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Crise au Mali : quels risques de contagion pour le Sénégal ?
Publié le dimanche 10 mars 2013  |  Nouvel Observateur




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C’est presque un tabou à Dakar, où tout se passe comme si la crise malienne se déroulait loin, très loin du Sénégal. Il faut dire que les histoires récentes des deux pays paraissent très différentes.

La vitrine de la démocratie malienne a volé en éclats en mars 2012, avec un putsch contre un président qui était prêt à partir... Au même moment, le Sénégal se mobilisait au contraire pour faire « dégager » par des manifestations de rue et la voie des urnes le président Abdoulaye Wade, tenté de s’incruster au pouvoir...
Des destins liés

Mais les destins des deux ex-colonies françaises sont liés, et pas seulement parce qu’elles abritent en partie les mêmes peuples. Certaines des causes de la crise malienne sont bien présentes au Sénégal :

- corruption,
- présence d’un trafic de cocaïne organisé par les cartels latino-américains,
- creusement des inégalités sociales,
- crise de confiance à l’égard des élites et de l’administration,
- radicalisation de l’islam
- et vélléités indépendantistes dans l’une des régions du pays.

C’est ce que rappellent deux chercheurs sénégalais, Mouhamadou el Hady Ba (philosophe, docteur en sciences cognitives de l’EHESS), et Pierre Amath Mbaye (consultant en analyse stratégique, master d’ethno-méthodologie de Paris 8), dans un document publié par Innovations politiques et démocratiques (Ipode), un think tank basé à Dakar.

Ils relèvent avec beaucoup de justesse l’existence d’une « crise de basse intensité » en Casamance, région du sud du pays où sévit depuis les années 1980 une rébellion indépendantiste.

Une crise latente, comparable à celle qu’a vécue le Nord-Mali avec les revendications autonomistes puis indépendantistes des Touaregs - avec, en toile de fond, un important trafic de drogue, comme au nord du Mali, qui a déjà déstabilisé le petit pays voisin qu’est la Guinée-Bissau. Extraits.

« Tout comme pour le Mali d’avant fin 2011, tous les observateurs semblent convenir que la crise casamançaise ne remet pas fondamentalement en cause la stabilité et la pérennité de l’Etat sénégalais. De fait, depuis le début de l’année 2013, des progrès semblent être faits dans la voie de la résolution de la crise casamançaise.

Et si la Gambie plongeait dans le chaos ?

Une question que l’on pourrait se poser cependant est celle de savoir ce qu’il en serait de cette crise si l’un de nos voisins du Sud ou la Gambie en venait à plonger dans le chaos. Ne pourrait-on pas imaginer un effet domino par lequel des armes guinéennes ou gambiennes se retrouveraient aux mains de nos rebelles du Sud ? (...)

Ce que le cas malien nous apprend, c’est qu’une crise de basse intensité non résolue peut avoir une évolution foudroyante à la faveur d’un changement géopolitique imprévu. La chute de Kadhafi et l’afflux d’armes subséquent dans un pays peu préparé à une telle éventualité ont contribué à la partition du Mali.

Mouvements d’humeur dans l’armée

(...) De manière symétrique à ce qui se passe dans le reste de la société sénégalaise, l’armée sénégalaise est extrêmement inégalitaire avec une poignée d’officiers supérieurs choyés par la nation et le reste, y compris des officiers, vivant des conditions financières assez difficiles.

Par ailleurs, des militaires de retour d’opérations extéreiures ont été jusqu’à devoir manifester, par le passé, pour recevoir les primes qui leur étaient dues, à plusieurs reprises. Cette situation est extrêmement préoccupante car même si l’armée sénégalaise s’est toujours illustrée par son républicanisme, ce type de mouvement d’humeur est un mauvais signal.

C’est après tout d’une mutinerie semblable que la calamiteuse aventure du capitaine Sanogo et de ses hommes a débuté au Mali. Enfin, l’armée sénégalaise a pu être prise à défaut à plusieurs reprises en Casamance, jusqu’à voir huit de ses soldats pris en otage au cours d’une seule attaque, et un officier supérieur commandant une unité d’élite menacer de démissionner en opération, à la suite de graves dysfonctionnements logistiques. »

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