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Gouvernement Abdoulaye Idrissa Maïga « sonsori tara, sonsori nana ! »
Publié le mercredi 19 avril 2017  |  Le Canard Déchaîné
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© aBamako.com par Momo
Passation de pouvoirs entre le PM sortant Modibo Keita et le PM entrant, Abdoulaye Idrissa Maïga
Bamako, le 10 Avril 2017. La passation de pouvoirs entre le Premier ministre sortant, Modibo Keitaet le Premier ministre entrant, Abdoulaye Idrissa Maïga a eu lieu ce lundi à la Primature
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Les Maliens souhaitaient, à la faveur de ce remaniement ministériel, voir dans le nouveau gouvernement des hommes et des femmes capables de leur redonner espoir. Contre toute attente, ils ont eu droit à un gouvernement chargé de préparer la réélection d’IBK, dont le mandat expire dans 15 petits mois. Avec, à la clé, un bilan jugé « catastrophique ». D’où l’indignation générale.

« Sonsori tara, sonsori nana ! » (En bambara, on reprend les mêmes et on recommence), entonnent les Maliens en chœur, au soir du 11 avril, à l’annonce des membres du nouveau gouvernement.

La grande déception

Déjà lassés par quatre ans de tâtonnements au sommet de l’Etat, de pilotage à vue, les Maliens s’attendaient – à environ un an de la fin du quinquennat d’IBK – voir aux manettes de l’Etat des hommes et des femmes à l’intégrité morale et intellectuelle reconnues, capables de juguler la crise actuelle. Qui n’a que trop duré. Hélas ! La montagne a, pour la quatrième fois consécutive, accouché d’une salamandre ; pas d’une souricelle. « Les tripatouillages ont déjà commencé pour les élections de 2018 », annonçait « Dr Barou Kélétigui », pardon Dr Oumar Mariko, leader du parti SADI. C’était le 13 avril, au cours d’une conférence de presse, animée au siège de Radio Kayira. Excepté, peut-être, Mr Abdoulaye Idrissa Maïga et Modibo Arouna Touré, respectivement, chef du gouvernement et ministre de la Communication et de l’Economie Numérique, réputés pour leurs compétences, les autres membres du nouveau gouvernement ont du mal à convaincre leurs concitoyens, quant à leur capacité à faire bouger les choses.
Reconduits, – l’un pour la énième fois, l’autre pour la seconde fois – Abdel Karim Konaté et Pr Tiémoko Sangaré auront un rôle déterminant dans la réélection d’IBK à la présidentielle de 2018 : étouffer dans l’œuf une éventuelle candidature de l’Adema-PASJ ; alors qu’au même moment, l’idée d’une candidature du Pr Dioncounda Traoré ou du Dr Modibo Traoré fait son petit bonhomme de chemin. Au sein du parti, comme dans sa base. C’est dire que l’idée d’empêcher le « parti de l’Abeille solitaire » d’avoir son candidat, à même de battre IBK, en 2018, se prête à caution. Autre indice, et pas des moindres, sur la volonté d’IBK de se faire réélire, en 2018, en dépit de son bilan jugé « catastrophique » : le retour inattendu de Tiéma Hubert Coulibaly à la tête du ministère de l’Administration Territoriale.
Viré du précédent gouvernement pour avoir « menti », au président de la République, sur l’attaque de Nampala, mais aussi pour les soupçons qui pesaient dans l’achat de « vieux hélicoptères » au prix, dit-on, de neufs, l’ex-ministère de la Défense et des Anciens Combattants vient, à la stupéfaction générale, d’être bombardé ministre de l’Administration Territoriale.
En le nommant à ce poste, IBK entend faire d’une pierre, deux coups : d’abord, le faire taire. Ayant duré plus d’un an au placard, sans point de chute, l’ex-ministre de la Défense et des Anciens « Combattus » de Modibo Keïta II avait commencé à « parler ». Notamment, de la fameuse et fumeuse « loi de programmation militaire », qui ne serait, dit-on, qu’une coquille vide. L’information aurait suscité des « sueurs froides » à Koulouba. D’où la décision de Koulouba de lui trouver un point de chute pour qu’il se la boucle. Ensuite, en tant que ministre de l’Administration Territoriale, donc « gestionnaire » des élections, y compris la présidentielle, Tiéman Hubert Coulibaly occupe ce poste stratégique pour garantir, à IBK, un second mandat.
La reconduction d’autres ministres dans ce gouvernement, tels que Houisseïni Amion Guindo, président de la CODEM ; de Konimba Sidibé, président du MODEC ; de Me Mohamed Ali Bathily, leader du Mouvement APM ; de Mme Diarra Racky Talla, de l’UM-RDA……. S’inscrivent dans la droite ligne de la réélection d’IBK à la présidentielle de 2018.
S’y ajoute la nomination de certains leaders des organisations syndicales, de la société civile. Si Mme Traoré Oumou Touré, nommée ministre de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, aura la lourde et difficile tâche de mobiliser les Femmes pour une réélection d’IBK en 2018, Maouloud Ben Katra Baby, lui, a été nommé pour user de son influence, auprès des différents syndicats, pour mettre fin aux grèves sauvages et illimitées.

Promesses sans lendemain

Ramener la paix et la sécurité au nord, lutter contre la corruption et la délinquance financière, moderniser l’administration malienne, faire de l’école malienne une « école performante et apaisée », rendre la justice équitable pour tous, riches comme pauvres ; redonner au Mali et aux Maliens leur fierté d’antan…….
Telles sont, entre autres, les promesses faites, aux Maliens, à la veille de la présidentielle de 2013, par le candidat IBK. Qui l’a remporté avec un score inédit de 77,3 % des voix, au second tour, face à Soumaïla Cissé, son challenger d’alors.
A quinze petits mois de la fin de son quinquennat, aucune de ces promesses n’a été tenue. Jadis concernée par les régions du nord, l’insécurité s’est, désormais, propagée dans tout le pays. Avec, à la clé, plusieurs régions échappant au contrôle de l’Etat. Rien qu’au centre et au nord du pays, près de 400 écoles sont fermées pour cause d’insécurité.
La justice est, selon la formule devenue célèbre de Me Fanta Sylla, ex-ministre de la Justice, « indépendante de tout, sauf de l’argent sale ». Quant au détournement des fonds publics, il est devenu un sport national. Alors qu’une poignée d’hommes, proches du pouvoir, se la coulent douce au volant de luxueuses bagnoles, l’écrasante majorité des populations peinent à s’offrir trois repas par jour.
Certes, le syndicat des médecins et du développement social viennent de mettre fin à leur grève illimitée, qui aura duré plus d’un mois. Avec les conséquences qu’on lui connaît. Mais les syndicats de l’enseignement fondamental, secondaire et supérieur, eux, poursuivent la leur. Du moins, disent-ils, jusqu’à ce leurs « revendications soient satisfaites ».
D’autres syndicats, entre autres, celui des magistrats menace de remettre le couvert. Du moins, si le gouvernement n’honore pas ses engagements, suite à la grève illimitée, à laquelle il vient de mettre un terme après plusieurs jours de laborieuses négociations.

Le pays sur répondeur

Et comme si tout cela ne suffisait pas, la région de Kidal reste une « République » au sein de notre République. Et le septentrion malien, un « terrain de jeu » pour les djihadistes de tout poil.
Bref, le pays était sur répondeur. Aujourd’hui, dit-on, il n’est même plus dans le réseau. Le front social est en permanente ébullition. A la pauvreté de l’écrasante majorité de nos concitoyens, s’ajoute désormais une misère endémique. Qui n’épargne même les fonctionnaires. Pour conjurer cette tension sociale, IBK devrait mettre en place un gouvernement composé de technocrates, dont l’objectif principal est de sortir le pays du marasme actuel. En lieu et place, les Maliens ont, hélas, eu droit à un gouvernement, chargé de préparer son second mandat.
Si rien n’est fait pour inverser cette tendance, le réveil risque d’être brutal. Si brutal, qu’il provoquera le vertige chez les « Princes » qui nous gouvernent. L’écrasante majorité de ceux qui croulent sous le poids de la misère, finiront, tôt ou tard, par réclamer « justice ». Avec les armes de la haine.
A bon entendeur …..
Oumar Babi
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