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Classe politique, classe religieuse et bourgeoisie compradore : voilà les trois problèmes du Mali
Publié le mercredi 9 aout 2017  |  Le Reporter
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Les premiers sont nantis de grands diplômes. Après les études, ils prennent le chemin de la mosquée comme s’ils n’avaient jamais été à l’école. Ils se mettent à développer des dogmes ridicules que la science et la logique humaine ont réfutés depuis longtemps. Ils sont maintenant sous une double domination. Ayant accédé au pouvoir d’une part, ils deviennent des sous-préfets qui exécutent tous les ordres reçus de l’extérieur. Ils savent bien qu’ils agissent contre les intérêts du pays, mais ils le font avec un grand plaisir parce qu’ils ont déjà choisi le chemin de la servitude volontaire. L’essentiel est qu’ils ont leur part du gâteau pour eux et leurs proches. Du pays et des intérêts de sa population, ils en ont besoin comme le poisson d’un parapluie.
De l’autre côté, et c’est le comble du ridicule, ils se mettent volontiers à genoux devant des imams qui ignorent beaucoup de cette vie, même du Coran. Il est difficile de les comprendre qui développent de grandes théories le jour, et le soir venu, ils vont prendre des biberons religieux dans la bouche comme des enfants.
Les deuxièmes font des prêches si l’on peut les appeler ainsi. Dans chaque mosquée aujourd’hui, il y a l’arsenal de guerre qui s’y trouve : des microphones, des amplificateurs et des baffles. Ça vocifère et ça menace partout. Au lieu de prêches ou de prières, c’est toute une campagne ou un meeting politique. Les imams et autres religieux sont intarissables de parler d’argent, de luxe. Ils passent et repassent sur les oreilles des Maliens, sur ce qu’ils veulent entendre. Mais les fruits de ces menaces religieuses finissent par tomber dans les poches des religieux eux-mêmes. Il s’agit de centaines de millions de francs que les «fidèles» ne verront jamais parce qu’on leur donne l’espoir d’un paradis mythique après la vie. À force de bourrer la tête des crédules, au Mali de ce jour, un «tu l’auras» est devenu plus valeureux que mille «tiens». La promesse n’engage que ceux qui y croient. En parenthèses, ceux qui accusent les jeunes leaders comme Ras Bath et autres de ne pas soulever les masses pour la résolution de la crise au nord devraient se poser la question pourquoi les religieux ne l’ont jamais fait malgré leur influence ! Ils étaient où ?!
Les troisièmes sont une sorte de clé passe-partout. À peine un nouveau président élu qu’ils se précipitent à ses pieds avec des cadeaux de grand luxe pour lui, pour sa femme et ses enfants. Ils financent des campagnes, ils ne parlent tout le temps que d’exonérations sur leurs importations de qualité très douteuse. Ils se querellent facilement pour des femmes et parfois même, se tirent dessus à coup de feu. Ils contractent des mariages avec des filles d’hommes politiques et ramifient leurs liaisons au sein de la grande administration publique comme une pieuvre. Les crédits bancaires et les grands marchés, c’est toujours eux. Le peuple, ce n’est pas leur credo.
Tous ces trois éléments sont comme des pigeons assis sur des branches et qui chient sur la tête du peuple. S’il y a un combat à mener contre quelque chose, c’est par là qu’il faut commencer. Que faut-il faire donc ?
La jeunesse malienne consciente se doit de constituer une nouvelle force pour contenir cette classe politico-religio-bourgeoise. Au mieux, de la balayer ou de réduire considérablement son influence sur la vie publique de la Nation. Un ou deux millions de jeunes en marche suffisent à secouer et à désarçonner cette classe de prédateurs. Au passage même, ils pourront être la clé de la résolution de la crise malienne avec une telle marche massive sur l’Ambassade de France, sur Kidal et sur le siège de la piètre Minusma logée dans les hôtels de Bamako avec des prostituées.
Cependant, il y a l’autre revers de la médaille. Quand vous êtes un meneur de foule au Mali, vous devenez aussitôt très courtisé de ces trois classes qui ne ménagent aucun effort financier pour vous racheter à leur cause. Les exemples ne manquent pas.
Ne nous voilons pas la face : beaucoup de jeunes crient assez fort rien que dans le but de se faire remarquer ou voir du sommet du pays. Évidemment dans l’espoir de se faire acheter très cher à coup de millions ou de gagner un poste juteux. Même s’il peut y avoir des exceptions, c’est devenu une règle générale dans le pays. Car, en silence, presque tous prennent l’exemple sur les religieux qui crient fort et obtiennent tout ce qu’ils veulent. Nous avons vu assez de «patriotes» qui ont fini par décevoir.
Le principal danger qui guette la jeunesse consciente montante et les jeunes dits leaders, c’est l’argent. Au sommet du pays, ils le savent et sont prêts à en faire usage dès que la menace devient grande. Ces jeunes sont abordés par des émissaires qui leur font des promesses dorées avec des sommes avancées comme symbole de bonne foi. C’est un mirage et c’est un piège ! Une fois que le «petit poisson» aura mordu à l’appât du gain facile, quelque temps après, il est répudié sans cérémonie et dans des conditions qui frisent l’humiliation et l’atteinte à l’amour-propre. À ses tentatives de riposte, des dossiers brûlants sous forme de vidéo ou audio sortent pour l’achever et le réduire en silence !
La nouvelle stratégie du pouvoir actuel est «d’appeler le chien avec des os pour mieux le bastonner ensuite.» S’il y a de jeunes leaders qui espèrent tirer financièrement leur épingle du feu, ils ont donc tout le risque de finir comme ça. Nous avons vu des exemples. Avec la bataille du referendum et à la veille des élections de 2018, des pièges seront tendus à beaucoup d’entre eux.
Le problème de beaucoup de Maliens d’aujourd’hui, c’est la précipitation. On est pressé de manger, de devenir subitement riche, de voir ses rêves se réaliser comme par coup de bâton magique. Même au paradis aux 70 vierges (rire), cela n’existe pas. Il faut au préalable vivre ses quelques dizaines d’années dans cette vie, pour aller ensuite voir si ce paradis existe réellement et que ces vierges le sont aussi. Avec tant de morts déjà, si ces vierges sont encore vierges, c’est qu’il y a dans l’Au-delà des médecins très expérimentés !
Soyons sérieux. Si la jeunesse malienne entame aujourd’hui une lutte pour le changement, elle devra faire preuve de patience et non de précipitation pour manger. L’arbre planté le matin ne saurait donner de fruits à midi. Il faut attendre le soir ou le lendemain pour savourer ses fruits délicieux qui tomberont par terre pour tous. Celui qui creuse un puits pour avoir de l’eau à boire constamment ne devrait pas s’arrêter à chaque coup de pioche pour prendre des calebasses d’eau qu’on lui tend. Sinon, il creusera le puits pendant des années sans arriver à la nappe d’eau qui l’y attend pour toute sa vie.
Si la jeunesse opte pour la bataille du changement, elle devrait savoir que ce chemin ne rime pas avec la facilité ; il est non seulement fait de sueur et de sang, mais aussi de pièges mercantiles. L’ignorer, c’est aller à l’échec dès le premier coup de fer contre des maîtres férus à l’art de servir de façon impeccable des intérêts extérieurs. Unis, nous sommes une force ; déterminés, nous vaincrons !
Sékou Kyassou DIALLO
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