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L’Essor N° 17442 du 28/5/2013

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Justice transitionnelle : L’autre voie vers la réconciliation et la paix durable
Publié le vendredi 31 mai 2013  |  L’Essor




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Cette justice transitionnelle s’appuie sur des mécanismes divers et complémentaires, judiciaires et non judiciaires aptes à répondre à une demande de justice après des situations de conflits et de violations massives des droits de l’homme

Prévu pour les 17, 18 et 19 juin prochains, le colloque sur « la justice transitionnelle au Mali » se veut un espace à la fois scientifique et inclusif. De paix, notre pays en a vraiment besoin. Pour y arriver, il faut se parler … et même se pardonner. L’approche du dialogue pour remettre les Maliens ensemble est l’option choisie par les autorités de la transition. La communauté internationale partage cette approche. Mais dans la pratique, sur le terrain, le processus du dialogue est loin d’être une promenade de santé pour ceux qui en ont la lourde charge. Car les principales victimes qui ont subi les humiliations et les souffrances, réclament à cor et à cri une justice bien rendue avant toute forme de réconciliation.

Quel rôle peut jouer la justice transitionnelle dans la gestion de cette crise ? C’est justement à cette question que doit répondre le colloque sur la justice transitionnelle qui sera organisé par le ministère de la Justice à travers le Programme conjoint des Nations unies d’appui à la promotion des droits de l’homme (PDH).

Pour baliser le terrain, les organisateurs ont tenu une journée d’informations et d’échanges avec la Commission dialogue et réconciliation hier au Centre international de conférence de Bamako. La cérémonie d’ouverture à laquelle a assisté le président de la commission, Mohamed Salia Sokona, était présidée par le ministre de la Justice, Malick Coulibaly.

La justice transitionnelle est communément définie comme un ensemble de mesures qui tente de répondre à une demande de justice après des situations de conflits et de violations massives des droits de l’homme. Dans son intervention, le ministre de la Justice a expliqué que notre pays a été profondément marqué par des événements douloureux qui heurtent la conscience humaine. En effet, depuis janvier 2012, de nombreuses exactions et violations des droits de l’homme ont endeuillé notre nation, détruit les liens sociaux et le tissu économique. Ces actes criminels sans précédent dans l’histoire contemporaine du Mali ont contribué à affaiblir davantage les institutions et l’Etat, a-t-il constaté.

Pour Malick Coulibaly, l’avènement d’une politique de justice transitionnelle qui s’appuierait sur des mécanismes divers et complémentaires, judiciaires et non judiciaires, s’avère être la voie vers la réconciliation et la construction d’une paix durable.

Le ministre qui a exprimé sa reconnaissance au représentant résident du système des Nations Unies pour « son engagement et sa disponibilité constante en faveur de la justice, la promotion des droits de l’homme et du droit international humanitaire », a précisé que la Commission dialogue et réconciliation fait partie intégrante de ces mécanismes de la justice transitionnelle. « Pour accomplir à hauteur de souhait sa mission au service de tous les citoyens sans exclusive, elle est appelée à travailler en synergie avec les autres acteurs de la société y compris la justice institutionnelle dans le cadre d’un schéma bâti autour de relations fonctionnelles et de complémentarité », a indiqué le ministre de la Justice.

Malick Coulibaly est convaincu que « le nombre de violations graves des droits de l’homme est tellement élevé qu’un système judiciaire, même fonctionnant au mieux de ses capacités, ne saurait étancher la soif de justice ». Donc « la question de la justice transitionnelle dans laquelle le nouveau pacte social trouvera son fondement, se situe entre le besoin de justice et de réconciliation et le besoin de reconstruire le tissu social et la confiance sociale ».

Toutefois, l’expérience a montré que la justice transitionnelle n’est pas un concept qui peut être facilement transposable d’une situation à une autre. D’où l’impérieuse nécessité d’une compréhension des principes fondamentaux qui sous-tendent ce processus et d’un partage d’expériences avec d’autres pays qui l’ont expérimenté.

En somme, la rencontre à laquelle les commissaires de la CDR ont participé est un espace de consultations préliminaires visant à permettre l’appropriation des concepts de « justice transitionnelle » par les acteurs clés de la société malienne et susciter la réflexion sur la mise en place éventuelle de mécanismes et instruments de la justice transitionnelle.

La justice transitionnelle à laquelle nous aspirons, doit venir du peuple, a indiqué Malick Coulibaly. « Celle-ci doit se concevoir sur la base des piliers fondateurs de justice et de vérité, afin de rendre aux victimes des violations des droits de l’Homme, leur dignité, grâce à des mesures de justice et de réparation pour les torts qu’elles ont subis », a-t-il précisé.

Le représentant résident du système des Nations Unies, Aurélien A. Agbenonci, qui partage l’approche de la question du ministre Malick Coulibaly, a salué l’esprit d’anticipation qui a inspiré l’idée de mettre à contribution la justice transitionnelle. Il a aussi invité les populations à puiser dans les pratiques traditionnelles pour accompagner la justice.

A. M. CISSE

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