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Mali: pour de nombreux déplacés de Sévaré, l’heure du retour n’a pas sonné
Publié le mardi 19 mars 2013  |  AFP


© Getty Images par DR
Réfugiés maliens dans le camp de réfugiés près de M`bere Bassiknou dans la région du sud-ouest de Nema
Le 2 mai 2012. Plus de 320.000 personnes ont fui leurs foyers au Mali depuis la mi-Janvier, plus de la moitié cherchent refuge dans les pays voisins


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SEVARE (Mali) - "Je ne veux pas pour le moment retourner chez moi. La guerre n’est pas encore terminée, et je n’ai pas à manger dans mon village", lâche une jeune femme. Comme elle, de nombreux déplacés du camp de Sévaré, dans le centre du Mali, n’envisagent pas encore de rentrer dans le Nord.

Près de 600 personnes vivent sous des dizaines de tentes dans ce camp de déplacés géré par les autorités locales avec le concours de l’ONU et d’organisations humanitaires, installé sur un site écrasé par un soleil brûlant à environ 600 km au nord-est de Bamako.

Si une opération armée franco-africaine a permis depuis janvier de reconquérir les grandes villes du nord du Mali telles que Gao, occupées depuis l’an dernier par des groupes islamistes armés, Mariétou, une mère de famille quinquagénaire, attend encore.

"Je ne veux pas repartir tout de suite dans mon village qui est non loin de Gao. Il paraît que les islamistes sont toujours dans mon village. Et comment je vais manger?", glisse-t-elle, entourée de cinq de ses enfants.

Plus loin, des enfants jouent au foot, d’autres s’amusent près des robinets qui crachent de l’eau potable. A l’entrée du camp, de nombreuses femmes assises sur des nattes regardent la télévision.

"Certains qui étaient ici sont repartis chez eux, mais beaucoup d’autres ne veulent pas retourner", confirme Aïcha Dembélé, animatrice dans le camp.

Sur place, les déplacés ont droit à des rations alimentaires, grâce au Programme alimentaire mondial (PAM) notamment, et reçoivent des soins médicaux.

"Nous ne pouvons pas pour le moment avoir tout ça dans aucune des trois
régions du Nord, si nous retournons là-bas", fait valoir Boubel, un jeune
éleveur qui dit avoir perdu tout son troupeau à cause de la crise dans le pays.

Stress

A l’infirmerie, le docteur Souleymane Sanogo raconte recevoir des déplacés
qui parfois "souffrent d’ulcère à cause du stress". "En discutant avec eux, on
se rend compte que le stress s’explique par le fait qu’ils ont pour le moment
peur de rentrer chez eux".

Il montre du doigt une femme assise sur un banc, tête baissée: elle aussi
refuse de regagner son village de la région de Tombouctou, mythique cité du
Nord-Ouest, même si son mari et trois de ses six enfants ont déjà pris le
chemin du retour.

A Sévaré et à Mopti, la grande ville du centre dont le bourg de Sévaré
dépend administrativement, et dans les environs, il y a au total quelque
"40.000 personnes déplacées venant essentiellement" du Nord et vivant dans des
camps ou des familles d’accueil, explique Ibrahima Hama Traoré, gouverneur de
la région de Mopti.

"La vie reprend son cours normal dans la région depuis l’intervention des
troupes franco-africaines, mais la situation des déplacés reste quand même une
préoccupation", insiste-t-il.

Après une visite de ce camp, Ertharin Cousin, la directrice exécutive du
PAM, a d’ailleurs averti dimanche que "la crise n’est pas terminée au Mali",
même si les combats sont désormais concentrés dans l’extrême Nord-Est, où est
retranché le gros des jihadistes.

Quelque 170.000 Maliens ont fui le nord du Mali pour des pays voisins et
260.000 autres ont été déplacés dans le pays depuis début 2012, selon l’ONU.

Le PAM compte apporter en 2013 une assistance alimentaire à plus d’un million
de personnes au Mali, pays frappé en outre l’an dernier - notamment dans le
Nord - par une nouvelle sécheresse comme ses voisins du Sahel.

Mais selon le maire de Mopti, Oumar Bathily, la présence des déplacés pose
un autre sérieux problème, lié à la scolarisation des enfants.

"Trois mille enfants déplacés sont scolarisés dans les localités de Mopti
et de Sévaré, ainsi qu’aux alentours", indique-t-il. Résultat: les salles de
classe sont bondées, pénalisant gravement les cours.

"Aujourd’hui, dans une salle de classe à Mopti ou à Sévaré, il y a 180
élèves", souligne le maire. "C’est la catastrophe".

sd/tmo/hba

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