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Kafougouna Koné-Amadou Toumani Touré: Fidélité et loyauté jusqu’au bout !
Publié le jeudi 16 mars 2017  |  Le Soft
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© Autre presse
Ex président du Mali, Amadou Toumani Touré
Renversé le 22 mars par la junte militaire l`Ex président du Mali, Amadou Toumani Touré
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Décédé le vendredi 10 mars 2017, le Général Kafougouna Koné est l’Homme pour qui les Maliens, de tous bords sociopolitiques, ne tarissent pas d’éloges. A l’avis de tous, ce valeureux Soldat qui vient de rendre définitivement le tablier, est non seulement un patriote convaincu, mais aussi et surtout un modèle, tant il a été honnête et loyal ici-bas.

Pétri d’expériences et plein de sagesse, c’est dans la nuit du 25 au 26 mars 1991 que Kafougouna Koné, alors Colonel et Chef d’Etat-major de l’Armée de Terre, surprendra un homme auquel il a fait parfaitement confiance.

Cette nuit-là, alors que les forces vives de la nation malienne, endeuillées, mais unies comme un seul Homme pour mettre terme au régime dictatorial du Général Moussa Traoré, des Chefs militaires et paramilitaires se sont vus en cachette pour décider de ce qu’il y avait lieu de faire pour mettre fin à la boucherie.

Au sortir de leur réunion, un homme est choisi pour mettre fin à la violence. Or, déjà, tout le monde avait appris que le lendemain, le 26 mars, le Dictateur Moussa Traoré allait mettre du feu à la Bourse du Travail, lieu de rencontre des Révolutionnaires. Il fallait, donc, faire incognito quelque chose. Cela, vite et très vite.

Dans la foulée, le Lieutenant Amadou Toumani Touré, alors Commandant des commandos parachutistes, est conduit au palais par deux militaires proches du Président Traoré. Une fois à Koulouba, ils trouvèrent ce dernier et son fils Idi en train de concocter une série de mesures ultimes à prendre pour le lendemain. Mais ce fut déjà trop tard.

Condamné à sauver son peuple, le Lieutenant Amadou Toumani Touré accompagné de Biris, ouvre la porte du bureau du Général sanguinaire et dit :

«Mon Général, compte tenu de tout ce qui s’est passé aujourd’hui (25 mars 1991) et ce que vit actuellement notre Peuple, nous vous mettons immédiatement en état d’arrestation, pour vous mettre hors d’état de nuire, et surtout pour votre propre sécurité…».

Ainsi, après 23 ans de pouvoir sans partage, Moussa Traoré est vaincu sans un seul coup de feu jusqu’à son bureau présidentiel.

Mission accomplie, ATT, le héros mandaté par l’ensemble des Chefs militaires pour exécuter la partie militaire du putsch, ne veut pas garder le pouvoir. Pour le Lieutenant Touré qui se souciait surtout de la sécurité de Moussa Traoré et de sa famille, son œuvre consistait surtout à « mettre Moussa hors d’état de nuire ». La confusion est à son comble. ATT ne veut pas du pouvoir, il faut trouver quelqu’un.

Au cours d’une réunion des officiers, le tombeur de Moussa, alors Commandant des Commandos parachutistes de Djicoroni déclare :
«Voici le pouvoir, il appartient au Peuple, qu’il en fasse ce qu’il veut, le Président Moussa est hors d’état de nuire et je l’ai mis en lieu sûr, lui et sa famille».
Dans la salle, rétorque Kafougouna Koné, alors Colonel Chef d’Etat-major général de l’Armée de Terre :
«Non, non mon Lieutenant, personne ne va prendre le pouvoir à ta place. Nous t’avons accompagné, tu as donné ta vie. Donc, tu vas assurer les fonctions de Chef de l’Etat en tant que Président du CTSP, jusqu’à l’instauration d’un pouvoir démocratique à l’issue des élections transparentes».

Depuis, entre Kafougouna et ATT, c’est la complicité et la loyauté. De 2002 au coup d’Etat de mars 2012, les deux hommes ont initié ensemble des projets pour le développement économique et social du Mali.

Aujourd’hui, l’héritage d’ATT et de Kafougouna en matière de développement de l’administration territoriale et des collectivités locales est impérissable.

Aujourd’hui, le Mali est l’un des rares pays au monde à avoir un système d’intégration cohérant dans la fonction publique des collectivités. Il s’agit pour les initiateurs, de faire en sorte que chaque collectivité puisse se prendre en charge afin de décharger le vieil Etat centralisé hérité des indépendances.

Bien de réformes administratives ont permis depuis une décennie, de faire du Mali un Etat de droit doté des Institutions fortes, avec surtout des politiques de renforcement des capacités initiées à long terme.

Autrement, c’est au-delà de cette politique de décentralisation qui s’est avérée nécessaire et bénéfique pour le Peuple malien qu’ATT et Kafougouna ont réalisé ensemble une série de reformes institutionnelles pour un Etat fort et juste.

Une conviction qui l’a maintenu au Ministère de l’Administration Territoriale et des Collectivités locales jusqu’aux évènements de mars 2012.

Somme toutes, les relations entre les deux Généraux à la retraite étaient loin d’un simple rapport entre copains. Il s’agissait d’une complicité basée sur le désir de bien faire. Et ensemble, ils ont fait ce qu’ils ont pu.

Derniers souvenirs

Le 21 mars 2012, alors que les putschistes venus de Kati lançaient des roquettes sur le palais présidentiel de Koulouba, le Président ATT lui, refuse de quitter ses bureaux.

A la différence de l’écrasante majorité des ministres qui ont fui les lieux, Kafougouna Koné refusa aussi de rentrer chez lui sans son ami Président. Il a fallu l’intervention une intervention rapide des bérets rouge ayant abouti à l’évacuation du Président pour que Kafougouna se soit rassuré et accepte de rentrer.

L’après mars 2012

De mars 2012 à mars 2017, quatre années ont passé. Avant de partir, le Général Kafougouna qui écrivait ses mémoires, a, malgré les difficultés supportées, tenu à conseiller et soutenir son ami ATT de son exil dakarois. Il ne se passe pas un seul jour sans que les deux hommes ne soient parlé, sait-on.

Figure emblématique de l’Armée et de l’Administration maliennes, Kafougouna, devoir accompli, la tête haute, est donc parti cette nuit du 9 au 10 mars 2017 à l’âge de 73 ans.

Un jour de 2015, il nous a confié à qu’il était en train de rédiger ses mémoires. Des mémoires sans doute d’un homme tranquille dans son âme et fier de tout ce qu’il a fait et su faire avec courage et abnégation. Car avant de rendre définitivement le tablier, Kafougouna ne se reprochait rien et ne reprochait rien à personne. Son souci était que le Mali reprenne les rails. Hélas !

Dors en paix Général !

IMT
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