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Le Prétoire N° 219 du

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Rétrospection : La justice avant le dialogue
Publié le jeudi 25 avril 2013  |  Le Prétoire




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Le parlement français vient d’adopter la poursuite de l’opération Serval dans le nord du Mali, déclenchée depuis le 11 janvier 2013 pour lutter contre le terrorisme et le jihadisme, et attend impatiemment que l’Onu donne son quitus à la Minusma (Mission intégrée des nations unies pour la stabilisation du Mali). Le président français, François Hollande, est en train de tout mettre en œuvre pour que les forces onusiennes épaulent ses troupes dans le nord du Mali. Les populations de ce pays, qui a échappé de justesse au pire, saluent et louent les efforts de la France. Cependant, depuis quelques temps des voix s’élèvent pour demander les vraies raisons de l’intervention de l’ancienne puissance coloniale, mais aussi ce qu’elle envisage pour la période post-conflit. En clair, que veut la France ?
Dans l’immédiat, l’administration Hollande veut des élections, en particulier une élection présidentielle, et se soucient peu qu’elles soient inclusives, claires et transparentes. Il lui faut son président «légitime» autre que celui qui est imposé par la transition. Pour le moment, elle n’a obtenu que des promesses, et il est fort probable qu’elle n’aura que ça d’ici octobre prochain. En effet, avec toutes les meilleures volontés possibles, il est pratiquement impossible d’organiser des élections qui ne seraient pas bâclées avant le 31 juillet, les conditions n’étant pas encore réunies pour cela. D’ailleurs, dans les semaines, voire les jours à venir, les autorités seront contraintes de sortir la tête du sable et de dire la vérité à leur principal partenaire dans la guerre contre les groupes armés qui avaient occupé le nord du pays.
La France veut également des négociations entre les différentes communautés. Elle a obtenu la création d’une Commission dialogue et réconciliation, une coquille qui est à présent bien pleine et qui, après avoir effectué la première prise de contact entre ses membres, avant-hier, tiendra aujourd’hui sa première séance de travail, à son siège situé dans les anciens locaux du Ministère de la Santé. Si la France a tenu à la création de cette structure, c’est sans aucun doute pour faciliter le retour et l’installation de ses protégés, les populations touarègues qui avaient été contraintes à l’exil. Actuellement, elles grossissent les camps de réfugiés au Burkina Faso, au Niger et en Mauritanie. Mais contrairement à une certaine propagande, elles ne se sont pas exilées par peur de représailles de la part de l’armée et des populations sédentaires, n’ayant rien à craindre de celles-ci. Aujourd’hui encore, elles continuent de s’enfuir, y compris de Kidal qui est sous le contrôle de groupes armés touaregs. Paradoxal ? Non. Elles sont parties parce que leurs conditions de vie, déjà précaires, se sont encore plus dégradées par la situation créée par d’autres Touaregs, ceux-là mêmes qu’elles sont en train de fuir encore aujourd’hui. Ceux-là ont pour nom le Mia (Mouvement islamique de l’Azawad) et surtout le Mnla (Mouvement national de libération de l’Azawad). Ces populations exilées et celles qui sont restées sur place pour lesquelles la France fait semblant de craindre n’ont rien à craindre des populations sédentaires, leurs frères et sœurs avec lesquels elles ont toujours vécu paisiblement et en toute intelligence.
Par contre ceux qu’elles fuient, le Mnla et le Mia, savent qu’ils ont tout à craindre. De l’armée et des populations, nomades et sédentaires. L’administration Hollande aussi le sait. Elle sait que c’est la France de Sarkozy qui a permis et aidé au déclenchement de la rébellion, le 12 janvier 2012 sous prétexte de débarrasser le nord malien de la présence des jihadistes et de faire libérer les otages français grâce au Mnla. Elle sait que le Mnla a échoué, pire, il s’est allié aux jihadistes et s’est rendu coupable et complice de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité, d’actes de terrorisme. Et les otages français sont toujours introuvables. Malgré cela, la France continue de vouloir protéger ces criminels. Elle les héberge et les entretient malgré des mandats d’arrêt internationaux lancés contre certains d’entre eux. Elle veut les imposer aux populations du nord, meurtries et humiliées, à travers des négociations. Elle a déjà réussi à leur trouver au moins un allié de taille. Il s’agit du vice-président de la Cdr, Méty Ag Mohamed Rhissa. Cet ancien combattant du Mouvement populaire de l’Azawad, un des groupes rebelles des années 1990 créé par Iyad Ag Ghaly, s’est certes intégré au point de prendre sa retraite dans les services des douanes, mais il aurait toujours gardé des liens étroits avec son fidèle ami et chef, entre temps devenu le guide d’Ansar Eddine, un groupe jihado-terroriste, recherché pour terrorisme et inscrit sur la liste noire des Etats-Unis. Méty Ag Mohamed Rhissa serait également le beau-père de Moussa Ag Rhissa, le porte-parole du Mnla en France, sous le coup d’un mandat d’arrêt international. Quel est le véritable rôle que lui a assigné la France à travers le président de la République par défaut, Dioncounda Traoré ?
Il est à espérer que sa mission n’est pas d’amener sur la table de négociations les membres des groupes armés Mnla, Mia, Ansar Eddine sous prétexte que ce sont des Touaregs donc des Maliens. Pas avant qu’ils n’aient été traduits devant la justice, jugés, condamnés ou blanchis de tous les crimes qui leur sont reprochés. Agir autrement, c’est mépriser les victimes et encourager les rebelles, c’est mettre face à face les victimes et leurs bourreaux.
Or c’est justement la volonté des autorités françaises. Elle s’est encore manifestée récemment par la bouche d’un ministre français qui a affirmé que le Mnla sera désarmé le moment venu, mais également à la faveur du vote parlementaire sur la poursuite de l’opération Serval, par la bouche du sénateur Pierre Lelouch (le louche ?) selon lequel un dialogue politique avec les groupes armés touaregs est nécessaire et incontournable.
Le moment venu, c’est à l’armée malienne et à elle seule de le déterminer. Et l’incontournable, c’est la justice qu’il faut rendre. Et tôt ou tard elle sera rendue. Dans les prétoires ou dans les rues.
Cheick Tandina

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