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Mali: Un mouvement pour court-circuiter le MNLA ?
Publié le lundi 15 avril 2013  |  Autre presse


© Autre presse par DR
Bilal Ag Chérif , Président du MNLA
Président du MNLA


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Faut-il en rire ou en pleurer ? Un nouveau mouvement touareg vient de voir le jour au Mali. La Plateforme des cadres et des leaders keltamasheks, c’est-à-dire touaregs, ainsi se fait-il appeler, se pose comme une alternative au Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA).
Entre autres objectifs poursuivis, le nouveau mouvement entend réaffirmer l’attachement de la communauté touarègue à la République du Mali et exige la neutralisation de tous les groupes armés. En clair, la plateforme tamashek se démarque des indépendantistes du MNLA qui refusent jusque-là de rentrer dans la république. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le MNLA qui a claironné à qui voulait l’entendre qu’il était le porte-voix de toute la communauté touarègue doit désormais avoir du souci à se faire, tant le vent souffle en sa défaveur.
Car que de dissensions, il y en a eu au sein de ce mouvement ! On se rappelle du reste que la branche djihadiste Ansar Dine et le Front national de libération de l’Azawad (FNLA) sont tous des factions dissidentes du MNLA qui, plutôt que de faire amende honorable aux autorités de Bamako, continue jusque-là de les narguer à souhait.
A preuve, il a réussi, envers et contre tous à nommer un gouverneur pour la région de Kidal, provoquant à nouveau l’ire de Bamako qui, naguère, lui tendait la main pour l’amorce d’un dialogue national. En tout cas, de toute évidence, la création de la Plateforme tamashek vient de confirmer l’idée selon laquelle le MNLA n’est pas représentatif de la communauté touarègue.
Ce qui, du coup, le discrédite un tant soit peu pour ne pas le vouer aux gémonies , surtout que l’ethos du nouveau mouvement est tel qu’il a de fortes chances d’être adoubée par l’opinion nationale. Car on y trouve des anciens ministres de la république, d’actuels députés, maires ou conseillers territoriaux, en un mot, des élus issus de trois régions du Nord.
Et n’eussent été les rodomontades du MNLA qui contrôle d’une main de maître la région du Kidal, il y a fort à parier qu’on compterait des Ifoghas au sein du bureau de la Plateforme. Ce qui constituerait un véritable coup dur pour le MNLA, surtout que l’armée française qui est son dernier rempart commence à se retirer peu à peu du septentrion malien.
Peut-être la Plateforme a-t-elle été créée pour éviter qu’en cas d’attaque de Kidal par Bamako, le MNLA n’exploite pas l’occasion pour évoquer l’idée d’une guerre ouverte contre la communauté touarègue. C’est du reste la raison pour laquelle d’aucuns pensent à tort ou à raison que ce nouveau mouvement a été suscité par Bamako pour faire contre-poids au discours séparatiste que tient inlassablement le MNLA.
Toutefois, si au regard du contexte sociopolitique malien, la création de la Plateforme tamashek peut se comprendre et se justifier, il faut cependant relever que cela comporte aussi des dangers énormes. Car dans une république, il est absurde de tolérer des associations ou structures qui mettent en évidence l’appartenance ethnique ou communautaire.
Donc, les risques de dérapages sont nombreux et il faut craindre qu’une autre communauté ne s’inspire de l’exemple touareg. Aussi les autorités maliennes devraient-elles faire attention pour ne pas in fine dresser les touaregs les uns contre les autres. Car, cela pourrait dangereusement affecter la cohésion nationale tant recherchée.
Boundi OUOBA
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