour ses liens incestueux avec l’Adema; on ne connaît à Babouya aucun antécédent dans la fourniture de véhicules à l’Etat. Pourquoi choisir clandestinement Babouya alors que sur la place, on compte au moins deux grandes sociétés de distribution de véhicules: Malienne de l’Automobile et CFAO Motors ? Ces sociétés ne sont-elles pas infiniment plus expérimentées et crédibles dans le domaine automobile que Babouya ?



Des clauses suspectes



A la lecture des conditions d’adjudication prévues par le projet de décret, le gouvernement se contente de demander à Babouya Sylla, son grand ami, de fournir 200 véhicules 4X4 dans un délai de 35 jours. Mais rien n’est dit quant aux spécifications techniques des véhicules 4X4. Une façon à peine voilée de permettre à Babouya Sylla de livrer n’importe quoi, y compris des chinoiseries ou des 4X4 coréens. Or les spécialistes sont unanimes à reconnaître que pour donner la chasse aux très rapides colonnes jihadistes sur le sable, il faut des véhicules d’au moins 6 cylindres et à essence. Or aucune exigence du genre n’est imposée au client chouchou du gouvernement qui pourrait très bien livrer des véhicules diesel made in Mongolie sans violer le contrat. Et puis, le projet de décret ne prévoit aucun mécanisme de contrôle de la sincérité des prix auxquels Babouya livrera les véhicules. Le prix unitaire retenu dans le projet de décret est de 23,5 millions de FCFA. Ce prix est largement supérieur aux prix pratiqués sur le marché et des experts nous indiquent qu’à ce tarif, Babouya dégagerait un bénéfice minimal de 5 millions de FCFA par véhicule, soit, au total, un bénéfice de 1 milliard. Et s’il choisit d’acheter des chinoiseries plutôt que des véhicules japonais, son bénéfice atteindra le double, voire le triple. Bien entendu, il serait très mal avisé de bouffer tout seul tout cet argent…

Bref, l’affaire sent la magouille à plein nez. De nombreux ministres, non impliqués dans le montage du dossier, ont fait part, en privé, de leurs réserves au chef de l’Etat. Mais pour que la combine foire totalement, il a fallu une mise en garde amicale de la France qui détient, à travers Orange Mali, des intérêts financiers importants. La mise en garde est venue de l’ambassade de France au Mali et du directeur général d’Orange Mali. En fin de compte, le projet de décret a été retiré purement et simplement de l’ordre du jour du conseil des ministres de mercredi 27 février. Dioncounda, au moment où le pays se trouve en guerre, ne pouvait se payer le luxe d’un scandale financier doublé d’une brouille avec la France, la libératrice nationale ! Si l’affaire n’avait pas foiré, le gouvernement aurait sans doute monté un nouveau marché bidon pour racler les 4 milliards qui resteraient dans le Fonds d’Accès Universel. Et à cette occasion, il aurait peut-être commandé des bottes et des lunettes de soleil à Babouya Sylla, hein ?

Tiékorobani

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