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État d’urgence au Mali : Le désespoir des musiciens
Publié le jeudi 16 mai 2013  |  Depechesdumali.com


© Autre presse par DR
Kèlètigui Diabaté, maître du balafon et célèbre musicien du Mali


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La musique est l’un des métiers qui ont le plus souffert de la crise sociopolitique que connaît le Mali. Interdits de produire des spectacles en raison d’un état d’urgence qui n’en finit pas, certains artistes se sont reconvertis dans de petites activités génératrices de revenus.

La musique est l’un des métiers qui ont le plus souffert de la crise sociopolitique que connaît le Mali. Interdits de produire des spectacles en raison d’un état d’urgence qui n’en finit pas, certains artistes se sont reconvertis dans de petites activités génératrices de revenus.

La « galère » est palpable chez les artistes maliens. Cette situation remonte au coup d’État du 22 mars 2013 qui a nettement stoppé les manifestations d’envergure pendant la période de précampagne. Ainsi, le pays a plongé dans une forme de deuil national exacerbée par le décret présidentiel qui a placé le pays en état d’urgence. Les manifestations culturelles agrémentées des you you des griots n’ont désormais plus droit de cité.

Cette situation a mis à genoux l’économie de certains centres, culturels du pays. N’arrivant pas à générer de ressources, et donc à faire face aux charges du personnel, certains ont tout simplement fermé boutique en espérant des lendemains meilleurs. Le palais de la culture Amadou-Hampâté-Bâ, le plus grand espace culturel du pays, a perdu des centaines de millions en un an, faute de recettes. « C’est dû à la situation du pays. État d’urgence oblige ! » explique le directeur du palais.

Le désarroi est général

Loin de se plaindre, les artistes maliens ne se voilent pourtant pas la face. L’état d’urgence est vraiment intenable pour eux. Ils sont nombreux à ne pas être inspirés par le contexte, même si produire des chants allant dans le sens du renforcement de la paix serait une bonne chose. Mais cela ne peut pas les nourrir. « Vraiment il faut que les choses reviennent à la normale. On ne sait plus quoi faire. Nos fans, amis et parents sont fatigués de nous épauler », explique Sata Kouyaté, chanteuse du Wassoulou.

En effet, de nombreux artistes maliens vivent grâce aux spectacles qu’ils donnent en ville pour les mariages et autres cérémonies. Saramba Kouyaté est très connue au Mali et dans le monde, elle est griotte et organise de nombreuses manifestations où elle gagne des millions. Avant l’état d’urgence, elle se produisait dans les maquis, bars et espaces culturels du pays. Depuis, cette source s’est arrêtée net. « Aujourd’hui, nous les artistes, nous n’avons plus d’argent. Nous ne recevons même plus nos droits. On nous parle d’état d’urgence mais les autorités auraient dû penser à nous pour que nous puissions joindre les deux bouts. Et pourtant, malgré l’état d’urgence, ici à Bamako nous voyons beaucoup de gens qui se rassemblent et ne sont pas inquiétés par des représailles », explique-t-elle.

Le musicien touareg Ahmed Ag Kaedi du groupe Amanar a vu sa ville, Kidal, aux mains des islamistes qui interdisaient la musique. Il s’était réfugié au Niger durant l’occupation. Il se trouve actuellement à Bamako. Aujourd’hui, avec l’état d’urgence, Ahmed a du mal à s’en sortir : « Je gagnais beaucoup d’argent avant l’état d’urgence. J’envoyais de l’argent à ma famille mais actuellement, je n’arrive plus à payer mes factures. À un moment donné, j’ai dû demander de l’aide à un ami qui vit aux USA pour qu’il me dépanne », s’indigne-t-il.

D’autres artistes tels les humoristes paient aussi le prix de l’état d’urgence. Certains d’entre eux sont même injoignables au téléphone. Nous avons pu approcher l’humoriste Djely Moussa Kouyaté alias ATT Junior : « L’état d’urgence ne me touche pas particulièrement puisque j’arrive à voyager et à joindre les deux bouts. Mais mes frères qui sont ici n’animent plus de spectacles et tout le monde se plaint. Les artistes d’aujourd’hui vivent vraiment mal », explique-t-il.

Les artistes entendent aussi jouer leur rôle, surtout pour sensibiliser les électeurs à l’importance d’un taux de participation élevé aux élections et à un scrutin apaisé. Mais la reprise des activités festives ne sera effective qu’à la fin de l’état d’urgence prévue pour le 6 juin 2013. Or, à ce jour, la date fixée pour l’élection présidentielle, c’est-à-dire le 7 juillet prochain, risque d’être reportée en raison de l’impréparation du contexte. C’est dire que les artistes devront encore prendre leur mal en patience…

Par David Dembélé

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