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L’Essor N° 17408 du 9/4/2013

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Assurance maladie obligatoire : Retour en Grace
Publié le mercredi 10 avril 2013  |  L’Essor




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Intoxiqués ou mal renseignés, de nombreux travailleurs qui avaient rejeté cette mesure de protection sociale, y reviennent. Signe évident qu’elle a commencé à faire ses preuves. Toute réforme sociale est difficile, aussi avantageuse soit-elle. Dans cette logique implacable, l’institution de l’Assurance maladie obligatoire (AMO) a eu beaucoup de mal à se mettre en route. C’est vrai que l’initiative suscitait des interrogations légitimes et avait été victime d’une communication calamiteuse au début. Mais elle a aussi été, bien des fois, vilipendée à tort.
Ses adversaires sont allés jusqu’à organiser des marches pour réclamer son abandon pur et simple. Face à la virulente contestation, les pouvoirs publics jugèrent bon d’autoriser les travailleurs qui n’en voulaient pas, à se retirer. C’est ce qu’ont fait de nombreux fonctionnaires et travailleurs régis par le code du travail. Rappelons que l’AMO est basée sur des cotisations. C’est ainsi que 3,6% des salaires sont retenus à la source chez les fonctionnaires et les autres travailleurs régis par le code du travail. Pour les retraités, la cotisation est de l’ordre de 0,75%. L’Etat et les employeurs du secteur privé déboursent respectivement 4,48% et 3,5%.

Après la forte contestation dont il a fait l’objet à ses débuts par une partie des travailleurs, l’AMO suscite aujourd’hui un regain d’intérêt. Cet engouement s’explique certainement par le fait que les travailleurs peuvent désormais percevoir les avantages concrets du nouveau régime de protection sociale.

Les droits de bénéficier des prestations de l’AMO ont été ouverts pour les assurés en mai 2011. Et cela dans un contexte où toutes les conditions n’étaient pas réunies du côté des prestataires dans les établissements de santé, les laboratoires d’analyses médicales et les pharmacies conventionnés à l’Assurance.

Il semble que ces structures donnent désormais satisfaction aux usagers dans la mise en œuvre du régime de protection sociale. Pour sa part, la Caisse nationale d’assurance maladie (CANAM), en charge de la mise en œuvre de la politique, a fait de gros efforts, d’information, de sensibilisation, de communication pour expliquer les avantages de l’Assurance maladie obligatoire, tout en amenant les prestataires à une meilleure maîtrise des supports de gestion.

Le directeur général de la CANAM, Luc Togo, explique que grâce à ces efforts, un apport d’informations a permis aux assurés de mieux percevoir les avantages à tirer de ce régime de protection sociale. Sous l’effet de la conjugaison de ces facteurs, la CANAM continue de recenser ceux qui continuent de cotiser et qui n’ont toujours pas été immatriculés. « Mais nous enregistrons aussi le retour de ceux qui avaient quittés. Nous les appelons les réadhérents. Ils sont toujours plus nombreux. Nous pensons que nous sommes sur une bonne dynamique et que le mécanisme commence à être bien huilé », estime le patron de la Caisse.



LE PRINCIPE DE L’ASSUJETISSEMENT TOUJOURS EN VIGUEUR. La CANAM n’a pas voulu fermer la porte à ceux qui veulent revenir à l’AMO. Elle ne pouvait d’ailleurs le faire au regard de la lettre et de l’esprit de la loi instituant cette avancée sociale, confirme Luc Togo. En effet, les textes stipule que les fonctionnaires et autres travailleurs régis par le code du travail sont assujettis à l’assurance maladie obligatoire.

Mais à un moment donné pour faire baisser la tension, les pouvoirs publics avaient décidé d’arrêter les prélèvements à la base (les retenues opérées sur les salaires) chez ceux qui ne désiraient pas adhérer à ce régime de prise en charge du risque maladie et de leur rembourser les sommes déjà cotisées. Cette décision était contraire à la loi mais la paix sociale semblait à ce prix. Et pourtant le principe de l’assujettissement des travailleurs à l’AMO reste en vigueur puisque la loi n’a pas été changée.

Ceux qui sont revenus peuvent-ils bénéficier immédiatement des prestations de l’AMO ? Le directeur général de la CANAM explique que les assurés qui avaient cotisé pendant plus de 6 mois peuvent jouir immédiatement de leurs droits à condition que leurs cotisations reprennent aussitôt. Ils peuvent bénéficier des prestations parce que les remboursements ne concernaient que la période de juillet 2012 et les mois d’après. Les gens qui reviennent n’ont donc pas perçu le remboursement de la période dite de stage, c’est-à-dire les 6 mois premiers de cotisation requis pour ouvrir les droits.


Salif Coulibaly, travailleur contractuel, dans une administration publique au Quartier du fleuve témoigne des avantages de cette politique de protection sociale à la lumière de sa propre expérience. C’était lors de la maladie de son père hospitalisé dans un établissement public de la place. Il explique que le paiement du ticket modérateur a été d’un grand apport pour lui. « Les analyses et les médicaments allaient me coûter les yeux de la tête. Avec l’AMO, j’ai relativement peu dépensé », assure Coulibaly.

Le Dr Mamby Keïta, chirurgien pédiatre au centre hospitalo-universitaire (CHU) Gabriel Touré, n’a aucun doute sur la pertinence de l’assurance maladie obligatoire. « Nous faisons nous-mêmes l’effort pédagogique de conseiller aux malades souffrant de pathologies lourdes de s’inscrire à l’AMO car nous savons que ces malades, d’une manière générale, ne peuvent supporter le coût de la prise en charge sur la durée. Donc à ce niveau, l’AMO sera d’une aide précieuse », estime le chirurgien.



Une question fondamentale : quand un assuré perd-t-il ses droits ? A ce propos, le directeur général de la CANAM cite les cas de décès. Dans cette situation, les ayant-droits du défunt ou de la défunte continueront à bénéficier des prestations de l’AMO pendant un an. En cas de pertes d’emploi, l’assuré jouit encore de ses droits pendant 6 mois.



40 000 NOUVELLES CARTES. Aujourd’hui la CANAM s’emploie à trouver des solutions aux difficultés constatées à l’entrée en pratique de l’AMO. Elle s’emploie à mettre en place une organisation pratique et efficace avec la collaboration des structures publiques et privées conventionnées à l’Assurance. C’est ainsi que la plupart des grands laboratoires privés offrent désormais des prestations dans le cadre de l’AMO. C’est le cas par exemple du laboratoire d’analyses médicales « PA&KA ».

Le directeur de cet établissement de diagnostic, le médecin biologiste Hadid Abdelaziz, estime que nombre de nos compatriotes ne croyaient pas en l’AMO, tout simplement, parce que c’était une idée nouvelle.

« Mais les choses sont désormais bien engagées et il faut maintenir le cap. Pour notre laboratoire, il s’agissait d’un devoir de génération. Nous ne pouvions pas rater un tournant décisif en matière de couverture sanitaire dans notre pays. Nous, nous apportons notre contribution, mais tout le mérite revient à ceux qui ont pensé ce régime de protection sociale », juge Hadid Abdelaziz.



Par ailleurs, nombre de structures conventionnées à l’AMO se disent satisfaites du remboursement dans les délais des compensations. Même si le directeur général de la CANAM reconnaît quelques retards. En effet, la loi prévoit que les pharmacies soient remboursées dans les 15 jours qui suivent leur prestation. Mais parfois, le temps d’acheminer les documents pour les établissements pharmaceutiques hors de Bamako, ce délai est dépassé.



Il faut aussi tenir compte du temps du processus de liquidation autrement dit la vérification des dossiers. « Ces deux facteurs peuvent nous amener à accuser un léger retard dans le remboursement », indique Luc Togo en précisant au passage que ce sont les organisations gestionnaires délégués (OGD) que sont l’Institut national de prévoyance sociale (INPS) pour les conventionnaires et la Caisse malienne de sécurité sociale pour les fonctionnaires qui remboursent les compensations des prestations réalisées dans les structures conventionnées. Mais il arrive que dans les situations de retard, la Caisse diligente les choses pour que les établissements entrent dans leurs droits.


Au nombre des difficultés rencontrées dans la mise en œuvre de l’AMO, le directeur général de la CANAM cite les lenteurs enregistrées dans l’immatriculation et dans la collecte des données. Pour améliorer les choses sur ce plan, la caisse a innové en lançant une campagne d’enrôlement de proximité. Elle a délégué une équipe qui se rend dans les entreprises pour procéder aux immatriculations. Le directeur général de la CANAM convient qu’il faut aussi plus de célérité dans la production des cartes d’assurés. Ainsi plus de 40 000 cartes confectionnées vont être incessamment distribuées.

De toute évidence, l’intérêt des travailleurs pour l’AMO ne peut que croître.

B. DOUMBIA

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