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Le Combat N° 568 du 7/3/2013

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Après le «fiel» de l’opposition, le «miel» du pouvoir : Certains Chefs d’Etat africains en ont fait l’expérience
Publié le jeudi 7 mars 2013  |  Le Combat




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Un sac de piment a beau être entièrement vide, il en restera toujours assez pour faire éternuer aux larmes, dit un adage bien de chez nous. Comme pour dire qu’un opposant politique à beau être «à la retraite» (encore faut-il que le cas existe) ou accéder à la plus haute fonction de l’Etat, il gardera toujours les «séquelles» de son ancien comportement d’opposant.
Abdoulaye Wade.

Abdoulaye Wade.

Tout comme une médaille comporte toujours son envers et son revers, la politique comporte deux aspects : et le «fiel» de l’opposition et le «miel» du pouvoir. Autant un Chef d’Etat n’a pas toujours été un opposant, autant un opposant peut devenir Chef d’Etat. Pourtant, il est difficilement imaginable qu’un Chef d’Etat retourne à ses anciennes amours d’opposant à la fin de son mandat présidentiel. Mais après l’ère des indépendances africaines et le vent du panafricanisme prôné par les tout premiers Chefs d’Etat africains dans les années 1960-70, on a assisté à l’implication d’opposants dans l’arène politique. Aussi, rien que sous nos cieux ouest-africains, on a assisté et assiste encore à la gestion du pouvoir par d’anciens opposants. Ce fut le cas des Présidents Abdoulaye Wade du Sénégal, Laurent Koudou Guiawily Gbagbo de la Côte d’Ivoire et Alpha Condé de la Guinée Conakry, pour ne citer qu’eux. A un moment ou à un autre, ces trois anciens opposants ont tous volontairement vécu à l’étranger ou connu l’exil. Mais ont-ils exercé leur rôle d’opposants comme il se doit ? En tout cas, une fois au pouvoir, la majorité d’entre eux n’ont pas réellement appliqué les méthodes de gestion qu’ils prônaient étant opposants, quand ils «asticotaient» au passage leurs adversaires politiques : le Chef de l’Etat et la majorité présidentielle. Si l’accession de Laurent Gbagbo au pouvoir avait divisé la Côte d’Ivoire en deux (le Nord et le Sud), elle avait également conduit à la discrimination raciale, à la culture de l’ethnocratie et à des élections truquées et violentes. Finalement, c’est avec les armes et dans le sang que Gbagbo avait été contraint de quitter le pouvoir par la «petite porte», avant d’être confronté à la justice de la Cour pénale internationale (CPI).

De nos jours, sinon depuis son arrivée à la tête du pays, le Chef d’Etat guinéen est confronté à des contestataires (muets ou déclarés) constitués en opposants et associations. Aussi ne parvient-il toujours pas à organiser les élections législatives, comme s’il redoutait de perdre la majorité à l’Assemblée nationale. Ce qui serait le comble pour lui car il serait obligé de se limiter à un seul mandat : c’est ce qui le menace du reste. Par ailleurs, Alpha Condé était sorti gagnant d’une élection présidentielle controversée suite à des gestions mouvementées du pouvoir par le Capitaine Moussa Daddis Camara et le Général Sékouba Konaté. Tous ces remous sociopolitiques guinéens avaient fini par mettre à mal l’équilibre du pouvoir du Pr Alpha Condé. Aussi, certains de ses adversaires politiques actuels soutiennent qu’il a seulement eu la baraka (chance) de se présenter à la présidentielle au moment où rien n’était politiquement sûr en Guinée et où les Guinéens en avaient assez des troubles qu’endurait le pays. Mais lesdits adversaires de Condé ne manquent aucune occasion pour rappeler au Chef de l’Etat «qu’à vaincre sans lutter, on triomphe sans gloire». On se rappelle que dans une de ses lointaines déclarations en tant qu’opposant, Me Abdoulaye Wade insinuait que s’il devenait Président, il traiterait tous les acteurs politiques au même pied d’égalité, y compris les opposants. Mais c’était plus facile à dire qu’à faire car une fois au pouvoir, Wade avait vite fait de «retourner sa veste». On se souvient aussi que les contestations sociopolitiques consécutives à son intention de nommer son fils Karim à sa place (en plus d’avoir fait de lui un super-ministre) et de traficoter la Constitution en sa faveur.

Sous nos cieux, la majorité des Maliens s’interrogent sur la vision politique de celui que les Maliens ont d’emblée surnommé «l’éternel opposant» : le Dr Oumar Mariko. «Jamais content, jamais rallié à un pouvoir, toujours rouspéteur et pas d’accord», disait de lui un ancien haut responsable. A croire que l’ancien SG de l’AEEM n’a jamais occupé un haut poste, alors qu’il avait participé au gouvernement de transition du CTSP (Comité de transition pour le salut public). Pourtant, depuis les sanglantes émeutes du 26 mars 1991, le SG du parti SADI s’est érigé en opposant tout au long des régimes, de celui du Général Moussa Traoré à celui d’ATT envers lequel il a été le plus dur. D’ailleurs, selon bien des observateurs, en son temps, la main tendue d’ATT vers Oumar Mariko ne visait, qu’à «mettre l’opposant dans sa poche», histoire de le surveiller de près. En fait, concernant l’opposition politique africaine en général et ouest-africaine en particulier, bien des analystes ont assuré que l’accession d’opposants africains nationalement et mondialement reconnus est l’œuvre des Occidentaux, soit parce qu’ils considèrent qu’à défaut de pouvoir rallier ces coriaces (opposants) à leur cause, ils préfèrent s’investir pour les faire accéder au pouvoir. Une manière subtile pour eux de faire d’une pierre deux coups : d’un côté, faire monter l’opposant sur le «trône» présidentiel, de l’autre, en profiter pour orienter sa gestion dans le sens qu’ils désirent.

Oumar Diawara «Le VIATOR»

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