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Rétrospection : Pollution
Publié le jeudi 16 mai 2013  |  Le Prétoire


© aBamako.com par as
Protestation des populations contre les ordures sur la route de Same
20 aout 2012. Bamako. Route de Same Les populations protestent contre les dépots d`ordure qui degagent surtout pendant la saison des pluies des odeurs nauséabondes et qui genent la circulation.


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Il y a deux semaines, la section du parti de Housséni Amion Guindo, député élu à Sikasso et candidat à la prochaine présidentielle, décidait de s’attaquer à la montagne d’ordures sans doute la plus haute de la capitale, en commune IV près du cimetière de Lafiabougou.

OrduresCette formation politique entend faire ce que la mairie du district de Bamako, dont relève la gestion de ce dépôt transitoire d’ordures, n’a jamais réussi à faire. Pour ce faire, le parti a loué plusieurs camions bennes avec, sur les flancs et les capots, des autocollants à l’effigie du parti.

C’est-à-dire le sigle, Codem, et le symbole, la quenouille. Ce mercredi 1er mai donc, un taximan passait dans le coin avec à bord de son taxi un client. Le premier, en voyant tout le ramdam, s’exclame : tiens, la mairie de la commune IV et son parti Yèlèma s’activent encore pour la salubrité du quartier. Son client, qui avait lu les autocollants, lui répond que ce n’est pas la mairie mais plutôt le parti Convergence pour le développement du Mali qui est en train de mener ces activités. Le taximan de rétorquer : «si tous les maires de la capitale étaient comme Moussa Mara, le président du parti Yèlèma, Bamako serait une vitrine de la sous-région. C’est le seul maire vraiment travailleur. Il faut voir la commune III dont je suis originaire, la mairie ne fait rien, tous les quartiers sont sales et délabrés, les routes sont en mauvais état, le maire ne paye même pas ce qu’il doit au point que l’EDM coupe souvent le courant à la mairie et dans les centres secondaires d’état-civil». Le client lui répond que pour une fois, ce n’est pas la mairie de la commune IV qui est en train de faire ce boulot d’assainissement mais plutôt le parti de Housséni Amion Guindo. Le taximan s’entête : «Moussa Mara est le seul véritable travailleur de ce pays, et s’il se présente à la présidentielle, moi je vais voter pour lui et, c’est sûr, j’aurai un meilleur travail que celui de chauffeur de taxi»
Cet échange est loin d’être banal. D’abord, il révèle la popularité dont jouit le président du parti Yèlèma, Moussa Mara, en dehors même de son fief, la commune IV. Ensuite, bien que le taximan soit quelque peu instruit, il est titulaire du baccalauréat malien, il en vient à confondre le parti Yèlèma, la mairie de la commune IV et le maire de cette collectivité. Enfin, il ne connait que ce dernier, au point de ne pas reconnaitre les autocollants, pourtant très visibles, d’un autre parti autre que Yèlèma.
Combien sont-ils dans son cas ? Beaucoup, très certainement. Pourtant, depuis ce 1er mai, le parti Codem s’active à lutter contre cette montagne d’ordures qui cause beaucoup de désagréments aux habitants du quartier et même à leurs voisins immédiats. Dans cette action salutaire et hygiénique, certains voient un calcul politicien, les échéances électorales étant proches. Les initiateurs, les membres de la section IV de la Codem, s’en défendent : c’est une action qui est inscrite depuis longtemps dans leur programme d’activités, sa réalisation en cette période préélectorale n’est que pure coïncidence. Toujours est-il que calcul politicien ou pas, l’hygiène et l’assainissement sont une nécessité absolue dans une ville de plus en plus polluée.
Visant le même objectif, l’actuel maire de la commune IV, Moussa Mara, également candidat à la présidentielle de juillet prochain, a monté un «Projet ACI 2000» dont le principal objectif est de transformer ce quartier en «espace convivial et de solidarité». Un projet dont le financement prévu est de près de deux milliards de Fcfa. Pour boucler le financement de ce projet, la mairie de la commune IV, qui ne dispose pas des fonds nécessaires, compte sur la bonne volonté des résidents et propriétaires, des grandes entreprises et usagers de la zone et des autres quartiers de la commune.
Il faut dire que le quartier Hamdallaye ACI 2000, conçu pour être la vitrine de la capitale, regroupant les principales administrations, banques, entreprises et résidences, n’a pas été une réussite urbanistique. Outre le fait que cette zone abrite des nids de délinquance et de dépravation avec les fameux «bars chinois», en réalité des maisons closes qui font le lit de la prostitution avec son corollaire de banditisme, l’ACI 2000 connait d’énormes problèmes de voirie. Ce qui fait que pendant l’hivernage, le quartier devient pratiquement impraticable à cause du manque de caniveaux pour l’évacuation des eaux de ruissellement. La conséquence, c’est la prolifération des moustiques donc du paludisme et autres désagréments.
Par ailleurs, ce quartier, censé être une zone urbaine par excellence, abrite le plus grand nombre de jardins potagers, des parcelles non construites étant utilisées à cet effet. A l’ACI, pas besoin d’aller au marché pour faire ses courses, sur place on peut se procurer tous les légumes dont on a besoin. Pourtant toutes ces parcelles ont des propriétaires. Ceux-ci, des cadres de l’Adema-Pasj, se sont procurés ces terrains au moment où le parti était au pouvoir et disposait de tous les pouvoirs. Une fois déchus et ne pouvant plus impunément puiser dans les caisses publiques, ils se sont trouvés dans l’incapacité de construire ne serait-ce que la moindre brique. D’où ces terrains à l’abandon qui servent de jardins potagers au mépris de la santé des habitants.
Le projet monté par le maire de la commune IV doit commencer par l’application d’un règlement bien connu de tous : retirer son titre foncier à tous ceux qui ne peuvent pas mettre en valeur leur parcelle souvent frauduleusement acquise. L’hygiène et l’assainissement passent par là.
Pour l’heure, seuls deux partis l’ont compris. Ils sont tous deux dirigés par des jeunes comparés aux crocodiles traditionnels du marigot politique malien. Tous deux, ils rêvent également de s’asseoir dans le fauteuil présidentiel. S’ils réussissaient, ils feraient sans doute de s’attaquer également à la pollution politique qui gangrène le pays.
Cheick Tandina

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