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Plateforme des sédentaires : Pas de paix sans justice
Publié le jeudi 25 avril 2013  |  L’aube




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Mardi dernier, la Maison de la presse a abrité une conférence de presse organisée par la plateforme des sédentaires du nord Mali. Animé par le coordinateur de cette plateforme, Sadou Maïga, cet exercice a permis à ses initiateurs de se prononcer sur certaines questions dont, essentiellement, le recrutement de jeunes dans l’armée nationale, le dernier découpage territorial et la Commission dialogue et réconciliation.
Sur le premier point, le conférencier affirme que c’est suite au déclenchement de la dernière rébellion, le 12 janvier 2012, qu’une grande assemblée générale des ressortissants du nord, en grande partie des jeunes, a décidé de réagir promptement et dans l’unité pour une résistance populaire face aux insurgés touareg. C’est ainsi que des «milliers de jeunes, toutes origines, toutes conditions sociales confondues et de toutes les régions du Mali» se sont regroupés dans la région de Mopti, dans des camps où ils étaient entretenus par différents associations et mouvements du nord. S’entraînant régulièrement, ils ambitionnaient de monter au front, aux côtés de l’armée nationale, afin de participer à la libération des régions du nord.
C’est pourquoi quand il s’est agi de recrutement dans les forces armées et de sécurité, la plateforme a jugé utile qu’on leur donne la priorité. Ainsi, ses responsables ont contacté dans ce sens le ministre de la Défense qui a été «très attentif à cette requête» et leur a assuré qu’un quota sera réservé aux jeunes du nord sur le nombre des 2 000 à recruter.
En effet, dira-t-il, les listes proposées par les différents mouvements ont été acceptées par l’armée, et les intéressés sont en train de subir les examens médicaux requis. Selon lui, même si le nombre de recrues n’est pas à hauteur de souhait, «c’est un début de succès et de satisfaction». D’autant plus que sous la pression des cadres et sensibilités du nord, l’état-major de l’armée de terre avait décidé, le 06 mars 2012, de recruter 1400 volontaires de divers bords. Mais malheureusement, déplore le conférencier, seuls les éléments des milices arabes et d’Imghad (la milice d’Alladji Gamou) ont été recrutés, le recrutement prévu de 362 sédentaires n’est toujours pas effectif. Alors, «que l’équité soit de mise».
Sur le deuxième point, le conférencier Sadou Maïga a rappelé que de l’indépendance à nos jours, il y a eu plusieurs réformes administratives dont celle de la décentralisation en 1993. Selon certaines études menées par une commission de la plateforme, ces réformes ont montré leurs limites et conduit à des frustrations et injustices au détriment des sédentaires du nord. Ce qui a amené la plateforme à proposer certains correctifs comme la relecture des lois portant création des communes, cercles et régions. Mais contrairement à son souhait, le gouvernement augmente le nombre des régions (de 8 à 19), des cercles (de 49 à 78) et des arrondissements (de 285 à 348). Ainsi, les régions de Tombouctou et de Gao sont divisées. Si la raison avancée est qu’il faut rapprocher l’administration des usagers, aucune indication n’est donnée sur les critères utilisés, aucune réflexion sérieuse ni concertation avec les populations concernées quant à la réorganisation des régions du nord, rapporte le conférencier. Sinon, se demande-t-il, comment justifier la création de la région de Taoudenit, une zone déserte et dépeuplée, ou la création d’un cercle autour d’un point d’eau où il n’y a pas âme qui vive ? Cette dernière réforme est à revoir, estime la plateforme.
Le dernier point de la conférence de presse était consacrée à la Commission dialogue et réconciliation (Cdr) qui vient d’être mise en place par le gouvernement. Si la Cdr doit permettre d’apaiser les tensions intercommunautaires et de réussir ainsi la cohabitation et le vivre ensemble entre tous les Maliens, la plateforme salue sa création. Cependant, elle se pose des questions sur la représentativité des membres par rapport à la caution morale requise pour mener une telle mission ; sur la nomination de Mety Ag Mohamed Rhissa, proche de la rébellion et du terrorisme. Ceci dit, la plateforme prône le dialogue afin de recoudre le tissu social et exige la libération totale et effective de toutes les régions du nord. Déjà avant la création de la Cdr, elle avait préconisé le dialogue mais sous certaines conditions : pas d’impunité ni d’amnistie pour les criminels de guerre, plus d’expédition punitive ni actes de vengeance, plus de domination de la minorité sur la majorité, plus de traitement préférentiel à aucune ethnie en particulier. Car il ne peut y avoir de paix sans justice.
Cheick Tandina

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