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Le président du Niger : "Au Mali, nous irons frapper au cœur de la menace"
Publié le mardi 30 mai 2017  |  JDD
Dakar:
© AFP par SEYLLOU
Dakar: Sommets de l’Union économique monétaire ouest-africaine (UEMOA), et de la Communauté économique des Etats de l’ Afrique de l’Ouest (CEDEAO)
Dakar, le 24 Octobre 2013 . Les dirigeants des huit pays membres de l`UEMOA ont ouvert ce jeudi le 17e sommet de l`Union qui sera principalement consacré à la situation au Mali et en Guinée Bissau. Photo: Mahamadou Issoufou Président du Niger
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Le président du Niger Mahamadou Issoufou était l’un des rares chefs d’État africains invités au G7. Il a défendu la mise en place d’une force régionale sahélienne pour lutter contre le terrorisme.

Vous avez rencontré Emmanuel Macron vendredi. Quelle a été la teneur de votre échange?
Je l’ai d’abord félicité pour son élection. Nous avons évoqué les questions de migration, de développement et de changement climatique. Nous avons surtout parlé de coopération bilatérale, notamment de sécurité. Je l’ai remercié de l’engagement militaire de la France au Sahel et lui ai demandé de nous aider à rendre opérationnelle la force conjointe du G5 Sahel – Mali, Niger, Burkina Faso, Tchad et Mauritanie – pour lutter contre le terrorisme au Mali.

Quel est le principe de cette force?

Faire ce que nous avons fait avec le Cameroun, le Tchad et le Nigeria contre Boko Haram : mutualiser moyens militaires et renseignements. Nous irons frapper au cœur de la menace, au Nord-Mali. Le projet d’une force mixte multilatérale du G5 Sahel a été avalisé par le Conseil de sécurité de l’Union africaine. Reste à le faire valider par le Conseil de sécurité de l’ONU. J’espère que la communauté internationale nous soutiendra aussi financièrement.

Avez-vous obtenu des garanties en ce sens ce week-end?
Oui, j’ai obtenu le soutien de l’ensemble des pays du G7, non seulement sur cette force conjointe, mais aussi pour le développement.

Sous quelle échéance cette force sera-t-elle mise sur pied?
Le plus rapidement possible. Il y a urgence : la menace est descendue vers le centre du pays et dépasse le seul Mali. Le Niger subit désormais des attaques récurrentes. Mais nous avons pris nos dispositions et lancé plusieurs opérations afin de protéger nos frontières.

Pourquoi la situation au Mali s’est-elle dégradée ces derniers mois?
Parce que nous n’avons pas trouvé la réponse appropriée à la situation. La Minusma [Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali] dispose d’un mandat offensif mais ne dispose pas de moyens de le rendre effectif.

Cette dégradation ne montre-t-elle pas surtout les limites de l’obsession du tout-militaire?
Le conflit qui nous oppose aux terroristes n’a pas d’autre solution que militaire. Nous n’allons pas commencer à négocier avec eux! Il y a l’autre conflit entre l’Etat malien et les groupements armés, pour lequel des accords ont été signés à Alger en août 2015. Sur ce dossier, la solution politique prime. Il faut aussi, sur le plus long terme, privilégier le développement économique et social.

Lutte contre l’immigration illégale et durcissement du pouvoir
Vous avez aussi évoqué, lors de ce G7, la lutte contre l’immigration illégale et la politique très restrictive que vous avez mise en place en juillet 2016?
Chaque année, 100.000 migrants passaient par Agadez. Ils n’étaient que 1.500 en novembre. Nous avons donc stoppé ce flux vers la Libye. Nous avons démantelé des réseaux de passeurs, confisqué des véhicules. Parallèlement, nous prévoyons des programmes de reconversion pour ces trafiquants.

Combien cette politique vous coûte-t-elle?
Environ 600 à 700 millions d’euros sur cinq ans. L’UE s’est déjà engagée à nous soutenir à hauteur de 150 millions. En bilatéral, nous avons aussi le soutien de l’Italie, l’Allemagne, la France et l’Espagne.

Est-ce la vocation de votre pays de devenir une nouvelle frontière de l’Europe?
Nous le sommes de fait, car il n’y a pas d’Etat en Libye. Mais pour empêcher ces migrations, il faut que les pays du Nord mobilisent des fonds pour l’Afrique non seulement à travers l’aide publique au développement, mais surtout par des investissements directs.
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