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Hamed Diane Semega, de retour à Bamako : «Nous assumons notre compagnonnage avec ATT, mais avec un devoir d’inventaire»
Publié le vendredi 3 mai 2013  |  Le Prétoire


© Autre presse par DR
Hamed Diane Semega, ancien ministre de l’Equipement et des transports


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De retour de son séjour dakarois où il vivait en exil depuis les évènements de mars 2012, le président du Pdes a rencontré la presse hier dans un hôtel de la place où il réside depuis son arrivée, le lundi dernier. Avec ses interlocuteurs, l’ancien ministre de l’Equipement et des transports, le dernier en date de l’ère Att, a, à bâtons rompus, abordé des sujets, allant de son exil à l’avenir politique de notre pays, en passant par l’état actuel de son parti et ses relations avec l’ancien président de la République, Amadou Toumani Touré.

L’objectif de cette rencontre, avait précisé Hamed Diane Séméga, était d’édifier la presse et partant, l’opinion publique malienne ainsi que les amis de notre pays sur la vision qui l’anime après avoir été contraint à vivre hors du Mali, suite à la crise institutionnelle et sécuritaire qui y a éclaté un certain 22 mars 2012. Mais, il s’agissait surtout d’éviter des spéculations qui pourraient être faites autour de ses propos ou ceux qu’il n’aurait pas tenus.
Après cette mise au point, le patron du Pdes, quelque peu diminué physiquement, a tenu à exprimer sa reconnaissance au peuple et aux autorités sénégalaises, notamment le Président Macky Sall, pour les facilités qui lui ont été accordées pendant son séjour, mais surtout leur soutien au peuple frère du Mali pour juguler la crise. Cependant, Hamed Diane Séméga estime que le fait de vivre en dehors de son pays, donc loin de ses repères, reste toujours difficile, quelles que soient les conditions d’accueil. «L’exil est plus douloureux que la prison», a-t-il fait savoir. Même s’il reconnait par ailleurs que cette difficulté qu’il a connue en vivant loin des siens est sans commune mesure avec les souffrances auxquelles ses compatriotes restés sur place, notamment ceux du Nord, ont dû faire face par le fait de la guerre. A ce titre, Séméga a exprimé toute sa compassion au peuple du Mali pour les afflictions qu’il vit et il a une pensée émue pour tous ceux, notamment les soldats, payent de leur vie pour que la paix et la stabilité reviennent dans notre pays. En bon croyant, il s’est dit convaincu qu’après la souffrance, il y a le bonheur. Dans le même chapitre, l’ancien ministre des Transports, évoquant les conditions dans lesquelles il a dû quitter le Mali en 2012, dit garder le souvenir d’un traumatisme. Car, explique-t-il, il n’est pas facile de tourner le dos à un pays auquel on a donné dix des meilleurs années de son existence pour sauver sa vie. «Ma famille a été traumatisée», déplore-t-il. Mais, si cette situation est arrivée, c’est parce que, selon lui, il y a eu incompréhension. «Je ne peux pas comprendre comment je me suis retrouvé à fuir mon pays», a-t-il martelé.
Le réconfort, c’est de constater que nous avons un pays qui s’apaise.
Par ailleurs, tout en se réjouissant des conditions dans lesquelles il a été accueilli à Bamako, mais surtout de la situation sécuritaire du pays, Ahmed Diané Séméga a expliqué que son choix de regagner le bercail, en ce moment, s’explique par sa volonté d’apporter sa pierre à la remise sur pied de notre pays. Car il se dit convaincu, que le chantier qui nous attend est tellement colossal que son exécution a besoin de la contribution de chacun de ses fils. C’est pourquoi, au regard de la sensibilité politique qu’il porte et la volonté qui l’anime, lui, Séméga, ne pouvait pas ne pas prendre part à cette œuvre de reconstruction nationale. Mais pourquoi maintenant ? En réponse à cette question, il a fait croire que la situation sécuritaire du pays, qui fut la principale raison de son exil, s’étant donc nettement améliorée, il ne pouvait pas éternellement rester à l’étranger. Le réconfort, pour lui, c’est de constater que nous avons un pays qui s’apaise.
Au sujet de l’état actuel de son parti, Hamed Diane Séméga a laissé entendre qu’il n’est nullement question pour lui de reprendre la main qu’il n’a jamais perdue d’ailleurs. « Je viens contribuer à ce travail que nos camarades ont commencé, mais je n’ai jamais perdu la main. J’ai toujours été respecté», a-t-il laissé entendre. Car, a-t-il dit, la situation du pays ne rendait pas les choses faciles, mais il fallait tout de même maintenir l’idéal qui anime le parti qui, estime t-il, se porte bien. «Notre groupe parlementaire est resté soudé, uni. Aucun membre de notre groupe parlementaire n’a quitté le parti», s’est-il réjoui.
A en croire le président du Pdes, rien n’est de nos jours remis en cause en ce qui concerne le maintien du Pdes en tant que force politique. Et il en veut pour preuve la tournée qu’il a faite dans certains pays d’Europe et d’Afrique, notamment la France et la Côte d’Ivoire, où il a eu à rencontrer les militants du parti encore bien mobilisés. A la question de savoir s’il était candidat à la présidentielle de juillet, le ministre Séméga a répondu qu’il venait écouter les militants et la direction du parti et voir leur vision par rapport à cette question centrale qui reste à être tranchée. C’est cela le minimum de respect qu’il devait à son parti. En tout état de cause, il n’y a pas de candidat naturel au Pdes, à en croire Hamed Diane Séméga. «Je ne ferai rien ni de moins ni de plus de leur décision», a-t-il rassuré.
«Nous ne renierons jamais notre vision»
Héritiers d’ATT que lui et son Pdes se réclament, Hamed Diane a reconnu que la gestion de ce dernier a connu des erreurs qu’ils assument en tant que force politique. Mais, ces erreurs, de son avis, ne devraient pas pouvoir remettre en cause la vision – celle d’ATT et du Pdes – qui se fonde sur la recherche de la paix, le développement économique et la solidarité. «Maintenant, entre cette vision et la politique de mise en œuvre de la politique qui la sous tend, il peut y avoir des manquements et des couacs», a-t-il reconnu. Avant d’ajouter : «Nous assumons notre compagnonnage, mais cela ne nous empêchera pas d’avoir un devoir d’inventaire». Cette vision, du reste transversale aux autres partis inspirera toujours le Pdes. «Nous ne renierons jamais cette vision qui constitue le socle sur lequel nous avons bâti notre parti. Elle est en confirmé avec ce que nous souhaitons faire».
Avec Att, Séméga a fait savoir que les relations sont celles qui existent entre frères. «Je le respecte et il en sera toujours ainsi», a-t-il laissé entendre.
Par ailleurs, le président du Pdes construit l’avenir politique du Mali autour de la réconciliation et la reconstruction. Deux concepts sur lesquels se fonde sa vision. Car, dit-il, on ne peut pas reconstruire un pays si chacun reste campé sur une situation de méfiance. Il faut toujours avoir la capacité de pardonner car la paix n’est pas un mot, mais plutôt un comportement, dit-il, pour paraphraser Félix Houphouët Boigny, ancien président de Côte d’Ivoire. Selon lui, il faut que le Mali se réconcilie avec lui-même. En tout état de cause, Séméga dit garder l’espoir que l’avenir politique de notre pays n’est pas sombre pour la raison qu’il y a encore au sein de la classe politique des hommes et des femmes qui sont conscients de leur rôle historique et qui ne rateront pas l’occasion de réconcilier le pays et de le reconstruire ensuite. De l’avis de Hamed Diane Séméga, le regard que les autres portent sur nous est souvent injuste car en utilisant le même label pour tous les Maliens, on oublie souvent que ceux qui ne travaillent nécessairement pas à détruire leur pays. En tout cas, l’objectif de chacun de nous, notamment les politiques, devrait être aujourd’hui de vivre dans un pays apaisé.

Bakary SOGODOGO

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