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Modibo Sidibé répond aux préoccupations d’un militant d’un parti politique de la majorité présidentielle
Publié le mercredi 27 septembre 2017  |  Le Reporter
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© aBamako.com par mouhamar
Politique: Une délégation du Parti FARE rencontre l`URD
Bamako, le 16 avril 2014 au siège de l`URD.Le secrétariat exécutif national du parti FARE avec à sa tête son président Modibo Sidibé a été reçu ce mercredi par le bureau politique de l`URD avec en sa tête Soumaïla Cissé, à son siège à Badalabougou.
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Le parti Fare An ka Wuli a bouclé une tournée de 5 jours, la semaine dernière, dans la région de Kayes, où il a pu se rendre dans les cercles de Yélimané, Kayes et Dièma. Le président des Fare et sa délégation ont tenu des rencontres citoyennes avec les populations pour expliquer le projet «Mali horizon 2030».

Au cours des rencontres citoyennes avec les populations, un militant d’un parti politique de la majorité présidentielle, fortement préoccupé par la gestion des affaires publiques de l’Etat, a posé des questions ayant trait à la manière de redresser la gouvernance au Mali et aux relations pouvoir et partis de la mouvance présidentielle. Modibo Sidibé, président du parti Fare, a volontiers accepté de répondre à ces questions. Voici ses réponses.

«Vous êtes avec un gouvernement qui ne vous consulte en rien. Même sur ses propres projets, vous n’en êtes pas informés. Quand de bonnes volontés se manifestent, il leur est jeté à la figure que la question a été discutée à l’interne. Mais qu’ils sortent de temps à autre pour parler. Comme le dit un adage, ‘quand vous êtes avec un aveugle, il faut de temps à autre marcher sur son pied pour qu’il se rassure de votre présence’.

Et si cela n’est pas fait, comment savoir que ce sur quoi le gouvernement travaille est de votre avis ou ne l’est pas. Du coup, vous ne contribuez à rien. Malheureusement, quand le constat vient de l’opposition politique, on estime que ce sont les ennemis du régime (Faso den Djougouw). Cela nous l’avons compris et nous ne nous faisons plus de souci pour ça. Parce que notre rôle est de dénoncer de façon constructive. Il revient cependant au pouvoir de savoir tirer profit de nos critiques. C’est d’ailleurs ce qui s’est passé avec le projet de révision constitutionnelle. Tout le monde sait comment cela s’est terminé.

La gouvernance actuelle
Depuis 2014, avant la signature de l’accord de paix, nous avons fait savoir au pouvoir que s’ils veulent faire des réformes, que c’est maintenant qu’il faut commencer. Les Fare en 2015 ont catégoriquement refusé l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger, parce que nous estimions qu’il n’était pas bon pour notre pays et pour les Maliens. La signature d’un accord avec des gens qui ont pris des armes contre le pays, pour nous, ne mérite pas la révision de notre constitution. Doit-on le rappeler, la constitution engage tout un peuple. Pour la réviser, il faut l’accord du peuple malien.

À cela s’ajoutent les conditions de révision de ladite constitution. La constitution interdit sa révision quand la souveraineté de l’Etat est compromise. Et comme vous avez pu le constater, nous avons marché, protesté contre le projet de révision constitutionnelle, et le président de la République a accepté de nous écouter comme nous le lui avions demandé. Nous le remercions pour avoir pris la bonne décision. Nous avons toujours demandé que les Maliens soient informés sur tous les projets avant leur exécution, car il n’est plus possible de gouverner sans échanger avec la population. Il faut dire au préalable ce que vous voulez faire, que les gens sachent au moins ce à quoi ils vont désormais faire face.

Dans la même lancée, nous avions prévenu, que s’ils ne se décidaient avant 2015, c’est toute une série d’élections auxquelles ils font soumettre les Maliens, et cela risque d’être mal vu. Le constat est là : comment faire les élections des cercles et de régions ? Si les dispositions nécessaires ne sont pas prises, nous n’allons pas aller à ces élections. Avant les élections communales du 20 novembre 2016, nous avons écrit une lettre au ministre de l’Administration territoriale pour qu’il explique aux Maliens comment il comptait administrer les Maliens avant de demander aux gens de choisir leurs gouvernants. Sans une explication au préalable des prérogatives de ces élus, nous nous acheminerons vers une mauvaise gouvernance communale, municipale, régionale et nationale. De la mauvaise gouvernance, de la base au sommet et du sommet à la base ! Comme vous le voyez maintenant.

Comment stabiliser le pays avant l’élection présidentielle de 2018
Ce qui nous préoccupe, à l’heure actuelle, ce sont les élections présidentielles de 2018, fortement menacées par l’insécurité. Que le gouvernement nous dise comment il compte faire face, et nous, nous ferons tout notre possible pour l’accompagner et assurer le minimum de stabilité. Comme vous le savez, ils ne disent jamais les choses à temps et quand on les invite, ils pensent aussitôt qu’on veut leur retirer le pouvoir. Nous n’avons pas besoin de ça, nous attendons les élections. Les Maliens les observent et vont juger leur bilan. Personne ne souhaite revivre ce que nous avons connu dans les cinq dernières années.

L’urgence, aujourd’hui, c’est l’insécurité. Comme quelqu’un l’a su bien évoquer, vers Macina au centre du pays, il n’y a pas d’école ; les services de l’Etat sont déserts. Le pays est au bord du morcellement et il faut y faire face maintenant. Sinon, très prochainement, il n’y aura plus d’Etat. Il est de votre devoir de faire savoir que vous n’êtes pas d’accord sur certains aspects de la gestion des affaires du pays. Vous qui êtes de la majorité présidentielle, vous devez avoir le courage d’interpeller le gouvernement sur ce qui ne va pas dans sa gestion. Cela ne doit pas être susceptible de vous sortir du gouvernement, encore moins de la majorité présidentielle. Au contraire, il vous donnera une certaine crédibilité dans l’avenir.

Nous avons suggéré la mise en place d’une commission indépendante d’organisation des élections avant 2018. Observez bien, ça ne sera pas fait. Mais nous n’accepterons pas le tripatouillage des élections. Que cela soit bien clair pour tout le monde ! Des pays que le Mali a devancés en démocratie ne peuvent pas organiser leurs élections dans la transparence, et que nous en soyons incapables. Cela est inadmissible. Qu’on laisse les Maliens choisir librement le candidat de leur choix. L’élu qui aura gagné la confiance des Maliens saura comment faire face aux besoins des Maliens.»

Gabriel TIENOU
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