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Si un gouvernement se permet de descendre à un niveau de faiblesse tel qu’on le voit, la construction de L’Etat-nation devient forcément un chantier en régression
Publié le mercredi 4 octobre 2017  |  Le Reporter
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Sans avancer comme Gossiaux que "l'ethnique est l'antonyme de civilisé, on peut, toutefois, souligner sans risque de se tromper que la parcellisation des intérêts ne favorise pas la formation intégrée d'une identité nationale ni la constitution d'une nation. Tenez, cette petite déconnexion entre deux affaires quasi identiques :
Entre la cassette de Bandiougou et l'affaire de la maîtresse, il y a des années lumière :
1- Bandiougou cite nommément des gens, alors que le texte de la maîtresse ne met un nom sur aucun visage à l'exception de fille-mère Oumou.
2- Bandiougou insulte grossièrement des gens, tandis que le texte de la maîtresse ne profère aucune grossièreté contre qui que ce soit.

3- Bandiougou incite à la vindicte populaire et même au coup d'Etat militaire, alors que le texte de la maîtresse invite plutôt à la compréhension et à la tolérance en insistant sur le fait que c'est une "pure fiction" qu'il ne faut pas confondre avec quelque réalité que ce soit.
Malgré tout cela, l'enseignant auteur du texte et les journalistes commentateurs ont été jetés en prison, mais Bandiougou n'a pas été inquiété, pour une raison simple : la justice est instrumentalisée au Mali. Car l'enseignant a été d'abord entendu à la Sécurité d'Etat pendant deux jours et c'est de là-bas qu'il a été conduit au bureau du procureur Théra. Il a dit à ce dernier que lui-même n'était pas le premier auteur de ce texte qui est traité dans le lycée en question au moins depuis 3 ans. La preuve, a-t-il dit au procureur, est dans un vieux cahier que la Sécurité d'Etat a confisqué avant de le conduire dans son bureau.

Les agents de la Sécurité d'Etat ont comparé les deux textes, l'ancien et le nouveau, et ils se sont rendu compte que les deux textes étaient identiques point par point et virgule par virgule. Ses propos allaient être confirmés plus tard par l'auteur de la pièce de théâtre d'où le texte a été tiré, une certaine Hawa Diallo, avec le titre originel de "Culotte baissée". La pièce a même été jouée au Centre culturel français au temps du président Alpha. Quant au journaliste, il a fait savoir qu'il ne connaissait pas auparavant l'enseignant, ni d'Adam ni d'Eve. Mais la Sécurité d'Etat et le procureur Théra n'ont rien voulu entendre, car la consigne était donnée de casser du journaliste rebelle qui ne souffle pas dans la même trompette griotique pour encenser le régime ATT.

L'autre vérité de la maîtresse, c'est en réalité celle de l'adage selon lequel "Qui se sent morveux se mouche", sinon il n'y avait rien du tout. Mais quelque part, c'est Dieu qui a peut-être vengé à travers Bandiougou l'enseignant et les journalistes qui ont été emprisonnés pour une faute qu'ils n'ont pas commises, si ce n'est le crime de lèse-majesté. Tout cela conduit à une implacable injustice et nous fait dire que l'impasse qui s'installe, le manque d'initiative réaliste, l'absence de dépassement de soi, l'insuffisante mobilité, parce que criants, tirent la sonnette d'alarme sur une situation qui nous installe inconfortablement dans un face-à-face, tels des chiens de faïence. L'option du dialogue est l'issue, dans ce contexte d'incertitude, qui nous permettrait d'échapper à l'insuccès.

Le retour au passé ou le spectre du ressenti douloureux que nous avons vécu, il n'y a pas longtemps, est suffisant pour doper notre génie de créativité et notre sens de la raison. Aujourd'hui, il est impératif de donner le temps d'analyser et d'approfondir les questions qui nous préoccupent tous et ensemble. Si nous nous occupons tout simplement à ne chercher que la solution de la crise actuelle dans la perspective d'élections présidentielles (ou de 3ème mandat??), nous passerons, encore une fois, à côté de l'essentiel.

Et nous aurons cultivé et nourri les mêmes germes qui ont conduit à notre instabilité politique. Il faut tout remettre en cause. Tout refonder. Et tout asseoir sur des nouvelles bases surtout la fonctionnalité de notre administration et de notre justice. La moralisation de la gestion de nos affaires publiques. La rééducation de nos fonctionnaires. Les initiatives présentées jusqu'ici manquent, à mon sens, d'exhaustivité, aussi bien dans leurs formes que dans leurs profondeurs. Elles semblent vouloir seulement chercher une solution à la crise actuelle ou une façon de participer à l'événement, d'être à la mode ou d'être la vedette d'un moment.

Pour conclure, je dois dire combien j''adhère à l'esprit et à la lettre du dialogue concernant les possibilités et perspectives de dialogue politique dans notre pays. Pour chercher des cures à des problèmes existentiels ordinaires ou trouver des solutions à des phénomènes naturels, ou pour expliquer les raisons d'un non-engagement, d'un refus d'action, c'est un exemple édifiant qui illustre l'ampleur du mal et ses ramifications. À cela s'y greffe une lecture biaisée et peu rigoureuse de certains concepts de religion qui obstrue l'horizon et ligote l'intelligence en prévenant tout effort émancipateur.

Aboubacrine Assadek Ag HAMAHADY
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