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Que sont-ils devenus ? Mamadou Coulibaly : De Mopti à Missira, le long parcours de “Kouici” !
Publié le samedi 17 juin 2017  |  Aujourd`hui
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L’homme n’a connu qu’un seul quartier à Bamako : Missira. Et un seul club : le Stade malien de Bamako. Cela traduit sa fidélité, sa constance dans tout ce qu’il entreprend dans la vie. Nous l’avions perdu de vue depuis sa retraite footballistique au début des années 1990. Mais ce fut facile pour nous de retrouver facilement dans le quartier populaire de Missira, Mamadou Coulibaly, cet ancien arrière latéral droit des Blancs de Bamako et des Aigles du Mali des années 1980. Surnommé Kouici, du nom de cet autre défenseur central algérien de la même époque, notre héros du jour est le fruit de la pépinière du Stade malien de la mi-1970, mais surtout de cette génération forgée par feu Mamadou Keïta dit Capi, qui a écrit de belles pages de l’histoire du Stade malien de Bamako. Dans ce numéro de “Que sont-ils devenus ?”, Kouici nous entretient sur sa carrière, sa retraite et ses projets.

Les différents acteurs que nous avons rencontrés dans le cadre de la rubrique “Que sont-ils devenus” ont un dénominateur commun. Tous ont de la peine à situer certains événements dans le temps. Parce qu’ils ont été déçus. L’ancien joueur du Stade malien de Bamako et de l’équipe nationale du Mali, Mamadou Coulibaly dit Kouici est amer sur un fait qu’il n’a pas voulu nous révéler. Ce qui explique d’ailleurs son silence. Malgré les démarches des anciens joueurs, Kouici demeure pour le moment dans sa logique de retrait de toutes les activités de football.



Arrivé à l’improviste chez l’ancien joueur du Stade malien, nous le portâmes absent. Il était à la mosquée du quartier pour les zikr, nous notifiait Mme Coulibaly qui a aussitôt envoyé un messager pour lui signaler notre présence. Kouici ne tarda pas à nous rejoindre sous la pluie, dans son salon où un accueil chaleureux nous a été réservés.

C’est le même joueur que nous avons l’habitude de voir filer sur le couloir droit du Stade malien de Bamako, pour servir sur un plateau d’or Seydou Diarra “Platini” ou Mahamadou Cissé “Tostao”. Il est là, celui dont il a fallu une claque de son entraîneur Cheick Diallo, pour qu’il accepte de sortir, après avoir pris un carton rouge. Ce jour-là, en homme discipliné vis-à-vis des coaches, Kouici n’a pas bronché. Il est sorti et est allé directement dans les vestiaires.

Mamadou Coulibaly : De Mopti à Missira, le long parcours de "Kouici" !
Mamadou Coulibaly dit Kouici (G) avec Kabirou Bah lors de la finale de la coupe du Mali
Un destin forgé par Capi

Agé aujourd’hui de 58 ans, on a de la peine à croire que Mamadou Coulibaly a pris sa retraite depuis un an et demi, après plus de deux décennies passées à la Sonatam (Société nationale des tabacs et allumettes du Mali). Toujours très jeune d’apparence ( il n’a rien perdu de sa vivacité) soutenue par une santé de fer qui se sent même dans sa démarche. Ce sont d’ailleurs ces atouts juvéniles qui ont poussé l’ancien entraîneur Mamadou Keïta dit Capi à le transformer en latéral. Il était ailier droit virevoltant à ses débuts au Stade, à la fin des années 1970. Le natif de Mopti se rappelle que c’était au cours d’un match amical qui a opposé le Stade malien au Hafia Football Club de Conakry. Il évoluait dans le couloir droit. Mais face aux remontées incessantes de l’arrière latéral droit guinéen, Capi lui a instruit de bloquer ce dernier à partir de son camp. La stratégie a marché et le voici reconverti pour de bon en latéral moderne. Par la suite, Capi lui dira que l’équipe ne tirera profit de sa longue course que lorsqu’il vient de loin.

Son passé au Stade malien de Bamako a été marqué par l’ambiance dans le groupe, dirigé par feu Lassine Soumaoro. A l’époque, dans les années 1980, après le départ de Capi, il y avait un détail que les dirigeants et les supporters ignoraient. L’entraîneur du Stade était figuratif. Autrement dit, une fois dans les vestiaires, chacun prenait un maillot et sortait pour les séances de réchauffement. Le coach se contentait seulement de dire de bien jouer.

Patriotisme hier, argent aujourd’hui !

Né le 12 décembre 1959 à Mopti, Mamadou Coulibaly a commencé à jouer au football dans les quartiers de la Venise malienne. Même s’il avait muri le désir de jouer au Bani de Mopti, il n’y parviendra pas. A l’âge de 13 ans, il arrive à Bamako et intègre la catégorie de jeunes du Stade. Il gravit tous les échelons et sera vite repéré par l’entraîneur de l’époque, feu Bakoroba Touré dit Bako. Celui-ci porta son choix sur quelques juniors du club, et il faisait partie du lot. Leur intégration sera facile grâce à l’encadrement des aînés en l’occurrence Ibrahim Berthé dit M’Bappé, Modibo Doumbia dit Modibo 10. Depuis, il n’a plus quitté l’effectif du Stade malien jusqu’à sa retraite en 1992. Pourtant, il avait encore de la vivacité pour continuer. Seulement il fallait arrêter, parce que son emploi du temps au service ne lui permettait pas de supporter le rythme des efforts à fournir.

Aujourd’hui, l’homme se rappelle de tous ces entraîneurs qui ont contribué à façonner sa carrière. Il cite feu Bakoroba Touré dit Bako, feu Mamadou Keïta dit Capi, Mamadou Diakité dit Doudou et Molobaly Sissoko. Tous ceux-ci, selon lui, ont à un moment donné de leur carrière porté leur confiance en lui, même parfois s’il n’épousait pas la grande forme.

Comment est venu le sobriquet Kouici ?

Mamadou Coulibaly n’a pas oublié les circonstances dans lesquelles il a pris ce surnom : “Moustapha Kouici était un joueur algérien des années 1980. Il évoluait au poste de défenseur central. Ce sont deux coéquipiers du Stade Malien de Bamako, en l’occurrence Ousmane Kékoumana dit Bakoko et Bocoum qui m’ont attribué ce surnom. C’est sur insistance de Bocoum, que tout le monde a fini par me coller ce surnom. Parce qu’ils ont conclu que j’avais les mêmes qualités que le joueur Algérien. Dès lors mon prénom principal a disparu, et finalement tout le monde m’appelle par ce sobriquet. Pour la petite histoire, cela a été un grand moment d’émotion pour moi, de rencontrer celui dont je porte le nom et de l’entendre dire qu’il tenait à me voir. Nous nous sommes entretenus pendant un bon moment et les mots me manquent pour décrire cet instant. Cela s’est passé à Bamako lors d’un tournoi international initié par le président Amadou Toumani Touré”.

Le meilleur souvenir de Kouici avec le Stade malien date de 1984 en coupe UFOA à Bamako contre un adversaire dont il ne se rappelle plus le nom.

Avec l’équipe nationale, c’était lors de la coupe Cedeao contre la Guinée Conakry. Le Mali a gagné aux tirs aux buts. Certes, il a raté son penalty, mais Kouici se rappelle avoir fait un grand match.

Cependant, la finale de la coupe Ufoa perdue en 1984 contre le New Nigérian Banks des Stephen Keshi, Henry Sylva Wosou, Edobor Humphrey constitue un très mauvais souvenir pour notre héros. Les Blancs se sont inclinés à Bamako au match aller par 3 buts à 2, avec ce fabuleux coup franc des 30 m de Keshi qui secoua les filets du portier Modibo Diakité dit “Modibo Dialani” (Modibo le maigrelet). A Lagos, les Blancs avaient encore courbé l’échine (2-0).

Sur un tout autre plan, Mamadou Coulibaly pense que l’évolution du monde à tous les niveaux rend la comparaison difficile entre leur génération et l’actuelle. Selon lui, à leur temps, le seul fait d’intégrer une équipe traduisait l’amour qu’on avait pour le club. Parce qu’on ne saurait mieux servir un club sans l’aimer. Et tout le reste devait venir après.

A leur époque, la prime n’était pas instaurée de façon règlementaire. Les joueurs recevaient des encouragements de la part des dirigeants et des supporters. En plus, on leur payait régulièrement des motos.

En équipe nationale, la prime de voyage était de 10 000 Fcfa. Aujourd’hui, la seule sélection à l’équipe nationale vaut 500 000 Fcfa. Comment on pourrait faire un parallèle entre les deux temps. “Si nous avions bénéficié des mêmes traitements que nos cadets et nos enfants d’aujourd’hui, nous aurions écrit une belle page de l’histoire du football malien”, regrette Kouici.

Dans sa retraite, l’ancien joueur du Stade et de l’équipe nationale reconnait que le football lui a tout donné. Certes, il n’est pas ce pacha, mais avec sa pension et les relations que le football lui a créées, il parvient à entretenir sa famille.

Son agenda de vieux retraité ?

La mosquée, le grin et les séances d’entraînement au champ hippique, situé à quelques mètres de son domicile. Son silence et son éloignement des milieux footballistiques ne l’empêchent pas aujourd’hui de mûrir un noble projet, celui de créer un centre de football pour former des jeunes.

ORoger Sissoko
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