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L’Essor N° 17404 du 3/4/2013

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Mission de formation militaire de l’UE à Koulikoro : une solide mise a niveau en perspective
Publié le jeudi 4 avril 2013  |  L’Essor


© aBamako.com par DR
Opération Serval: mission de l`armée française au Mali
11 janvier 2013 : adresse du colonel Paul Geze, chef de corps du 21ème RIMa à ses marsouins avant leur déploiement.


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La session a débuté. Dans deux mois, le premier bataillon d’environ 600 militaires sera déployé sur le théâtre d’opérations. Devant le portail du Centre d’instruction Boubacar Sada Sy, militaires maliens et européens montent la garde. Pour passer, il faut montrer patte blanche. Et aujourd’hui, les vérifications sont plus poussées que d’ordinaire. « Nous devons fouiller votre véhicule et nous vous demandons de descendre », indique un militaire malien, d’un ton sec. Il est vêtu d’un treillis bleu foncé et coiffé d’un casque, le doigt sur la gâchette de son arme en sautoir, il débite les ordres sans sourciller. Quelques pas plus loin, des militaires européens de différentes nationalités s’assurent que les sentinelles veillent au grain et que les consignes sont respectées.

Après ces préalables, le visiteur est autorisé à pénétrer dans la cour du centre qui accueille les 200 formateurs de la Mission de formation de l’Union Européenne (EUTM) et environ 600 militaires à former pendant deux mois.

Une unité spéciale assure la sécurité de la mission avec l’appui de militaires maliens en poste à Koulikoro et un hélicoptère de combat tourne en rond au dessus du centre. Le visiteur est tout de suite frappé par la propreté de lieux : les murs d’enceinte ont été récemment badigeonnés. La présence de bulldozers et de maçons atteste que les travaux de réfection sont toujours en cours.

Hier matin, il y avait beaucoup de mouvement à l’intérieur du centre d’instruction militaire dirigé par le lieutenant colonel Nouhoum Mamadou Traoré dont le bureau est situé au 3è étage d’un bâtiment qui domine tout l’établissement. Il faut contourner le bâtiment, dépasser la loge du régiment de sécurité pour mesurer l’impressionnant dispositif installé par les militaires européens.

Des véhicules légers, des camions de transport de troupes, quelques blindés, tout est en place. Le plus impressionnant est l’hôpital de campagne aménagé sous des tentes climatisées. En face, se trouve l’infirmerie du centre, modeste mais suffisamment équipée pour prendre en charge des éventuels blessés de la formation.

« C’est ce matin que nous avons officiellement remis le premier bataillon d’environ 600 éléments à la mission de formation », annonce le commandant du centre. C’est la première étape, précise-t-il. Les stagiaires ont été logés dans des tentes aménagées dans la cour. Dans celle-ci, les formateurs effectuent les derniers réglages. Le temps étant relativement court et l’ennemi omniprésent, il faut aller vite.

Pendant qu’un officier de l’armée française délimite un périmètre d’une vingtaine de m2 à l’aide de rubans de police zébrés de rouge, plusieurs petits groupes de militaires sont soumis à des tests physiques : pompes, musculation, étirements. Pour le profane que nous sommes, l’espace semble trop exigu pour des opérations de formation. Pourtant, les instructeurs ont délimité des terrains d’entrainement en fonction des disciplines. Tandis qu’un groupe s’exerce à la musculation, un autre, juste à côté, s’échauffe.

Plus loin, d’autres stagiaires reçoivent des cours théoriques à quelques mètres d’ouvriers travaillant à aplanir le terrain pour les besoins des exercices militaires programmés.

« Avancez ! », ordonne un instructeur qui conduit une cinquante de jeunes militaires sur le terrain de basket-ball. A tour de rôle, chaque élève donne un aperçu de sa condition physique. Muni d’une fiche et d’un crayon, l’instructeur chronomètre le nombre de pompes par minute. Après, c’est la traction en avant d’une charge lourde qui confirme la puissance des muscles. En fonction des résultats, les instructeurs se font une idée des aptitudes physiques et mentales des stagiaires qu’ils doivent transformer en bons soldats en deux mois.

« En deux mois, il faut s’attendre à une formation très intense », prévient le patron du centre d’instruction qui est convaincu que les capacités opérationnelles de l’armée seront améliorées. Les soldats sont très engagés et prêts à accomplir leur devoir de militaire, confie l’officier.

AU FRONT DANS DEUX MOIS. L’aile droite du premier étage de l’Administration du centre a été attribuée au représentant du général Lecointre qui commande la mission sur le terrain. Mais, il était impossible de le rencontrer, surtout sans rendez-vous. Ici aussi, les couloirs sont propres. Les trois foyers de l’école militaire ont été réaménagés et bien approvisionnés pour accueillir les militaires maliens et européens après les exercices et faciliter les contacts. Selon le commandant du centre, toutes les conditions sont réunies pour créer une bonne ambiance entre les deux commandements.

La cérémonie officielle d’ouverture initialement prévue pour hier mercredi aura finalement lieu plus tard. La date, nous dit-on, sera ultérieurement fixée par Bamako.

D’ici là, la formation peut commencer dans le camp. « Les éléments sont dans l’ambiance, installés dans les areas. La vie de campagne a déjà démarré parce qu’aussitôt après la formation, ils iront au front. Il est donc hors de question qu’ils soient formés dans le luxe », souligne le patron du centre qui connaît parfaitement les conditions de vie dans le Sahara.

Un militaire doit être physiquement apte, fait-il valoir. Donc, un test Cooper (une course d’endurance) est nécessaire pour déceler en chacun les limites, poursuit l’officier qui précise que la nature des tests varie en fonction des grades. Par exemple, ce qui est demandé à un capitaine ne l’est pas à un sergent.

La formation durera environ deux mois et demi pour chaque bataillon. A terme, quelques 2500 militaires maliens sortiront aguerris et équipés de cette formation qui s’étalera sur plus d’un an.

Le système de formation est alternatif, c’est à dire qu’après le premier contingent, un autre sera introduit pendant que le précédent est déjà envoyé sur les théâtres d’opérations, explique-t-on.

« Il s’agit d’une remise à niveau pour rendre les troupes plus opérationnelles sur le terrain. Les hommes doivent vivre les rigueurs du terrain. Pour réussir la mission, le choix a été donné aux instructeurs de faire des reconnaissances de terrain dans toute la région pour choisir les sites de formation de haut niveau notamment les tirs d’artillerie. Pour cela, un site bien adapté a été mis à la disposition des formateurs de l’Union européenne qui utiliseront les équipements de l’EMIA pour former les 4 bataillons », se satisfait le commandant du centre. Pour le génie, précise-t-il, l’armée allemande a déjà remis un lot d’équipements qui servira non seulement à la formation mais également aux combats sur le terrain.

Précision de taille : les bataillons formés évolueront toujours ensemble pour des raisons d’efficacité car il s’agit-il de troupes combattantes.

L’hôpital de campagne de la mission est aussi une merveille. « Il y a tout dedans », résume notre interlocuteur. De gros générateurs tournent à plein temps pour alimenter en énergie les appareils de radiographie et le bloc opératoire. Mais, ici, la priorité est réservée au corps d’encadrement et au service de sécurité.

En cas d’urgence, les militaires maliens y seront, naturellement, soignés. Les médecins qui officient là formeront sur le tas d’autres médecins militaires maliens. L’infirmerie du centre qui fait face à l’hôpital ultra moderne de la mission de l’Union européenne a été étoffé et équipé pour répondre aux besoins de la formation qui durera 15 mois et qui sera mise à profit pour améliorer les programmes de formation des écoles militaires.

D’où viennent les militaires en formation ? Ils sont issus des différents corps des armées, répond le lieutenant colonel Nouhoum Mamadou Traoré. Parmi eux figurent des militaires qui reviennent du front, notamment de Gao. Et sans distinction d’ethnie, tient à préciser le commandant du Centre d’instruction Boubacar Sada Sy de Koulikoro. Ce centre regroupe trois grandes écoles : école d’Etat major, l’école militaire interarmées et l’école militaire d’administration.

Le commandant, mettant en avant le sens du « jatiguiya », s’est dit prêt à tout mettre à la disposition de la mission pour la réussite de cette opération commune. « Le commandement fait tout pour les mettre dans les meilleures conditions de travail », a insisté le patron du centre d’instruction qui a évoqué la visite du centre par les autorités régionales.

Dans deux mois, les 600 pensionnaires actuels du camp d’entrainement seront envoyé au front pour défendre, avec l’efficacité requise, la souveraineté de notre pays.

A. M. CISSE

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