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L’Essor N° 17387 du 7/3/2013

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Gao : L’école respire doucement
Publié le jeudi 7 mars 2013  |  L’Essor


© aBamako.com par S. A
Education nationale : Reprise des cours à Gao
Mardi 05 mars 2013. Gao. Les élèves regagnent les classes.


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Malgré la détermination des acteurs, les difficultés sont bien réelles. La vie retrouve tout doucement son cours normal à Gao. Les cours ont repris dans les écoles. Au lycée Yana Maïga qui accueille 535 élèves et 37 enseignants, la cour est animée. L’établissement est situé pourtant dans le quartier administratif, une zone considérée aujourd’hui comme dangereuse car c’est là qu’ont eu lieu de violents combats entre les forces armées et les éléments infiltrés du MUJAO qui avaient investi le commissariat de police, la mairie et le palais de justice.


«Après le départ des Moudjahidines, nous nous sentons aujourd’hui en sécurité avec le retour de l’Etat. C’est vrai que nous avons connu des moments difficiles lors des attaques successives dans ce quartier, mais tout est revenu à la normale», se réjouit Ibrahim Maïga, le censeur du lycée. La sécurité du lycée Yana Maïga est assurée par des gendarmes et des gardes nationaux. Ce sont eux qui ont évacué les élèves du lycée lors des attaques de la mairie et du palais de justice.

Le censeur se souvient du jour de l’attaque. «Ce jour là, les élèves ont eu la plus grande peur de leur vie car les coups de feu à l’arme lourde ont commencé quand nous étions en plein cours. Ça faisait beaucoup de bruit. Nous avons eu très peur car nous pensions que nous étions visés. Ça criait partout dans la cour. Certains élèves se sont cachés sous les bancs et les tables. D’autres couraient dans tous les sens. Ça a duré à peu près une heure et les militaires sont venus et ont évacué tout le monde.»

Aujourd’hui, le lycée Yana Maïga fonctionne avec seulement 37 professeurs alors qu’ils étaient 85 avant la prise de Gao par les islamistes le 31 mars 2012. Il est vrai qu’il y avait aussi 1700 élèves avant l’occupation. «Aujourd’hui, notre lycée est confronté à un problème d’enseignants, de matériel didactique et de bureau. On n’a même pas une photocopieuse pour reproduire nos documents», constate Ibrahim Maïga qui assure que les professeurs n’ont pas de problème de salaire. Il appelle de ses vœux le retour de tous les professeurs et la dotation du lycée en matériel et fournitures indispensables au bon déroulement des cours.

Au complexe scolaire Soni Ali Ber dans le quartier Château, les cours se passent actuellement dans des conditions difficiles. Avec la crise, cette école privée a perdu près de la moitié de ses élèves. «Notre effectif était de 732 élèves mais aujourd’hui nous n’en avons que 416. Les autres sont partis avec leurs parents vers le sud du pays», explique Moussa Maïga, le directeur du complexe.

Dans cet établissement, nous avons été frappés par un fait : les filles et les garçons sont séparés dans les classes. Cette mesure avait été imposée par les islamistes qui occupaient la ville. «Quand les cours ont redémarré dans les écoles, la séparation des filles et des garçons était une des conditions imposées par les islamistes. Après leur départ, ce dispositif est toujours le même mais je ne pense pas que ça va encore durer», explique le directeur.

En classe de 9è année, les 20 élèves présents sur un effectif de 50, étaient en train de traiter un sujet d’actualité : « l’unité nationale est menacée par une rébellion au nord du Mali. Ecris une lettre à tes camarades afin qu’ils soutiennent l’armée dans la restauration de la paix nationale ». Dans la classe de 6è année, les élèves étaient, eux, concentrés sur la lecture d’un texte sur « les effets indésirables de la pollution ».

Les enseignants de cette école sont très impliqués malgré les difficultés. «Ça fait plusieurs mois qu’on ne touche pas nos salaires. Souvent personnellement, j’ai envie de décrocher mais je pense à l’avenir des enfants et je reprends le courage pour venir dispenser les cours», avoue une enseignante de la 6è année, Mme Maïga Sagaba Alousseyni. «Avec la crise, l’effectif de l’école a diminué et la plupart des parents des élèves qui sont restés, n’arrivent pas à payer les frais de scolarité. Nous sommes vraiment confrontés à ce problème. Nous sommes en train de nous sacrifier pour donner le minimum sinon en réalité tous les enseignants ont le moral cassé», avoue le directeur du complexe.

C’est le 11 janvier dernier que les cours ont repris à l’école privée « Le Liptako » qui compte actuellement 67 élèves de la première à la sixième années. Ici, les élèves apprennent l’anglais à partir de la 5è année et s’initient très tôt à l’informatique. Avec les coupures d’électricité, la salle informatique n’est plus opérationnelle. La particularité de cette école est qu’elle est très propre et bien ordonnée. Le directeur, Abdoul Karim Diallo, estime que Gao retrouvera rapidement la paix et la sécurité.

Le complexe scolaire Soni Ali Ber et l’école privée « Le Liptako » se trouvent dans la zone sécurisée par les forces spéciales de l’armée malienne.

Envoyés spéciaux

M. KEITA

A. SISSOKO

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