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Presse communautaire au Mali : SOS pour le journal Kibaru qui vient de fêter ses 46 ans
Publié le samedi 17 mars 2018  |  Aujourd`hui
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Créé le 10 mars 1972, Kibaru (Information en français), le journal en Bamanankan, a eu 46 ans le samedi 10 mars 2018. Et cet anniversaire du pionnier en Afrique des journaux en langues nationales n’est pas passé inaperçu. En effet, il a été fêté par l’Agence malienne de presse et de publicité (Amap), éditrice de Kibaru. Ce jour mémorable a été mis à profit par le directeur général de l’Amap, Abdoulaye Traoré et celui de Kibaru, Amadou Diallo, pour présenter Kibaru à la presse et recevoir leurs idées et orientations en vue de la relance du journal. Cette conférence d’échanges a été suivie d’un méchoui au siège de Kibaru.





La conférence de presse a été une occasion d’échanges autour du journal en langue nationale Bamanankan Kibaru, un journal qui, selon le directeur général de l’Amap, a connu ses moments de gloire dans les années 70. L’échange, selon lui, avait pour but de recevoir des hommes de média afin qu’ils nous donnent des idées, des orientations pour la relance de Kibaru.

Présentant le journal, Abdoulaye Traoré a rappelé que Kibaru a été lancé le 10 mars 1972 avec le numéro 0. Le lectorat de Kibaru est constitué essentiellement de gens venant des campagnes (ruraux) avec des abonnements venant des centres urbains. “Au départ, le journal Kibaru s’intéressait à tout ce qui contribuait à l’amélioration des conditions de vie et de travail des communautés rurales. Il s’agit de la vulgarisation agro-pastorale, la santé humaine et animale, le droit et le devoir du citoyen, l’éducation, l’environnement, le développement communautaire. Contrairement aux journaux classiques qui se contentent de véhiculer les informations en direction de ses lecteurs, Kibaru a su favoriser un échange fécond avec ses lecteurs en leur réservant deux pages. A chaque parution, Kibaru réservait deux pages de courrier des lecteurs. Le journal avait deux catégories de rédacteurs comprenant les rédacteurs et les lecteurs du journal. Ce qui faisait sa particularité dans la presse malienne”, a dit Abdoulaye Traoré qui a regretté le fait que la plupart des journaux maliens n’ont pas de courriers des lecteurs.

Kibaru, pionnier de la presse communautaire en langues nationales

Le directeur général de l’Amap a indiqué que le succès engrangé par Kibaru a amené l’Amap à créer deux autres journaux communautaires, à savoir Kabaaru (en Peulh) créé en 1983 et Xibaare (en Soninké) créé en 1989. “Au plan africain, Kibaru a connu un grand succès retentissant. Ce qui lui a valu d’être choisi par l’Unesco comme le centre de formation des cadres de la presse rurale des pays africains. C’est à Kibaru que ces cadres africains étaient formés. La fête annuelle de Kibaru organisée à Bamako était très appréciée. Ce qui veut dire que l’Unesco a beaucoup appuyé le journal Kibaru qui a été désigné pour abriter le siège de l’Association des réalisateurs des journaux ruraux africains. Après Kibaru, beaucoup d’autres pays africains se sont lancés dans la production de journaux ruraux en langues nationales”, a-t-il rappelé.

Après le beau temps, la décadence

Après ses moments de gloire, Kibaru a connu des moments de difficultés. Et le directeur général de l’Amap de reconnaître que 46 ans après son lancement, le dynamisme qui caractérisait Kibaru n’est plus qu’un vieux souvenir.

“La presse communautaire était très dynamique au Mali dans les années 70. Mais aujourd’hui, il faut le reconnaître qu’elle a beaucoup reculé, dû au cadre politique et institutionnel intervenu au Mali et aux plans d’ajustement structurel imposés au Mali par les organisations internationales. Les impacts de ces ajustements ont beaucoup pesé sur Kibaru. Les principaux bailleurs qui nous finançaient, notamment l’Unesco, ont arrêté leur financement. L’Unesco finançait les activités de Kibaru en termes de formation, de matériels (véhicules), d’équipements. A travers l’Unesco, Kibaru avait beaucoup de véhicules qui sillonnaient les campagnes. Quand le gouvernement est entré en phase d’ajustement structurel, le financement qu’il apportait à Kibaru a pratiquement cessé. Ce qui a fait que Kibaru a connu des difficultés. Le journal vivait sur ses revenus. Ce qui était très difficile. Les partenaires institutionnels de Kibaru ont été obligés de rompre leur contrat de prestation avec le journal. Et cela à cause des mesures d’assainissement des finances publiques édictées par les Partenaires techniques et financiers, notamment le Fonds monétaire international (Fmi)”, a regretté le directeur général de l’Amap.

Le journal Kibaru se débat dans d’énormes difficultés. Et si les autorités ne réagissent pas à temps en aidant les responsables de l’Amap à le relancer, il risque de mettre les clés sous le paillasson. Ce qui est sûr, à travers la conférence d’échange, les directeurs de l’Amap et de Kibaru ont lancé un SOS pour sauver le Kibaru de la noyade dans les flots de difficultés. Il a aussi invité le promoteur du Site Kibaru à clarifier les choses avec l’Amap, sinon il répondra devant la justice car l’Amap est le seul détenteur du titre Kibaru.

Amadou Diallo (directeur de la presse communautaire) : ” Kibaru, un journal qui a largement contribué à éclairer la lanterne des paysans maliens “

Nommé récemment directeur de la Presse Communautaire, Amadou Diallo a expliqué le contexte de création du journal Kibaru qui, à ses dires, est une histoire qui remonte jusqu’aux années d’indépendance des pays africains. “En redynamisant Kibaru, nous voulons toujours apporter notre contribution dans le changement de comportement de la population pour aller vers un comportement de production et dans la lutte contre la dégradation de l’environnement comme celui du sauvetage du fleuve Niger”, a-t-il expliqué.

Des confrères ont eu à faire des propositions de relance du journal comme le changement du contenu du journal, la prise en compte des avis et des préoccupations des lecteurs, le changement de périodicité, etc. Un méchoui partagé avec les travailleurs de l’Amap a mis fin à la conférence. Vivement la relance du journal Kibaru qui reste un patrimoine à sauvegarder à tout prix.

Siaka DOUMBIA
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