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Racine Thiam, 1er Vice-président du Cap à propos de la présidentielle : «L’essentiel n’est pas d’y participer, mais de participer pour gagner»
Publié le mercredi 29 mai 2013  |  Le Katois




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Le premier vice-président de la Convergence d’actions pour le peuple (Cap) et non moins président du Rassemblement pour les actions concrètes (Rac), Racine Thiam, passe en revue la situation politique au Mali. Il retrace le cheminement qui a conduit à la création du parti Cap ; jette un regard critique et objectif sur la classe politique maliennes et aborde, sans détours, la problématique de la présidentielle du 28 juillet prochain. Interview.

Le Katois : Pourquoi l’idée de créer un parti politique, notamment la Convergence d’actions pour le peuple ?
Racine Thiam : Je vous remercie pour l’occasion que vous m’offrez pour expliquer notre démarche. Ce n’est pas une démarche simple, c’est une démarche de responsabilité. Chacun d’entre nous mesure, aujourd’hui, l’étendue des problèmes qui se posent à notre pays et à notre peuple. Nous sommes partis, il y a quelques années, d’un constat simple, bien avant ce que d’aucuns appellent la catastrophe. Nous avions, à l’époque, tiré la sonnette d’alarme. Nous étions dans un Cercle de réflexion qui s’appelait «La Boussole». On réfléchissait aux grandes problématiques qui se posent à notre pays, en vue de trouver des pistes de solutions et de les traduire en projets concrets afin de les proposer à l’ensemble de la classe politique. Mais, on s’est très vite rendu compte que notre classe politique de l’époque était plus obnubilée par la conquête et l’exercice du «pouvoir pour le pouvoir» que par des solutions de développement. Cet état de fait nous a marqué et nous avons essayé de mobiliser les camarades jeunes à travers le Rassemblement pour les actions concrètes (Rac) dans lequel on a fait un certain nombre d’écrits, de prises de position et d’actions sur le terrain pour prouver que c’est possible, non seulement de changer le Mali, mais surtout de le développer. Etant un mouvement politique, nous avions à l’époque décidé de participer à l’élection présidentielle avortée de 2012 pour présenter nos idéaux. Cela pouvait se faire de deux manière : soit, on participait nous-mêmes ; soit, nous trouvions un candidat qui était à même de porter nos idéaux ainsi que nos projets afin de les amener à bon port.
Après ce qui est survenu le 22 mars 2012, beaucoup de jeunes se sont réveillés le lendemain en se posant cette question : qu’est-ce qui nous est arrivé ? Je pense que les gens se sont rendus à l’évidence que ce qui s’était passé dans ce pays, ne peut plus se reproduire et que chacun devait prendre ses responsabilités pour travailler afin que cela ne se reproduise plus.
Dans la continuité de notre action du Rac, nous avons pensé, avec d’autres associations, qu’il était temps de passer à une étape supérieure, de proposer une autre alternative au peuple malien, en termes de projets, de vision, de procédés et de stratégies. L’objectif est de leur faire comprendre que le développement est possible et il est à notre portée. Nous sommes venus à la conclusion de créer un parti politique avec des associations comme «Siguida Kanu» de Jean-Marie Idrissa Sangaré, qui a fortement œuvré à travers les Communes de Bamako dans des activités concrètes de terrain ; avec «Le Cadre», une association de cadres d’intellectuels maliens et certaines associations dont je tairais les noms, parce qu’elles continuent à œuvrer dans leur champ, mais les premiers responsables de ces associations ont décidé de nous rejoindre, à l’image de Louis Cheick Sissoko. Ce dernier a en effet démissionné de la présidence d’Open-Mali pour prendre la tête du Mouvement des jeunes du parti. Voilà pourquoi nous avons créé ce parti, la Convergence d’actions pour le peuple (Cap). C’est pour dire au peuple malien qu’il est possible de développer ce pays. Nous avons des ressources naturelles et humaines de qualité. Rien ne nous empêche, aujourd’hui, de travailler pour un Mali meilleur pour tous les fils du Mali. Cela passe forcément par le développement des capacités de production du pays. Cela passe non pas par la réduction qui pour nous est un leurre, mais par la création de la richesse qui permettra de résorber cette pauvreté. Notre objectif n’est pas seulement de lutter contre la pauvreté, mais de créer une classe moyenne au Mali, capable de booster et d’entraîner l’économie du Mali.

Quel regard portez-vous sur la classe politique malienne et quelle est votre vision au niveau de la Convergence d’actions pour le peuple ?
C’est un regard critique que nous portons sur la classe politique malienne. Critique dans le sens où nous ne disons pas que tous ce qui a été fait est mauvais. Nous sommes des responsables politiques et nous savons faire la part des choses. Beaucoup de choses ont été faites. Ces vingt dernières années, il y a eu du progrès. Du progrès pour le peuple malien et dans beaucoup de domaines. Il y a eu cependant de mauvaises choses qui ne sont pas allées dans le bon sens. C’est peut-être l’apprentissage de la démocratie qui explique cela. Nous ne sommes pas là pour jeter l’anathème sur qui que ce soit, mais faire un constat que beaucoup de choses n’ont pas aussi marché. Faire ce diagnostic là, nous permet de poser des jalons qui nous permettrons de ne plus répéter ces erreurs et d’aller de l’avant. Nous pensons que le moment est arrivé de commencer une reforme politique au Mali qui aboutira à une reforme de gouvernance, économique et qui nous permettra de dire qu’une étape est close ; mais une autre commence, avec de nouvelles personnalités et des nouvelles idées. Le monde a changé et ce qui était vrai en 1991, ne l’est pas forcément aujourd’hui. Quelqu’un qui a fait ses études en 1963-1964, n’appréhende pas le même monde qu’un jeune homme qui vient de terminer ses études en 2000-2001. Donc, le monde à changé et il est important, par cet exercice de la politique, que nous puissions amener énormément de jeunes et de cadres qui sont allés à d’autres écoles et qui ont vu d’autres choses et qui n’ont pas peur d’entreprendre. Qui n’ont peur de la nouveauté et du futur ; de les insérer dans la sphère politique et publique, afin de véritablement amorcer cette phase de relance de ce pays. Il faut que les uns et les autres comprennent que nous ne parlons pas de changement générationnel, mais plutôt d’un processus normal de renouvellement de la classe politique du pays. Cela passe forcément par des jeunes cadres qui ont fait de grandes études et qui ont fait leur preuve dans leurs domaines respectifs, afin qu’ils accèdent aux fonctions politiques et publiques dans ce pays, pour qu’ils prouvent de ce dont ils sont capables. Ceux qui étaient pendant ces vingt ans, ont montré ce qu’ils étaient capables de faire, mais également, ils ont montré leurs limites. Nous demandons véritablement que cette phase d’élection soit une bouffée d’oxygène pour la jeunesse de se prévaloir. Ceci étant, nous ne sommes non plus dans le jeunisme. Nous ne sommes pas en train de dire qu’il faut coûte-coûte un jeune à la tête de l’Etat. Ce n’est pas notre propos, mais en quantité et en qualité, si les jeunes s’investissent dans la sphère politique, cela ne peut être que bénéfique pour le Mali.

Vous conviendrez avec moi qu’une reforme de la classe politique s’impose au Mali ?
Elle s’impose tout naturellement ! Contrairement à beaucoup d’autres personnes, je ne jette pas l’anathème sur nos hommes politiques. Ils ont fait ce qu’ils ont pu et d’aucuns ont abusé de leur vie, tout simplement parce qu’il n’y avait pas de garde-fous nécessaires afin de les empêcher d’aller dans ces abus. Mais, dans un bilan, il y a du positif et du négatif. Il faut faire en sorte que le négatif ne prenne pas le dessus sur le positif. Le constat, c’est que le négatif a très souvent pris le dessus sur le positif et cela est regrettable. La leçon que nous devons retenir est qu’une page de notre histoire se referme et une nouvelle va commencer et elle doit forcément commencer avec de nouveaux hommes. Ceci étant, nous avons quand même besoin de l’expérience des anciens, parce que nous ne nous inscrivons pas dans la rupture en disant : ôtez-vous d’ici pour que nous nous y mettions. Ce n’est pas notre vision de la chose. Il est important que ce changement générationnel passe par une transition générationnelle. Cela ne peut pas aller tant que les jeunes ne prennent pas leurs responsabilités.

Le premier tour de l’élection présidentielle est prévu pour le 28 juillet prochain. Est-ce qu’au niveau de la Convergence d’actions pour le peuple, vous envisagez d’aller à la conquête de la Magistrature suprême ?
Je pense que l’essence d’un parti politique, c’est la conquête, la recherche et l’exercice du pouvoir. Cela peut se faire de plusieurs façons. La Cap étant un nouveau parti, un jeune parti, nous sommes en train de mettre en place les fondements du parti. Nous avons beaucoup de ressources, de cadres et de talents qui sont mis ensemble pour bâtir un projet nouveau pour le Mali. Ceci passe par une présence à l’élection présidentielle. Cela va se passer sous quelle forme ? Cette participation peut être directe. Le parti peut en décider et la réflexion est à ce niveau, c’est-à-dire, d’envoyer un membre du parti briguer la Magistrature suprême pour faire valoir nos idées et prouver aux Maliens qu’une autre politique est possible et que le développement est à notre portée. Le reste n’est qu’une question de vision, de méthodes, de stratégies et d’hommes. Mais, le parti peut aussi décider de participer à l’élection présidentielle avec un candidat qui n’est pas forcément issu de ses rangs. Nous ne plaçons pas le débat, contrairement à beaucoup de partis, sur l’orgueil et la volonté inébranlable d’un président de parti de se montrer ou d’être candidat. Non ! Le débat n’est pas là. Le débat, c’est le Mali et le Mali est ce qui demeure le plus important. Si nous trouvons une personnalité qui accepte et qui partage nos idées, qui s’engage à mettre en place nos idées et qui s’engage à travailler concrètement avec nous sur des projets pour le développement du Mali, nous allons engager des réflexions. Nous allons accompagner à la Cap, la meilleure personne capable de porter notre projet. Nous ne sommes pas des nombrilistes, les deux options sont sur la table. Mais, il est bon que les candidatures soient déclarées et qu’on sache que nous avons-nous aussi à la Cap des candidats qui sont capables de porter notre message. Qu’ils sont bien formés, aguerris et prêts. Maintenant, si nous avons la possibilité de faire une plate-forme autour d’un candidat mieux placé pour arriver à notre fin, nous n’hésiterons pas. Pour nous, l’essentiel n’est pas d’y participer, mais de participer pour gagner. Si quelqu’un d’autres peut faire émerger nos idées, nous ne sommes pas aussi fermés.
Réalisée par Mamadou DIALLO «Mass»

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