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Bamako Hebdo N° 385 du

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Corruption rampante dans le milieu universitaire : Le racket, le lot quotidien des étudiants maliens
Publié le samedi 4 mai 2013  |  Bamako Hebdo


© Autre presse par DR
Université de Bamako ( Mali )


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Il y a deux ans, l’ancienne ministre de l’enseignement supérieur Mme Ginette Bellegarde avait entrepris une nouvelle reforme de l’université malienne. Cette reforme avait suscité à l’époque beaucoup d’espoir chez les étudiants ordinaires, mais hélas, ils ont été vite déçus. Ces étudiants qui ne demandent qu’à étudier ont appris à leurs dépens que notre chère ministre avait une autre définition du mot « reforme ». Pour cette dernière, reforme voulait dire, changer toutes les facultés en universités, changer leurs noms, punir toutes les facultés qui n’avaient pas bouclé leur année à cause des nombreuses grèves des professeurs en les obligeant à faire une année blanche.

Autre temps, autres pratiques. Le gouvernement qui est venu après Bellegarde a conféré la plupart des pouvoirs de la fameuse AEEM au CNOU (Centre National des Œuvres Universitaires). Cette pratique avait pour but d’affaiblir cette « milice » qui est à la base de tous les maux de l’éducation malienne. La plupart des étudiants ont accueilli la nouvelle avec joie, beaucoup ont dit Dieu merci…mais l’AEEM comme toujours renait de ses cendres. On se souvient de la période où les étudiants se rendaient aux guichets pour prendre leur bourse universitaire, les membres de l’AEEM, en complicité avec les économes des différentes facultés rackettaient à longueur de journée tous ceux qui venaient prendre leur argent.


Quand les bourses ont été bancarisées, l’AEEM a perdu son gagne pain, mais elle se faisait encore des sous au moment de la récupération des cartes bancaires, cette fois-ci en complicité avec certains agents de Ecobank.


Jusque là, le gouvernement du Mali n’a jamais pris de mesure efficace pour mettre hors d’état de nuire ces étudiants hors la loi réunis au sein de l’AEEM et qui n’hésitent pas à châtier quiconque se met en travers de leur chemin. En leurs temps, Hamadoun Traoré et ses acolytes qui formaient le dangereux FBI ont semé la terreur partout où ils sont passés. Leur dernière victime a parlé, dénoncé à la radio, dans les journaux les tortures qu’il a subies de la part du FBI pour que la justice réagisse enfin. Hamadoun a été arrêté mais l’AEEM continue toujours ses pratiques mafieuses. Lors de notre enquête, nous sommes passés sur la colline du savoir où sont distribuées les nouvelles cartes avec puce de Ecobank, les listes sont dressées depuis la veille. Mais cette liste ne passe que quand celles dressées par les membres de l’AEEM qui sont de mèche avec les agents de Ecobank, passent. Ces dernières listes contiennent les noms des étudiants dont la plupart sont des filles qui payent 1OOO ou 2OOO FCFA.


Tout le monde voit ce qui se passe mais personne n’ose protester au risque de se faire tabasser et chasser du rang. Un étudiant en maitrise en anglais nous a confié faire des va et vient depuis trois pour avoir sa carte, mais à chaque fois il fait la queue jusqu’à la descente alors qu’il vient depuis six heures du matin. Combien d’étudiants lambda sont dans la même situation que ce dernier ?


Les étudiants de la FSJP ont fait des jours sans pouvoir s’inscrire parce que, d’après les membres de l’AEEM et les économes, il n’y avait plus de quittance. Un étudiant, apparemment très informé nous a assuré que les quittances sont en abondance dans les bureaux de la faculté mais que c’était une politique de l’AEEM et des économes pour que le délai de la fin des inscriptions arrive sans que beaucoup ne soient inscrits. L’inscription étant annuelle et obligatoire, ces étudiants devraient payer entre 15 000 et 35 000 FCFA pour ne pas voir leur année universitaire annulée. Ces exemples nous montrent à quel point ces étudiants businessmen et ces administrateurs peu scrupuleux sont déterminés à vivre sur le dos des autres. Tous ces gains faciles expliquent aisément le nombre d’années que les membres de l’AEEM font dans leurs facultés respectives sans jamais être expulsés.


Fait plus étonnant, ils ne pensent jamais décrocher leur diplôme et aller sur le marché de l’emploi. Ils gagnent suffisamment sur les bancs pour vouloir abandonner « ce métier » si rentable.


Le cas d’Hamadoun illustre bien ce cas de figure, il était le coordinateur de l’AEEM mais en même temps fonctionnaire. La corruption a atteint son paroxysme au Mali.


Ces étudiants sont les futurs dirigeants de ce pays, alors comment des hommes qui sont corrompus depuis les bancs de l’école peuvent-ils être des dirigeants honnêtes ? Depuis le coup d’Etat et la crise au nord du pays, les Maliens ne veulent plus que le changement, ils veulent que leur pays soit celui dont ils rêvent tous. Mais n’oublions pas que le développement d’un pays passe incontestablement par l’éducation de ses fils qui sont son avenir.


Par Aissata Fodé Samaké

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