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Le Niger dans les affres de la "guerre" contre les "terroristes"
Publié le mardi 4 juin 2013  |  AFP




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NIAMEY - "Cette terreur que nous entendons ailleurs est donc arrivée chez nous!", soupire Moussa, chauffeur de taxi. Après des attentats suicide dans le nord du pays et une évasion meurtrière à la prison de Niamey, les Nigériens sont plongés dans les affres de la "guerre" contre les "terroristes".

Depuis ces événements, la paisible capitale baignée par le fleuve Niger est presque en état de siège. Le renforcement des mesures de sécurité est particulièrement criant autour des sites sensibles comme le palais présidentiel et l'aéroport.

Devant les ambassades, les barrages se sont aussi multipliés, tenus par des militaires et des gendarmes. "Ils sont particulièrement sur les nerfs, il vaut mieux obtempérer", explique à l'AFP Massaoudou Amadou, un riverain de l'ambassade des Etats-Unis.

Les attentats suicide du 23 mai dans le Nord, contre l'armée à Agadez et sur un site d'uranium du groupe nucléaire français Areva à Arlit, avaient fait monter la tension: une vingtaine de personnes avaient été tuées, essentiellement des militaires. Mais l'évasion survenue samedi à la prison de Niamey a exaspéré les craintes. Selon le gouvernement, une vingtaine de
détenus se sont évadés, dont plusieurs "terroristes".

"Nous avons très peur, nous ne dormons plus la nuit depuis quelques jours", confie Amina sur le pas de sa porte, entourée de ses deux enfants. Cette mère de famille vit à proximité de la prison, aux abords de laquelle les forces de l'ordre ont nettement musclé leur présence.

Par peur d'attentats, le ministère de l'Intérieur a annulé "Baby fiesta", une fête pour enfants qui devait marquer le week-end dernier la fin de l'année scolaire. Des matches de football ont aussi été annulés.

A un arrêt de bus, Fati Soumana, une lycéenne, se résout à cette nouvelle vie et à ses contraintes: "nous devons tous collaborer pour combattre le terrorisme. Je veux bien perdre une partie de ma liberté pour que ma sécurité soit assurée".

Pour Idi Hassane, enseignant à l'université de Niamey, "plus que la nourriture et l'eau, la question de la sécurité devient prioritaire au Niger", pays sahélien qui est l'un des plus pauvres du monde, frappé par des crises alimentaires chroniques.

entre "vigilance" et "psychose"

Confrontées depuis plusieurs années aux menées jihadistes, notamment les rapts d'Occidentaux, les autorités nigériennes appellent plus que jamais la population à ouvrir l'oeil.

"Il faut une union sacrée contre le terrorisme, nous demandons à la population d'être vigilante à tout instant", a lancé le maire de la capitale, Oumarou Dogari, sur la télévision publique. "Nos habitudes vont changer", a-t-il averti à propos des contrôles imposés par les services de sécurité.

Le président de l'Assemblée nationale, Hama Amadou, s'est montré plus martial. Pour lui, les attentats perpétrés dans le Nord sont une "déclaration de guerre" contre le Niger. "Il ne s'agit pas pour autant de créer dans notre pays une atmosphère de psychose sécuritaire, mais il s'agit d'organiser un climat d'insécurité réelle pour l'ennemi et ses complices", a-t-il avancé.

Les deux attaques suicide, les premières de l'histoire nigérienne, ont été revendiquées par des groupes islamistes armés. Le jihadiste algérien Mokhtar Belmokhtar a menacé de frapper de nouveau le Niger et les autres pays engagés militairement au Mali, où une intervention franco-africaine a permis depuis janvier de reprendre le Nord aux islamistes liés à Al-Qaïda qui contrôlaient la zone depuis 2012.

Cependant, certains au Niger ne cachent pas leur inquiétude quant aux dérives qui pourraient être commises au nom de la lutte contre les "terroristes". Dimanche, un lycéen a été tué par les forces de sécurité, qui ont tiré sur son véhicule après avoir jugé ses déplacements suspects.

"Il ne faut pas que l'on verse dans la délation et la paranoïa", prévient Ali Hassane, fonctionnaire à la retraite. "Tous ces appels à dénoncer des suspects vont davantage exacerber la panique au sein des populations", s'alarme le sociologue Sani Janjouna.

Vigile à Agadez, la grande ville du Nord désertique, Ahmed Moussa met en garde: "des dénonciations fantaisistes peuvent un jour déboucher sur des tensions entre des communautés, notamment contre les Touareg et les Arabes", comme cela se voit au Mali, où ces deux communautés sont parfois stigmatisées du fait que nombre de jihadistes en sont issus. "Il faut faire très attention".
bh-tmo/de

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