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La décapitation de la fille albinos à Fana prend une autre tournure « On ne parle plus de décapitation, mais plutôt de matraque sur la population »
Publié le mercredi 16 mai 2018  |  Le Pays
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Dans la nuit de samedi à dimanche aux environs de 3 h du matin, une mère a été privée par force de son enfant albinos âgée de 5 à 8 ans à Badialan à Fana. Cette affaire prend une tournure politique de telle sorte que plus personne ne parle de cette décapitation. À l’entente de cet acte abominable le dimanche matin, la population de Fana s’est vite regroupée. Elle a orienté sa rage vers les bars, les restaurants, la gendarmerie, etc. Les circulations étaient bloquées. Les boutiques et les magasins étaient fermés. Toute cette masse enragée ne demande que lumière soit faite sur la décapitation de cette jeune fille albinos arrachée entre les mains de sa mère pendant que celle-ci se reposait au vent frais la nuit dans la cour de sa maison.

PEM DODO
PEM DODO
Cette affaire aux dires de notre correspondant sur place est en train de prendre une tournure politique. Les 2000 hommes envoyés de Bamako en renfort pour asseoir une accalmie dans la ville de Fana sont devenus un véritable problème. Ils saccagent les alimentations pour prendre des boissons rafraichissantes, ils ont brisé des matériels de la radio Guégnéka où un fan du CDR de Ras Bath anime une émission citoyenne.

MC, puisque c’est de lui dont il s’agit, dit avoir prévenu les autorités depuis fort longtemps sur les risques d’aggravation de l’insécurité dans la ville. Cela, depuis le meurtre d’une mère et de sa fille le 9 avril dernier. Il a invité les autorités à prendre les mesures nécessaires pour la sécurisation de cette ville avant qu’un autre meurtre ne se produise et qui poussera la population à s’emparer des rues. Mais personne n’a voulu l’écouter.

Selon notre correspondant à Fana, les renforts ont reçu 200 000 FCFA comme frais de carburant, mais ils n’auraient pas reçu d’instruction leur demandant d’aller assurer la sécurité de la population. Déjà au crépuscule, nul ne peut sortir de chez soi sans s’exposer à des coups de fouet de ces sbires. « On ne parle plus de décapitation, mais plutôt de matraque sur la population », dit-il. Dans ce tohu-bohu, le président de la société civile de Fana, Lamine Dembélé, un militant ou faut-il dire un ex-militant du RPM, s’est fait bien tabassé par ces hommes en uniforme avant d’être envoyé au camp 1 de Bamako. C’est cet homme qui a pu faire voter pratiquement toute la ville de Béléko pour IBK lors des présidentielles de 2013. Mais dernièrement, l’atmosphère n’est plus tendre entre lui et le parti présidentiel.

Aux dires de notre correspondant, l’ordre est donné d’emprisonner MC, l’animateur de la radio Guégnéka et le président de la société civile. Si le premier a été arrêté, le second est encore dans la nature. Les sbires ont entre leurs mains toutes les possibilités. Ils ont la latitude de l’arrêter tout simplement ou encore de le tuer. Une fois qu’ils seront arrêtés, ils resteront incarcérés jusqu’à la fin des élections présidentielles après quoi ils seront remis en liberté provisoire, affirme-t-il.

Notons que même hier mardi, les villages aux alentours de Fana ont voulu effectuer des marches pacifiques qui ont été refusées. Les activités ont de la peine à décoller. Les écoles sont fermées. Où va le Mali ?

Fousseni TOGOLA
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