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Youssouf Traoré sevré de pension après 28 ans de cotisation : Le mépris de l’Ambassade d’Iran envers la législation malienne du travail
Publié le lundi 16 octobre 2017  |  Le Prétoire
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Les 28 ans de loyaux services rendus par Youssouf Traoré à l’Ambassade de la République islamique d’Iran à Bamako ne lui profitent guère. Agé de 62 ans, l’ancien réceptionniste de l’institution diplomatique court après ses droits depuis 2015. A l’origine de cette injustice: la mainmise de son ancien employeur sur ses dossiers qui attendent d’être introduits dans le circuit de l’Institut national de prévoyance sociale (Inps) pour que M. Traoré puisse jouir de sa pension de retraite.
Youssouf Traoré ne bénéficie pas, aujourd’hui, d’une retraite paisible. Il n’a pourtant pas passé sa jeunesse à faire du thé ou à veiller inutilement dans les «grins». Il était au service de l’Ambassade de la République islamique d’Iran à Bamako. En effet, depuis le 5 novembre 1987, Youssouf Traoré est agent de l’institution diplomatique, où il a travaillé jusqu’en 2015, date de son renvoi sur fonds d’une incompréhension avec l’Ambassadeur, Aly Riza Kansaye (aujourd’hui rappelé), au sujet de l’Assurance maladie obligatoire (AMO). Si l’agent est entré dans certains de ses droits suite à son licenciement, il rencontre aujourd’hui toutes les difficultés du monde à bénéficier des retombées de ses 28 ans de cotisation à l’Inps.



L’Inps n’est pas fautif, mais c’est son ancien employeur (Ambassade d’Iran) qui veut voir le vieux souffrir.

En effet, si la Direction de l’Inps reconnait à Youssouf Traoré son droit d’accès à la pension, l’Ambassade d’Iran traîne les pieds, depuis 2015, à fournir à M. Traoré les documents pour l’Inps, afin qu’il puisse bénéficier de sa pension.

Deux fois interpellée par le ministère des Affaires étrangères et de l’Intégration africaine et de la Coopération internationale qui l’a invitée à respecter la législation malienne en la matière, l’Ambassade d’Iran oppose une fin de non recevoir à la requête des autorités maliennes. Et depuis, Youssouf Traoré est resté sans soutien. Pire, sa précarité financière ne semble gêner personne.

«Le ministère des Affaires étrangères, de l’Intégration africaine et de la Coopération internationale de la République du Mali présente ses compliments à l’Ambassade de la République islamique d’Iran à Bamako et a l’honneur de lui faire parvenir ci-joint, copie de la lettre n°0341 DRT-DB du 14 juillet 2015 de la Direction régionale du travail relative au paiement des droits et l’accomplissement des formalités pour la liquidation de la pension de retraite de Monsieur Youssouf Traoré, précédemment réceptionniste à ladite Ambassade. Il en ressort que les différents documents soumis à l’Ambassade à cet effet sont restés sans suite. En outre, le ministère voudrait signaler que par note verbale n°000801/Maeiaci/DAJ-Daicc-Saci du 1er juin 2015, restée également sans suite, l’Ambassade avait déjà été saisie de la question. A cet égard, le ministère voudrait attirer l’attention sur le fait que cette situation parait aussi troublante que préoccupante dans la mesure où SEM l’Ambassadeur d’Iran, lors d’une audience à lui accordée le 16 mars 2015 par la Direction des affaires juridiques, a été largement sensibilisé et invité au respect de la législation malienne en la matière. Par conséquent, le Ministère saurait gré à l’Ambassade des dispositions diligentes qu’elle voudrait bien faire prendre en vue d’un règlement définitif de cette affaire et nous rendre compte des actions entreprises à cet effet. Par ailleurs, le Ministère invite l’Ambassade à veiller à l’avenir au respect strict de la réglementation nationale en matière de droit social et de sécurité sociale, conformément aux dispositions des articles 33, aliéna 3, et 41 aliéna 1 de la convention de Vienne de 1961 sur les relations diplomatiques », écrit le Directeur des affaires juridiques du ministère en charge de la Coopération internationale dans une correspondance adressée à l’Ambassade d’Iran le 27 juillet 2015. Mais, comme pour dire que le chien aboie la caravane passe, l’institution diplomatique est restée camper sur sa position de refus de remplir les formalités demandées pour l’Inps.

Triste remarque

Au-delà de la personne de Youssouf Traoré, l’Ambassade d’Iran à Bamako montre ainsi qu’elle n’a aucune considération pour les autorités maliennes. La preuve, après deux correspondances à elle adressées, l’Ambassade n’a jusque-là pas réagi. Le temps passe et l’ancien agent de l’Ambassade d’Iran s’appauvrit chaque jour un peu plus. Car, en plus de l’injustice dont il est victime, on le fait tourner en rond entre l’Inps, le bureau du médiateur de la République, l’Inspection de travail et le ministère des Affaires étrangères et la Coopération internationale. Mais, personne ne l’aide réellement à résoudre son problème. Alors question: Youssouf Traoré est-il devenu, aujourd’hui, orphelin sur la terre de ses ancêtres ?

Selon le vieil homme, par ses soins, il a été remis à l’Inps tous les documents demandés pour percevoir sa pension à l’exception de la lettre qui doit venir de l’Ambassade d’Iran. « Je dispose d’une carte d’assuré social depuis des années. J’ai présenté à l’Inps une attestation de travail dûment signée par l’Ambassade de la République islamique d’Iran. Et je suis assuré à l’Institut national de prévoyance sociale depuis le 31 février 1988, comme l’atteste la liste des consultations des assurés. J’ai commencé à travailler en 1987. Mais, selon la Direction de l’Inps, c’est le 31 février 1988, soit une année après ma prise de fonction, que mon employeur a commencé à verser ma contribution sociale à l’Inps. C’est dire que je suis à 27 ans de cotisation sociale. Et il n’y a aucune ambiguïté sur ça. Malgré toutes ces preuves, je suis à près de 3 ans sans pension», s’indigne le vieil homme. Toutefois, il entend maintenir son combat jusqu’à son rétablissement dans ses droits.

Affaire à suivre dans nos prochaines parutions !

Nouhoum DICKO
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