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A l’écoute de Ibrahima K. SISSOKO, Ecrivain : Dioncounda et les élections présidentielles de 2012
Publié le vendredi 29 mars 2013  |  Le Progres




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Extrait du livre « Le Mali en direct, Président Dioncounda TRAORE : un ange de Dieu », édité par le groupe « Tous pour un Mali uni, pacifique et stable » à Dakar (Sénégal) le 18 janvier 2013, déposé légalement à la Bibliothèque nationale du Mali le 27 février 2013 et écrit par SISSOKO Ibrahima K. (Professeur de lettres, Juriste, Journaliste et Politologue).Tel : 76 16 59 29 Hamdallaye-Bamako. Suivez le regard du jeune essayiste malien.
Nous parlons ici de trois moments importants : le discours d’investiture de Dioncounda comme candidat du parti ADEMA/PASJ, la chance qu’il pouvait tirer des alliances de son parti et une possibilité de crises postélectorales.
a-) Le discours d’investiture du candidat TRAORE
En janvier 2012, le Professeur Dioncounda TRAORE a prononcé un discours à la suite de son investiture comme candidat du parti ADEMA/PASJ aux élections présidentielles de 2012. Ce discours est prononcé au moment où le pays était confronté à une crise dans sa partie nord (c’est-à-dire la rébellion). Le pays faisait également face à une montée du coût de la vie, à des crises scolaires et universitaires. Notamment l’année blanche de l’université de Bamako en 2010-2011 et les trois mois environ de grève de l’enseignement secondaire et de l’enseignement fondamental de fin octobre 2011 à fin janvier 2012 secouèrent profondément le pays. Deux points importants attirent notre attention : l’unité dans la cohésion partisane et le projet de société de l’ADEMA/PASJ.
i-) L’unité dans la cohésion partisane
Ce que cherche l’auteur du discours, M. TRAORE, c’est d’appeler tous les anciens militants, les nouveaux militants et ainsi que d’autres pour un même objectif qui est celui du parti ADEMA/PASJ.
i-1) Un appel fraternel de tous les militants
Dioncounda, élu à l’unanimité comme candidat de son parti en face de sept autres candidats , était obligé de lancer un appel d’union pour sensibiliser les autres à l’allier. Pour rappel en Afrique et particulièrement au Mali les militants des partis politiques sont liés aux personnages et non aux idéaux des partis. C’est pourquoi il a nommément cité dans son discours les autres candidats qui, selon lui, peuvent être à sa place (candidat du parti). Non seulement il veut que ces personnes restent mais qu’ils restent encore plus avec les militants qui leurs sont fidèles.
Si généralement les candidats en Afrique font appel à leurs sympathisants, Dioncounda se cache derrière le parti et fait appel non pas pour sa propre personne mais pour le parti. Pour mieux faire comprendre aux partisans des autres candidats au primaire, il utilise des mots comme « finitude » et « aîné » pour dire que c’est sur la base de la gérontocratie qu’il a été choisi et non pas parce qu’il est plus meilleur que les autres. D’ailleurs il finira de dire que l’acte de désistement des autres candidats est une preuve que tout comme lui, ils méritaient d’être choisis. La gérontocratie est une vieille tradition de l’Afrique qui est de nos jours très respectée au Mali.
Dioncounda fait appel également à tous ceux qui croient à la démocratie et à tous les partisans de la démocratie de se joindre à son parti. Il fait appel à tous ceux qui ont contribué à la démocratie depuis mars 1991. Il finira par montrer que son parti est un parti démocratique qui a d’ailleurs connu l’alternance en 2002. Pour rappel, Amadou Toumani TOURE candidat libre était face à Soumaïla CISSE de l’ADEMA/PASJ au deuxième tour des élections présidentielles dont le premier avait gagné face au second. Le candidat TRAORE va plus loin en guettant les fidèles d’Alpha O KONARE et d’Amadou Toumani TOURE.
i-2) La drague partisane des anciens Présidents
Sachant bien qu’au Mali le parti est lié à une seule personne et généralement le fondateur du parti, Dioncounda fait appel aux partisans d’Alpha Omar KONARE, ancien Président de la République du Mali durant une décennie, l’un des fondateurs du parti ADEMA/PASJ et considéré par bon nombre de maliens comme propriétaire du parti. L’auteur du discours fait l’éloge de ce dernier pour montrer à quel point le parti veut servir le Mali et l’Afrique comme il l’a déjà fait avec M. KONARE. Il ira plus loin pour dire qu’il doit apporter sa pierre de construction aux efforts de ses prédécesseurs, car c’est un travail de génération. Il veut montrer que c’est dans la continuité qu’il doit œuvrer pour enfin passer le témoin.
Dioncounda fait appel aussi aux partisans d’Amadou Toumani TOURE en leur rappelant qu’ADEMA/PASJ avait accompagné la candidature du Président TOURE durant sa réélection en 2007. Un moyen pour dire à tous les partis politiques qui avaient soutenu Toumani de le rallier. C’est pourquoi il dit que son parti avait partagé le bilan de ce dernier positif ou négatif. Bref, il lance un appel à tous les partisans avec ou sans parti politique de le joindre c’est-à-dire son parti dont il est le candidat.
Le candidat TRAORE ne se limite pas là, il fait comprendre qu’il n’a pas de projet de société et que son projet demeure celui du parti dont il veut servir fidèlement.
ii-) Le projet de société de l’ADEMA/PASJ
Le Professeur pense que le projet de société du parti ADEMA/PASJ axé sur la démocratie, la prospérité, la solidarité et la justice, répond aux besoins de la population malienne.
ii-1) Un Mali solidairement juste
« C’est le projet de société de l’Adema qui constitue l’ultime justification de notre candidature » dit Dioncounda. Comme le cas de la gérontocratie qui a permis sa désignation comme candidat, alors il fait encore appel à une autre vielle tradition du Mali qui est la solidarité. Pour lui, celle là est d’actualité et c’est le moment pour que tous les maliens se donnent la main les uns aux autres. Il veut qu’on comprenne que personne n’est important en dehors des autres. Dioncounda pense que c’est le groupe qui est important. Comme dit le jargon bambara « kono koulou djè léin de be bi fô » (c’est le groupe qui peut faire quelque chose). Le parti ADEMA/PASJ est membre de l’international socialiste.
Un autre point important de ce discours est la justice. Si plusieurs auteurs pensent que l’Etat en Afrique est la politique du ventre, prédateur, néo-patrimonial alors M. TRAORE pense le contraire pour le Mali. Il veut un Mali dans lequel les citoyens sont égaux devant la loi, les juridictions, les postes d’emploi bref en chance. Il veut également une bonne gouvernance qui est une condition obligatoire de la démocratie. Un Mali sans corruption, sans enrichissement illicite, sans biens mal acquis demeure son nouveau projet.
ii-2) Un Mali prospère
L’auteur du discours a bien dit que le projet de société du parti reste le sien. Si le Mali est un pays sous développé, Dioncounda veut bien développer le Mali. Il veut l’autosuffisance alimentaire, l’éducation pour tous et la santé. Le discours intervient à une période dans laquelle le pays subit une forte augmentation du prix des céréales, du pain et des autres produits alimentaires. C’est pourquoi il dit qu’ensemble avec lui nous pourrons vaincre ce problème nutritionnel. L’éducation est aussi une priorité des maliens à savoir quel candidat pourra résoudre le problème de l’école malienne. Puisque l’école reste un sujet dominant au Mali, Dioncounda dit que les « enfants peuvent et doivent aller à l’école », une manière pour dire qu’il est sensible à la question et qu’il pourra résoudre la question avec l’aide de tous. Pour la santé il compte résoudre ce problème compte tenu du fait que le nombre d’hôpital est insuffisant au pays. Les villages les plus reculés ont un réel problème de structures sanitaires.

« Cette candidature est la votre ! » Cette phrase est employée par le candidat comme un leitmotiv et constitue une conclusion de tout ce qu’on à dit sur ce discours jusqu’ici.
On constate dans ce discours que le candidat est trop penché vers une gestion familiale du pays. On repère facilement, qu’en dehors des grandes lignes dont les partis se fixent comme objectif, qu’il n’a pas d’autre projet de société élaboré plus scientifiquement comme on la vue avec les candidats des autres pays comme la France, les Etats-Unis, le Sénégal…
ii-) Les alliances des trois candidats favoris
Les alliances sont très importantes dans le milieu politique malien. Car elles permettent l’agrandissement de la famille politique et surtout la multiplication des partisans. Les trois candidats favoris sans aucun doute étaient : Dioncounda TRAORE de l’ADEMA/PASJ, Ibrahim Boubacar KEÏTA du RPM et Modibo SIDIBE de l’ADPS. En plus de ces candidats, Soumaïla CISSE de l’URD pourrait être vu en quatrième position.
1-L’Alliance pour le Renouveau Politique (ARP)
Créée le 26 janvier 2012 , l’ARP était une alliance qui regroupait 22 partis politiques pour soutenir la candidature du Professeur Dioncounda TRAORE. Parmi ceux-ci on peut citer : 1- l’Alliance pour la Démocratie au Mali/Parti Africain pour la Solidarité et la Justice (Adéma/PASJ), 2- le Mouvement pour la Démocratie et le Développement (MDD), 3- le Parti Concertation Démocratique (PCD), 4- l’Alliance Malienne pour le Travail (Amat), 5- PSP, 6- RPD, 7- le Parti Démocratique pour la Justice (PDJ), 8- Rassemblement Constitutionnel Démocratique (RCD), 9- PSR, 10- le Parti pour la Justice et la Démocratie Directe (PJDD), 11- UPR, 12- Parti pour l’Education, la Culture et la Santé (PECSAM), 13- le Parti Ecologique pour l’Intégration (PEI), 14- le Parti Démocratique de Développement (PDD faso kanou), 15- le parti pour la Démocratie et le Progrès (PDP), 16- le Parti Social Démocratique (PSD), 17- le Front Populaire pour la Démocratie (UFDP), 18- le parti Sigi Kafo ton, 19- l’Union pour la Démocratie et le Développement (UDD), 20- l’UFP, 21- l’Association Yèrè ko et 22- le MPR était en attente.
2-L’alliance «IBK-Mali 2012 »
Le 12 janvier 2012 vit le jour l’alliance « IBK-Mali 2012 » avec comme objectif « constituer un pôle républicain et démocratique fort et stable ». elle était composée de 16 partis politiques dont : 1- le Mouvement pour l’Indépendance, la Renaissance et l’Intégration Africaine (MIRIA), 2- le Parti Populaire pour le Progrès (PPP), 3- PPM, 4- MPLO, 5- RUP, 6- l’Action Démocratique pour le Changement et l’Alternance au Mali (ADCAM), 7- l’Union des Maliens pour le Progrès (UMP), 8- l’Union Malienne-Rassemblement Démocratique Africain (UM-RDA), 9- le Front Africain pour la Mobilisation et l’Alternance (FAMA), 10- le Rassemblement des Démocrates Républicains (RDR), 11- le Rassemblement Pour la Justice au Mali (RJP), 12- le Parti Sigikafo Oyédamouyé (PSO), 13- la Concertation Démocratique (CD), 14- le Parti de la Différence au Mali (PDM), 15-Parti Socialiste et Démocratique du Mali (PSDM) et 16- le Rassemblement pour le Mali (RPM).
3-L’Alliance pour la démocratie, le progrès et la solidarité (ADPS)
Le 6 mars 2012 l’ADPS a déclaré son soutien au candidat Modibo SIDIBE. Elle était composée de partis politiques dont : 1- l’UDM Jama ka wassa d’Ibrahim SIBY, 2- la COPP de Maître GAKOU, 3- l’ADES de Papa SIDIBE, 4- l’URP de Da SOUMARE, 5- le PRDDM, 6- le PDS.
c-) Le favori face aux crises postélectorales
Nous élaborons dans cette partie la vision des maliens sur le vote qui donnait sans doute au parti ADEMA/PASJ favori aux élections présidentielles de 2012, mais une victoire qui sera émaillée de violences, de crises et de tensions.
i-) La conception malienne du vote
« Le niveau des fraudes électorales est si élevé, que parfois, il semble mettre en question la sincérité du vote : ne vaut-il pas, alors, pas d’élections du tout plutôt que des élections truquées qui discréditent les processus démocratiques ? » Bayart cite des schèmes qui sont contradictoires aux exigences libérales de la démocratie dont «le répertoire de l’invisible spécialement de la sorcellerie, l’ethos égalitariste lignager (des relations de parentés et d’amitiés)… » Quant à Maurice, il dira que « les élections de transition de 1990 ont été influencées par des votes de solidarité, de loyauté, d’allégeance et non des calculs d’utilité de l’électeur. L’unité de base n’est pas l’individu mais le groupe. Les solidarités politiques préexistent aux choix politiques. » Cette entrée en matière nous donne une idée sur le cas malien qui est axé autour de deux points : les familles politiques et ceux qui ne votent pas.
Le Mali a une population de 15 370 000 habitants en 2010. Une population dont la majorité n’est pas intéressée par le vote. Au Mali, le vote est devenu une affaire des hommes politiques et de leurs familles c’est-à-dire les personnes qui peuvent en tirer profit. Ainsi on retrouve des intellectuels et des analphabètes qui ne sont jamais inscrits sur le fichier électoral alors qu’ils ont dépassé l’âge minimum requis qui est 18 ans.
Beaucoup de maliens pensent que les élections sont d’office manipulées par l’extérieur c’est-à-dire la France et les Etats-Unis. Mais certains croient aussi à ce que dit feu Bongo Président du Gabon qu’on ne peut pas organiser une élection et la perdre. Pour beaucoup de maliens le Président de la transition (ATT) en 1992 a passé la balle à M. Alpha Omar KONARE de l’ADEMA/PASJ et ce dernier en retour l’a passé en 2002. Une conception pour montrer que les élections sont truquées et manipulées.
Ainsi le peuple malien ne s’intéresse plus aux élections, sauf ceux qui pensent qu’ils font ou feront partie de la famille. Pour illustrer ce que nous venons de dire, certain parti politique avait fait zéro votant durant les élections communales de 2009 à Lafiabougou en commune IV du district de Bamako alors que ce parti avait des candidats (conseillers) qui devaient voter à Lafiabougou. Plusieurs élections communales avaient été annulées en 2009 dont celle de la Commune IV du district de Bamako pour fraudes.
Certes, les hommes politiques ont fait de leurs mieux en mettant à la disposition des électeurs des mini-cars qui se chargeaient de les amener aux différents bureaux de vote enfin de les ramener chez eux. L’Etat aussi avait diffusé un petit sketch « massa kè tountrou », pour sensibiliser la population afin de voter massivement car l’inconvénient du refus de vote pourrait entrainer l’élection d’un Président handicapé de membres postérieurs. Comme disait le spécialiste de l’Afrique, Jean François Bayart, « l’Etat en Afrique la politique du ventre » ; les maliens avaient vite compris les réalités électorales de l’Afrique. C’est pourquoi pour ne pas se faire d’ennemi une personne peut assister à toutes les rencontres des différents partis politiques en lice et ne pas voter. Cela, le jour où il aura l’occasion de faire partie du groupe de parenté ou d’ami de l’élu qu’il puisse se défendre même s’il faut mentir.
Ceux qui votent au Mali sont généralement des personnes qui tirent profit ou des personnes qui pourront tirer profit de l’élu. Les clivages de l’ethnicité dans les élections, qui peut voter où, qui peut se porter candidat et où, ne sont pas développés au Mali pour ne pas dire inexistants en matière de vote.
ii-) Une inévitable tension postélectorale
Comme ce fut le cas en 2002 et en 2007, les élections présidentielles de 2012 n’étaient pas exemptes de crises après la proclamation des résultats. Les pronostics donnaient le parti ADEMA/PASJ, avec ses alliances, favori aux présidentielles de 2012. Une victoire de ce parti serait très difficilement acceptée par les autres candidats dont certains n’auront pas certainement la chance de se présenter à nouveau aux élections présidentielles. Les candidats eux-mêmes ont la philosophie que chacun d’entre eux ferait de son mieux pour mettre en branle la sincérité du vote avec des pratiques non démocratiques.


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