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Fête du trône du Maroc : Le Roi Mohammed VI dénonce le comportement des politiques
Publié le samedi 5 aout 2017  |  Aujourd`hui
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A l’occasion de la Fête du Trône qui a coïncidé cette année avec le 18e anniversaire de l’accession de Sa Majesté Mohammed VI au Trône de ses glorieux ancêtres, le Souverain a adressé samedi un discours à la Nation. Nous vous proposons un large extrait de cette allocution centrée sur l’Administration et les partis politiques.

Après avoir rendu Louange à Dieu, Paix et Salut sur le Prophète, Sa Famille et Ses Compagnons, Sa Majesté dira que le 18e anniversaire de la Glorieuse Fête du Trône est célébré dans un contexte national riche en acquis et chargé en défis. “C’est pour nous, une occasion annuelle de renouveler les liens de la Beia qui nous unissent mutuellement et de nous arrêter sur l’état de la Nation. Les projets de développement, les réformes politiques et institutionnelles que nous menons poursuivent un seul objectif : servir le citoyen là où il vit dans notre pays, sans distinction entre le Nord et le Sud, l’Est et l’Ouest, ni entre citadins et ruraux”.



A ses dires, le Maroc jouit d’une grande crédibilité à l’échelle continentale et internationale, et bénéficie de l’estime de ses partenaires, de la confiance de grands investisseurs comme “Boeing“, “Renault” et “Peugeot”. Malgré cette confiance, il reconnaît que dans certains secteurs sociaux, le bilan et la réalité des réalisations sont en-deçà des attentes.

“N’a-t-on pas honte de signaler que ces résultats sont le fait du Maroc d’aujourd’hui ? Nous avons réussi dans la mise en œuvre de nombreux plans sectoriels comme ceux de l’agriculture, de l’industrie et des énergies renouvelables. Néanmoins, les projets de développement humain et territorial, qui ont un impact direct sur l’amélioration des conditions de vie des citoyens, ne nous font pas honneur et restent en-deçà de Notre ambition. Dans bon nombre de domaines, cet état de choses tient essentiellement au faible niveau du travail en commun et à l’absence d’une vision nationale et stratégique. Il résulte aussi du fait que la dysharmonie l’emporte trop souvent sur la cohérence et la transversalité, que la passivité et la procrastination remplacent l’esprit d’initiative et l’action concrète. Cette réalité paradoxale est encore accentuée lorsqu’on établit un parallèle entre, d’une part, le secteur privé rendu efficient et compétitif grâce à un modèle de gestion organisé autour des notions de suivi, de contrôle et d’incitation, et, d’autre part, le secteur public, en particulier l’Administration publique, qui souffre d’une faible gouvernance et d’une productivité insuffisante. En effet, le secteur privé attire les meilleurs cadres formés dans notre pays, lesquels participent aujourd’hui à la gestion des plus grandes compagnies internationales installées au Maroc, et administrent les petites et les moyennes entreprises nationales. En revanche, les fonctionnaires publics, pour la plupart d’entre eux, manquent de compétences et d’ambition et n’ont pas toujours des motivations liées au sens des responsabilités, liées à leur mission. Mieux encore, certains d’entre eux pratiquent l’absentéisme, se satisfaisant d’un traitement mensuel sûr, pour modique qu’il est, ne manifestant aucune ardeur au travail et ne nourrissant aucune ambition professionnelle”, a-t-il regretté, avant de dénoncer les faiblesses de l’Administration marocaine.

Faiblesse de l’Administration : frein aux investissements

Selon Sa Majesté, l’un des problèmes qui entravent le progrès du Maroc réside dans la faiblesse de l’Administration publique, en termes de gouvernance, d’efficience ou de qualité des prestations offertes aux citoyens. A titre d’exemple, il citera les Centres régionaux d’Investissement, à l’exception d’un ou deux, constituent un problème et un frein au processus d’investissement : ils ne jouent pas leur rôle de mécanisme incitatif; eux qui ont, en principe, vocation à régler les problèmes qui se posent régionalement aux investisseurs, à leur épargner le besoin de se déplacer auprès de l’Administration centrale.

“Ce dysfonctionnement a des retombées négatives sur les régions qui souffrent d’une insuffisance, voire d’une inexistence de l’investissement privé, autant que de la faible productivité du secteur public. Cette situation ne manque pas d’affecter les conditions de vie des citoyens. En effet, elle accentue les difficultés de certaines régions qui ont un grand déficit en installations et en prestations sanitaires, éducatives et culturelles, ainsi qu’en opportunités d’emploi. Dans ces régions, il est nécessaire de recourir à une mutualisation accrue des efforts qui leur permettra de rattraper le retard accumulé, de combler le manque existant et, in fine, de s’arrimer au train du développement”, a-t-il mentionné.

Au titre des satisfactions, il fera le constat que les régions qui connaissent une activité intense du secteur privé comme Casablanca, Rabat, Marrakech et Tanger, vivent au rythme d’un dynamisme économique fort, générateur de richesse et d’emplois.

Les méthodes actives de travail contre les dysfonctionnements

Pour mettre fin à ces dysfonctionnements, Sa Majesté propose à tous les responsables du secteur public d’adopter les méthodes actives de travail et les objectifs ambitieux des cadres du secteur privé. “Mus par le sens des responsabilités, ils doivent faire honneur à l’Administration, et aboutir à des résultats concrets. Car, en définitive, leur responsabilité est de veiller sur les intérêts des gens”, a-t-il préconisé, avant d’ajouter que les choix des Marocains en matière de développement restent globalement pertinents. Mais le problème a trait à l’immobilisme des mentalités et aux carences en termes d’exécution et d’innovation.

Une pierre dans le camp

des partis politiques

Pour Sa Majesté, l’évolution politique du Maroc et ses progrès en matière de développement ne se sont pas répercutés positivement sur l’attitude affichée par les partis, les responsables politiques et les administratifs, au regard des aspirations et des préoccupations réelles des Marocains. ” En effet, quand le bilan se révèle positif, les partis, la classe politique et les responsables s’empressent d’occuper le devant de la scène pour engranger les bénéfices politiques et médiatiques des acquis réalisés. Mais, quand le bilan est décevant, on se retranche derrière le Palais Royal et on lui en impute la responsabilité. Voilà pourquoi les citoyens se plaignent, auprès du Roi, des administrations et des responsables qui font preuve de procrastination dans le règlement de leurs doléances et le traitement de leurs dossiers. Voilà pourquoi ils sollicitent Son intervention pour mener leurs affaires à bonne fin”, a-t-il dénoncé, avant d’ajouter que certains partis politiques pensent que leur mission consiste à tenir leurs congrès, à réunir leurs bureaux et leurs comités exécutifs, et qu’elle s’interrompt à la fin des campagnes électorales !

“Et lorsqu’il s’agit de communiquer avec les citoyens et de régler leurs problèmes, ces partis sont aux abonnés absents et ne remplissent nullement leur mission. C’est là une attitude inadmissible, de la part d’instances dont la fonction est de représenter, d’encadrer les citoyens et de servir leurs intérêts. Il ne m’était pas venu à l’esprit que la lutte partisane et les règlements de comptes auraient pu, à ce point, léser les intérêts des citoyens. De fait, la gestion des affaires publiques doit rester bien à l’écart des intérêts personnels et partisans, à l’abri des discours populistes. Elle ne doit pas non plus être entachée par certaines expressions étranges qui entachent l’action politique. Or, nous avons constaté que la plupart des acteurs préfèrent raisonner en termes de gain et de perte, qu’ils s’évertuent à préserver leur capital politique, voire à le renforcer, et que, de ce fait, ils agissent au détriment de la patrie et contribuent à la détérioration de la situation. La renonciation des partis politiques et de leurs représentants à remplir leur rôle, parfois à dessein et de propos délibéré, et, d’autres fois, par défaut de crédibilité et de patriotisme, a rendu la situation plus précaire encore. Devant ce vide regrettable et dangereux, les forces publiques, qui se sont trouvées face à la population, ont assumé leur responsabilité avec courage, patience, retenue et ont fait preuve d’un grand respect de la loi. Elles ont ainsi préservé la sécurité et la stabilité”, a-t-il mentionné.

Transparence vis-à-vis du citoyen

Sa Majesté estime que le devoir exige que les citoyens reçoivent, dans des délais raisonnables, des réponses convaincantes à leurs interrogations et à leurs plaintes. ” A cet égard, il est impératif d’expliquer les décisions prises et d’en justifier la teneur, même quand elles sont sanctionnées par un refus. A ce propos, tout refus doit reposer sur un fondement juridique : soit que la demande introduite constitue une infraction à la loi, ou que le citoyen n’a pas rempli toutes les formalités requises. Face à cet état de fait, le citoyen est en droit de se demander : à quoi servent les institutions en place, la tenue des élections, la désignation du gouvernement et des ministres, la nomination des walis et des gouverneurs, des ambassadeurs et des consuls, si, visiblement, un fossé sépare toutes ces instances du peuple et de ses préoccupations? De fait, les pratiques de certains responsables élus poussent un nombre de citoyens, notamment les jeunes, à bouder l’engagement politique et la participation aux élections. La raison en est qu’ils ne font tout simplement pas confiance à la classe politique, et que certains acteurs ont perverti l’action politique en la détournant de la noble finalité qui lui est assignée par définition. Si le Roi du Maroc n’est pas convaincu par certaines pratiques politiques, s’il ne fait pas confiance à nombre de politiciens, que reste-t-il, donc, au peuple ? A tous ceux qui déçoivent les attentes du peuple, Je dis : “Assez ! Ayez crainte de Dieu pour ce qui touche à votre patrie… Acquittez-vous pleinement des missions qui sont les vôtres, ou bien éclipsez-vous ! Car le Maroc compte des femmes et des hommes honnêtes et sincères envers leur pays. Désormais, cette situation ne peut perdurer car ce qui est en jeu, ce sont les intérêts de la Nation et ceux des citoyens. Et là, Je pèse mes mots et j’exprime ici avec force et conviction le fruit d’une profonde méditation. La charge et l’honneur de servir le citoyen vont de la satisfaction de ses simples demandes jusqu’à la réalisation de projets, quelle qu’en soit l’envergure. Car, comme Je le dis souvent, il n’y a pas de petits et de grands projets. Il n’y a que des projets qui visent à satisfaire les besoins des citoyens. Qu’il soit réalisé à l’échelle d’un quartier, d’un douar, d’une ville ou d’une région, ou qu’il concerne tout le pays, un projet a toujours le même objectif : celui de servir le citoyen. En ce qui me concerne, Je considère que le creusement d’un puits et la construction d’un barrage revêtent la même importance, dans la mesure où ces réalisations visent le bien-être des citoyens. La notion de responsabilité a-t-elle encore un sens, si celui qui en est dépositaire perd de vue son exigence la plus élémentaire, à savoir la nécessité d’être à l’écoute des préoccupations des citoyens? “, a-t-il laissé entendre.

Il a aussi dénoncé le comportement de certains responsables. “Je ne comprends pas comment un responsable qui ne fait pas son devoir, peut sortir de chez lui, se mettre au volant de sa voiture, s’arrêter au feu rouge, et avoir l’impudence, l’effronterie de lever les yeux sur les passants, ses administrés, ceux qui (et il le sait) sont parfaitement informés de son manque de scrupules. N’ont-ils pas honte, ces responsables qui n’accomplissent pas leur devoir alors qu’ils ont prêté serment devant Dieu, la Patrie et le Roi ? Ne conviendrait-il pas de destituer tout responsable à chaque fois qu’on établit une négligence ou un manquement de sa part dans l’exercice de ses fonctions ? “, s’est-il interrogé, avant de mettre l’accent sur la nécessité d’une application stricte des dispositions de l’alinéa 2 de l’Article premier de la Constitution, alinéa qui établit une corrélation entre responsabilité et reddition des comptes.“Le temps est venu de rendre ce principe pleinement opérationnel. En effet, tout comme la loi s’applique à tous les Marocains, elle doit s’imposer en premier lieu à tous les responsables, sans exception ni distinction, à l’échelle de tout le Royaume. Nous nous trouvons à une nouvelle étape de notre action publique : il n’y a pas de différence entre le responsable et le citoyen en termes de droits et d’obligations liés à la citoyenneté, et il n’y a pas lieu de se dérober à ses responsabilités ou de jouir de l’impunité”, a-t-il dit, avant d’insister sur la nécessité d’une mise en œuvre entière et judicieuse de la Constitution. […]

Sa Majesté a appelé le peuple marocain au changement de mentalité et de comportement en vue du développement du Maroc. “Nous pouvons mettre au point le plus efficient des modèles de développement, les meilleurs plans et les stratégies les plus pointues. Mais sans un changement des mentalités, sans une administration dotée des meilleurs cadres, sans partis politiques faisant appel aux élites les plus qualifiées pour la gestion des affaires publiques ; et faute d’un esprit de responsabilité et d’engagement civique, nous ne pourrons pas concrétiser Notre vœu : voir tous les Marocains bénéficier des conditions d’une vie libre et digne”, a-t-il souligné, avant de dire qu’il est loin d’être pessimiste.

Synthèse de Siaka DOUMBIA



Des personnalités décorées par le Roi

A l’occasion du 18e anniversaire de l’accession du souverain au Trône, le Roi Mohammed VI a décoré plusieurs personnalités marocaines et étrangères de wissams royaux.

Accompagné du prince héritier Moulay El Hassan, du prince Moulay Rachid, du prince Moulay Ismail, et en présence du président du Gabon Ali Bongo Ondimba, Mohammed VI a présidé, dimanche au Palais Marchane à Tanger, une réception à l’occasion du 18e anniversaire de l’accession du souverain au Trône.

Le souverain a, à cette occasion, décoré plusieurs personnalités marocaines et étrangères de wissams royaux. Le roi a ainsi décoré du Wissam «Al Kafaa Al Fikriya» Adnane Remmal, professeur et directeur de recherches à la faculté des sciences de l’Université Mohammed Ben Abdellah de Fès, lauréat du Prix du Public de l’inventeur européen de 2017 pour le développement d’une nouvelle méthode à base des huiles essentielles améliorant l’efficacité des antibiotiques.

Le souverain a décoré du même Wissam Abdelouahed Ben-Ncer, anthropologue, professeur de l’enseignement supérieur à l’Institut National des Sciences de l’Archéologie et du Patrimoine, un des superviseurs de l’équipe de recherche internationale ayant découvert des ossements d’Homosapiens datant de 300.000 ans à Jbel Irhoud au Maroc, ainsi que Jean Jacques Hublin, professeur et président d’un département de recherche à l’Institut Max Planck de Leipzig (Allemagne), un des coauteur de cette découverte.

Le roi a également décoré du Wissam Al Istihkak Al Wathani de 2ème classe l’élève Oussama Meftah qui, en dépit de son handicap, a pu poursuivre ses études et obtenir le diplôme de baccalauréat (lettres et sciences humaines) avec la mention «assez bien».

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