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Chronique du web : Quand jeunesse rime avec inconscience
Publié le lundi 25 septembre 2017  |  Infosept
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Dans la présente livraison, je risque de choquer certains de nos fidèles lecteurs qui s’attendent toujours – et c’est bien leur droit- à des sujets sérieux. Les rodomontades belliqueuses du Président américain Donald Trump et la rhétorique non moins guerrière du sud-coréen Kim Jong-Un, avec en toile de fond une dévastatrice guerre nucléaire, auraient pu constituer le plat de résistance de ma chronique d’aujourd’hui.




Passent aussi à la trappe le déchainement catastrophique des éléments : cyclones, ouragans, tempêtes, inondations… aux Etats-Unis d’Amérique, dans les possessions françaises et néerlandaises du Pacifique et dans l’Atlantique, tremblement de terre au Mexique. Même le décès de Mme Liliane Bettencourt, la patronne de L’Oréal, bout de femme nonagénaire assise sur la deuxième fortune de France n’a pas fait le poids dans ma grille de choix.
En d’autres temps, j’aurais aussi bien pu consacrer un numéro aux assises des Nations Unies dont la 72ème session de l’Assemblée Générale se déroule actuellement à New-York. Point de tout ça ! Vous voyez bien que ce n’est pas faute d’actualité fumante qui engage notre « pronostic vital » à tous que j’ai choisi de traiter d’un fait divers. Oui, un petit fait divers dont la trame a été conçue dans la tête légèrement embuée d’alcool d’un groupe d’étudiants qui a failli tourner au vinaigre. De quoi s’agit-il ? Vous piaffez d’impatience, n’est-ce pas !
Dans le Figaro du jeudi dernier (20/09/2017), Louis Heidesieck relate les péripéties d’une mauvaise blague dans un campus d’étudiants qui, malheureusement déclenche une opération antiterroriste. La scène se déroule dans le Val-d’Oise où des « des étudiants de la résidence universitaire de l'Essec (Cergy) se sont fait passer pour des terroristes lors d'une fête (…) Un tiers des forces de police du Val-d'Oise a dû faire le déplacement pour «lever les doutes». Commentaire de la police : « Une situation rarissime ».
Selon notre confrère, les faits ont lieu un peu avant 2h. Un étudiant appelle sa mère pour signaler qu'une alerte incendie est en train de retentir sous les cris d'«Allah Akbar» dans les couloirs. Dans la foulée, précise le reporter du journal Le Figaro, d'autres appels au 17 suivent et la police déploie une unité d'intervention d'une trentaine d'hommes qui passera une heure et demie à parcourir les couloirs pour sécuriser le site. Au bout du compte, on découvre le pot aux roses : il ne s'agissait que d'une très mauvaise plaisanterie d'étudiants, durant une fête dans la résidence, qui se seraient fait passer pour des terroristes.
Témoignage du commandant Julien Trotet de la direction départementale de la sécurité publique du Val-d'Oise : « Nous avons les bandes des appels qui nous sont parvenus pendant la nuit. Les jeunes étaient vraiment effrayés. Ils ont appelé de bonne foi, ils croyaient à un attentat terroriste.» Dans un tel contexte de paranoïa ambiante, la force publique n’a pas lésiné sur les moyens et a déployé l'unité de la brigade anticriminalité (BAC), appuyée par un groupe de sécurité de proximité (GSP). Conséquence, une paisible « Cité U » se transforme en véritable « scène de guerre ».
«Quand vous avez deux colonnes d'une quinzaine d'hommes en casque pare-balles, bouclier et fusil d'assaut, c'est évident que ça n'apaise pas immédiatement la situation. Mais nous sommes obligés de déployer cette unité d'intervention, dite de second niveau, pour les risques d'attentat terroriste». Dans une telle cohue, on peut rendre grâce au Ciel que la catastrophe ne se soit pas produite. «Ça aurait pu être dramatique. Il y avait des gens qui couraient dans les couloirs, nos hommes auraient pu ouvrir le feu. Dans ce genre de cas, c'est la légitime défense qui prévaut». Ainsi parle le commandant Julien Trotet.
Qui précise que : «C'est la première fois depuis 2015 qu'une telle situation nous arrive. Nous avons de très nombreux cas de levées de doutes sur des colis suspects, par exemple. Mais une telle situation volontairement mise en scène et qui engage autant nos troupes, jamais». Comme vous vous en doutez, une enquête judiciaire a été ouverte pour déterminer les causes précises de cet événement. «Les gens qui ont appelé le 17 n'ont rien à craindre, car ils l'ont fait de bonne foi», précise encore le commandant Trotet. Ils n’encourent pas les six mois d'emprisonnement et les 7.500 euros d'amende prévus par l'article 434-26 du code pénal français.
Par contre, les plaisantins, eux, risquent gros. Ils tombent sous le coup de l'article 322-14, qui prévoit 30.000 euros d'amende et deux ans d'emprisonnement maximum à quiconque communique ou divulgue une fausse information «dans le but de faire croire qu'une destruction, une dégradation ou une détérioration dangereuse pour les personnes va être ou a été commise ». Et en prime pour leurs faits d’armes, ils se verront très sûrement notifier une décision d’exclusion de l’Essec. Est-ce cher payé pour une mauvaise blague ?
Serge de MERIDIO
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