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Le Républicain N° 4575 du 1/3/2013

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Parcelles aménagées de Samanko / Sous emploi, manque de financement et gangrène pour les femmes
Publié le jeudi 7 mars 2013  |  Le Républicain


© Autre presse par DR
Femme malienne


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Le maraîchage est une activité très pratiquée par les femmes maliennes. C’est un moyen honnête, pour elles, de sortir de la pauvreté. Seulement, les terres ne leur appartenant pas pour la plupart du temps, elles sont le plus souvent sous employées par les propriétaires des parcelles. Et les rares femmes qui possèdent un lopin de terre manquent de sources de financement pour réussir leurs activités.
Sous le soleil accablant du mois de mars à Bamako, elles sont courbées en deux avec leurs dabas pour labourer les parterres, d’autres tiennent en mains un lourd tuyau de motopompe pour arroser choux, oignons, navets, carottes et autres légumes plantés. Cette scène se passe à Samanko situé à 5km de Bamako où se trouve une société coopérative des exploitants de parcelles aménagées. Dans cette coopérative de 100 hectares, la main d’œuvre est constituée essentiellement de femmes. « Ici, nos employés sont surtout des femmes, la main d’œuvre se fait rare et les hommes n’aiment pas venir travailler ici », explique Sata Kéïta, propriétaire de parcelles. Elle fait partie de ces quelques femmes qui ont pu bénéficier de parcelles au sein de la coopérative de Samanko. La coopérative de Samanko a été octroyée aux « déguerpis » de la zone ACI 2000 et autres parties par le gouvernement malien. Cet espace est exploité essentiellement par les femmes, entre celles qui possèdent leurs propres parcelles et celles qui sont employées par des hommes ou par leurs paires. La tâche est lourde pour ces exploitantes terriennes. Elles sont obligées de se lever très tôt le matin pour s’acquitter des tâches ménagères (préparer le petit déjeuner, préparer les enfants pour l’école et faire la cuisine du déjeuner) avant de se rendre au centre.
Les sous-employées du centre
Après le rachat de cette terre par le gouvernement, les populations de Sodjéni, Katibougou, Winzin et Samanko se sont vu dans l’obligation de céder les surfaces sur lesquelles elles travaillaient pour subvenir à leurs besoins.
Habi Kéïta, mariée et mère de 6 enfants, travaille dans le centre et elle est payée à la journée. Son gain est insignifiant par rapport à l’effort physique qu’elle produit sous le soleil de plomb. Le labour d’une parcelle est payé entre 25F- 50FCfa et la dame perçoit 1000FCfa à la fin de la journée. « Moi, on me donne 1000f après ma journée. Je crois qu’ils ne comptent pas exactement le nombre de parcelles que je laboure sinon ça doit faire plus que ça. C’est à cause de la pauvreté que je suis là ; si je trouve autre chose, j’arrêterai ce travail », dit elle. Habi exerce ce métier de maraîchage depuis 4ans et il y a seulement moins d’un an qu’elle a rejoint la coopérative. Avant, elle travaillait sur les parcelles appartenant à des particuliers et elle était également mal rémunérée. Mais, au moins, elle pouvait rentrer chez elle avec quelques fruits de sa récolte. Mame Dacko est une jeune femme qui vit la même situation difficile que Habi. Elle travaille sur les parcelles d’autrui et estime qu’elle est très mal payée comparativement à l’effort qu’elle fournit. «Si au moins, la terre nous appartenait ! Avant la vente des terrains, nos maris cultivaient les champs et nous les soutenons avec nos produits dont on gardait une partie pour notre propre consommation et la vente de l’autre partie nous permettait de subvenir aux autres petits besoins des enfants », a déclaré Mame Dacko d’une voix plaintive. En effet, les travailleurs des parcelles n’ont pas le droit de se servir des récoltes des parcelles : elles sont juste payées à l’heure ou la journée.
Les femmes propriétaires de parcelles
Si à la différence des autres femmes, elles sont propriétaires de leurs terrains, ces femmes n’ont pas moins de problèmes que leurs paires qui travaillent à Samanko. Elles sont soumises à des problèmes de semences, d’intrants agricoles, de payements de la facture d’eau et autres. Surtout que l’espace cultivé n’est pas encore très fertile.
Selon le Programme femmes et diversité de l’Institut Panos, au Mali, outre une faible représentation des femmes dans les instances de décision, l’inexistence d’un Code successoral et certaines dispositions du Code foncier (article 44 et 45) rendent l’accès de la femme rurale à la terre difficile ou impossible, réduisant ainsi son accès aux ressources. Malgré le rôle primordial qu'elles occupent dans le développement de leurs pays et qui n'est plus à démontrer, les femmes sont souvent spoliées des ressources économiques (terres) et sont rarement en situation de responsabilité dans les processus décisionnels que ce soit dans la sphère publique, privée ou communautaire. A titre d’exemple, si les femmes accomplissent généralement plus des ¾ des tâches agricoles, elles ne détiennent généralement que 10% des terres.
Lors du Sommet de l’Union Africaine tenu à Addis-Abeba du 6 au 8 juillet 2007, les Chefs d’Etat africains se sont pourtant engagés à faire avancer l’égalité de genre en Afrique, mais le Protocole à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples relatif aux droits de la femme en Afrique (Protocole de Maputo) n'a pas été ratifié par tous les pays. Et même dans les pays qui l’ont ratifié, comme le Sénégal, le Mali, ou encore le Burkina Faso pour ne citer que ceux là, cette ratification a été peu suivie d'effets pour les femmes.

Khadydiatou Sanogo

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