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Gouvernance : L’unité nationale n’est pas une illusion au Mali
Publié le samedi 4 mai 2013  |  Le Reporter


© Autre presse par DR
Pierre Lellouche (UMP), président du groupe Sahel à l`Assemblée nationale


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En France, le Parlement a voté, le 22 avril 2013, la prolongation de l’intervention française au Mali. Une prolongation décidée à l’issue d’un débat franc et fructueux qui a consolidé l’unité de la classe politique française autour de François Hollande sur cette décision. Toutefois, nous ne pensons pas que toutes les réserves du député UMP de Paris et président du groupe Sahel à l’Assemblée nationale française, Pierre Lellouche, soit fondées. Celle relative à l’unité nationale par exemple. Du Mandé à nos jours, c’est une valeur fondamentale de la société qui a toujours mis le pays à l’abri du chaos ethnique.

Intervenant sur RFI suite au vote de la prolongation de l’intervention française au Mali, le 22 avril 2013, le député Pierre Lellouche (élu UMP de Paris et président du groupe Sahel à l’Assemblée nationale française) a procédé à un certain diagnostic de la situation nationale du Mali. Ainsi par rapport à la fameuse question «Touareg», il pense que la question n’a pas encore trouvé de solution parce que l’unité nationale au Mali a montré ses limites. À l’entendre, l’unité nationale aurait toujours été une illusion au Mali. Nous pensons qu’il s’est trop aventuré sur un terrain qui ne lui est pas forcément familier. En effet, l’unité nationale est chère aux Maliens, du nord au sud, qui ont vite compris la nécessité d’une cohabitation. Le Mali est l’un des pays les plus riches en termes de diversité ethnique. Et pourtant, les conflits ethniques sont rares dans ce pays où les grands empires et des initiatives socioculturelles et politiques ont favorisé le brassage ethnique. Sans compter que des valeurs comme le Sinankuya (cousinage à plaisanterie). «Tous les Maliens sont d’une même mère et d’un même père» (traduction littérale), croient foncièrement les sages du Mali. Du Mandé à nos jours, l’unité est une valeur chère qui a toujours mis le pays à l’abri du chaos ethnique. La persistance de la question «Touareg» est plutôt liée au repli sur soi d’un groupuscule, donc au refus de s’intégrer d’un groupe qui a d’autres intérêts à défendre que l’aspiration réelle des Touaregs maliens. La véritable revendication identitaire s’est limitée à la révolte de Kel Adgah (1963-1964). Les autres rebellions sont beaucoup plus des revendications d’ordre socioéconomique (1990) avant que cela ne devienne du pire banditisme avec la revendication d’un no man’s land afin de se livrer à toute sorte de trafics (armes, drogues, cigarettes, humains…). Par exemple, ceux qui ont déclenché les rebellions de 2006 et de 2012 sont majoritairement des mercenaires désœuvrés ou des trafiquants aux abois. Les lobbies qui parrainent aujourd’hui des «Touaregs» seraient surpris si on organisait aujourd’hui un référendum dans l’illusoire Azawad. Les dirigeants du MNLA le savent puisqu’ils sont régulièrement mis en minorité dans les rencontres avec les notabilités.
La crainte du retour à la case-départ est justifiée
Il ne suffit pas d’obliger quelques femmes et enfants à marcher avec une banderole pour prouver qu’on représente une aspiration légitime, pour remettre en question le choix de la majorité d’unir leur destin. La question Corse remet-elle en cause l’unité nationale en France ? La question Basque remet-elle en cause l’unité nationale en Espagne ? Pourquoi alors cette fausse question «Touareg» la remettrait-elle en question au Mali ? Mais pour le reste, la sortie de Pierre Lellouche est pertinente et doit donner de la matière à réfléchir à ceux qui sont opposés à la tenue des élections à l’échéance prévue. Ainsi pour l’élu UMP de Paris, le capitaine Sanogo reste toujours le maître absolu à Bamako. Même dans l’ombre, son influence est telle que les autorités de la transition sont contraintes de l’amadouer afin de pouvoir s’atteler à leur mission. Sinon comment comprendre qu’il ait été officiellement investi à la tête du Comité de réforme militaire par le président Dioncounda Traoré, le 13 février dernier ? Le président de la République par intérim a bon assuré que cette nomination n’a rien de politique, personne n’est dupe. On sait que le jeune capitaine n’a ni l’expertise et ni la carrure de la mission qui lui est ainsi assignée ! Peu importe, l’essentiel est qu’il laisse la transition aller à son terme ! Si la France décidait aujourd’hui de se retirer aujourd’hui définitivement du Mali, «A qui allons-nous rendre les clés ? s’est-il interrogé l’Honorable Lellouche. Une question pertinente qui soulève «la première et principale difficulté» à éviter tout retour à la case-départ : l’extrême faiblesse de l’Etat malien !
À cela s’ajoute l’extrême faiblesse et surtout l’irresponsabilité chronique de la classe politique malienne, incapable de toute remise en question pour assumer ses erreurs. «Nous voterons évidemment la prolongation du mandat militaire mais nous ne voyons pas la sortie diplomatique ni politique», avait déploré Pierre Lellouche, principal orateur de l’UMP dans le débat qui a précédé la prolongation de l’intervention militaire française au Mali. Pour le député de Paris, «si l’opération militaire est un succès, la partie politique et diplomatique est extraordinairement faible… La partie la plus difficile commence. Je doute que des élections puissent avoir lieu avant le mois de juillet. Si elles n’ont pas lieu, on est reparti pour six mois au minimum et je ne vois pas beaucoup de candidats pour nous aider. Le retrait anticipé des forces décidé par François Hollande pour des raisons de politique intérieure va rapidement devenir problématique. La complexité de la situation rend les conditions de départ très difficiles», avait rappelé le président du «Groupe Sahel» à l’Assemblée nationale française. Et sur ce point, force est de reconnaître la pertinence de l’analyse. Et comme le disait dans un précédent débat l’ancien ministre français de la Défense, Hervé Morin (UDI), «le succès militaire n’est pas le succès de l’opération tant il reste beaucoup à faire reconstruire l’Etat malien». Un chantier sur lequel il sera difficile de progresser si la transition politique devait jouer aux prolongations.
Moussa BOLLY

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