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L’Indicateur Renouveau N° 1483 du 2/5/2013

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Portrait du procureur général près la Cour d’Appel de Mopti / Alfisseni Diop : »Les criminels en prison »
Publié le jeudi 2 mai 2013  |  L’Indicateur Renouveau




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Alfisseni Diop, procureur général près la Cour d’appel de Mopti, « honnête homme » comme s’est plu à le qualifier une victime de la rébellion de 1990, s’insurge contre les traitements de faveurs sous toutes ses formes que l’on veut faire à certains. Portrait d’un jeune juge… après 33 années de carrière.

De 1980 à 1983, Alfisseni commençait comme stagiaire à Niafunké et devient juge suppléant du même cercle en 1983. De nouvelles hautes fonctions pour cet homme qui a tout apprécié dans sa carrière de magistrat, à commencer par ses débuts en tant que substitut au Tribunal de première instance de Kayes entre 1983 et 1986.

Il évoque le hasard et les rencontres heureuses qui ont jalonné sa carrière : chef de section de l’action publique de la direction nationale des affaires pénales à Bamako, juge de paix à compétence étendue à Kolokani et à Douentza.

Alfisseni se réjouit »d’avoir eu la confiance de plusieurs ministres très différents ». Choisi pour être procureur de la République près le Tribunal de première instance de Gao entre 1991 et 1994, une période où, la rébellion atteignait son point culminant dans le Mali de l’après indépendance. Il assume ses fonctions et parle de cette période cruciale avec le »sentiment d’avoir pu surmonter ces fractures politiques pour assurer la continuité du service public judiciaire ». »Il était interdit d’inculper un assassin rebelle au nom d’un hypothétique apaisement qu’il fallait à tout prix avoir », se souvient le magistrat.

»Il y a eu de la légèreté dans la gestion de cette rébellion en 1990. Et le Mali rentre ainsi dans une nouvelle phase de son histoire. C’est une chance qu’il faut saisir. La guerre au nord n’est pas contre une ethnie. Les gens doivent cesser de faire cet amalgame », assène-t-il. »Il faut donc arrêter ce cycle de l’impunité qui nous pourrit la vie ».

Les uns et les autres doivent reconnaitre leur faute, la justice doit être rendue d’abord, après viendra le pardon pour ceux qui regrettent leur faute, qui se repentissent.

Il n’est peut-être pas un expert des rebellions maliennes, mais étant toujours impliqué dans la gestion de certains dossiers des prisonniers (en transit à Sévaré pour Bamako), Alfisseni peut aider la Commission réconciliation dans bien de domaines.

Puis vient le poste de procureur de la République de Sikasso (1994 à 1997), un moment »très passionnant » qu’il souhaite à ses collègues de vivre un jour, car »il s’y passe toujours quelque chose ».

Un regard altruiste et enthousiaste

C’est avec passion qu’Alfisseni évoque son parcours, pourtant ce haut magistrat parle difficilement de lui. Ce qui l’intéresse ? Mettre en avant l’action des ministres, des directeurs ou des magistrats sous l’autorité desquels il a servi et, systématiquement, valoriser ses collaborateurs, louant leur compétence et leur disponibilité. »J’ai eu la chance d’avoir des collaborateurs exceptionnels ». Il insiste : »des collaborateurs de premier plan ».

Il voit comme une nouvelle chance l’avenir qui se dessine pour le Mali, une opportunité de régler définitivement ce qui est convenu d’appeler le »problème touareg », qui, en réalité, est le problème d’un petit groupe de gens qui ne veulent pas travailler et qui sont souvent manipulés par certains Etats, pour régulièrement déstabiliser le Mali au gré de leurs intérêts égoïstes et sordides. Ce petit groupuscule a toujours eu une grande capacité de nuisance. Parlant de la réconciliation Diop est clair.
C’est de manière concise et pédagogique qu’il explique le fonctionnement de la justice universelle. Une justice qui ne connait pas la couleur de la peau, ni de frontière entre les Etats lorsque des crimes sont commis contre l’humanité. Il aimerait que la France et la justice pénale internationale aident le Mali à faire appliquer la loi sur tous les criminels.

Parlant du trainement médiatique fait par certains organes et hommes politiques européens, le magistrat martèle : »Cet appétit de certains médias à montrer la crise malienne comme étant dirigée contre une ethnie est totalement absurde. Ces tristes héros de notre histoire meurtri qu’on présente comme des rebelles d’une communauté marginalisée et abandonnée par l’Etat malien, ne sont que des cambrioleurs, des narcotrafiquants en activité entendue et qui ont la prouesse de dissimuler évidemment leur vraie identité.

Force est de considérer que cette manière d’informer sur la crise malienne par certains et hommes politiques occidentaux, est un encouragement à toutes ces personnalités mortes ou vivantes en héros sur les champs du désordre que nul Etat moderne ne tolère. Enfin, ça projette sur elles une lumière qui, même sans prétendre les ennoblir, par le simple fait qu’elle existe, les fait sortir du cercle terrifiant de leurs crimes pour les faire entrer dans une familiarité, une proximité offensante pour l’honnête homme et le citoyen exemplaire ».
Diop, ici révolté, crie un coup de gueule.

A. K. Dramé/Issa Fakaba Sissoko

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